En 2020, le monde a été bouleversé par l’arrivée du Covid-19. La pandémie a eu de lourdes conséquences, notamment sur l’enseignement supérieur et les étudiants, qu’ils soient à l’université ou en hautes écoles. Nombreux sont les étudiants à avoir dû suivre des cours à distance lors des confinements. Outre les cours magistraux, la pandémie a également eu des conséquences sur les travaux pratiques et la réalisation de stages.
Si certains cursus se sont organisés pour permettre la réalisation de stage en télétravail, ou selon une autre méthodologie, cela n’a pas été le cas pour tous. C’est par exemple le cas pour les futurs enseignants, ou encore pour les puériculteurs. C’est aussi le cas dans d’autres formations, comme les cycles de coiffure, où aucun stage n’a pu être réalisé.
Si une série de modalités de souplesse ont été mises en place à l’époque pour tenter de trouver des solutions pour les professions réglementées, plusieurs étudiants en fin de cursus se sont retrouvés dans l’impossibilité de réaliser le stage pratique prévu dans leur programme d’études.
Or, selon les statistiques, près d’un stage sur trois aboutit à une proposition de travail. Cela joue un rôle formateur pour les étudiants, un tremplin pour leur vie future, afin de les aider à trouver un travail une fois leurs études terminées.
Malheureusement, aujourd’hui, certains de ces étudiants rencontrent des difficultés pour trouver un emploi à cause de ce manque d’expérience pratique, occasionné par les confinements et les fermetures de divers secteurs.
D’où ces questions à la Ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Glatigny :
- Avez-vous pu évaluer l’impact de l’absence de réalisation de stages pour les étudiants et des mesures prises ces deux dernières années pour tenter de réduire au maximum les difficultés rencontrées en la matière ?
- Avez-vous pris des mesures particulières, notamment via les établissements d’enseignement supérieur, afin de soutenir les jeunes diplômés concernés et favoriser leur insertion sur le marché du travail ?
- Des contacts ont-ils été pris avec le milieu professionnel ou avec vos collègues en charge de l’emploi pour discuter du sujet ?
Réponse de la Ministre :
“Je tiens à rassurer les étudiants qui craignent d’être stigmatisés en tant que diplômés durant la crise sanitaire. Les derniers chiffres dont je dispose sont assez encourageants.
Selon les données de Statbel, le chômage des jeunes diminue depuis le quatrième trimestre de l’année 2021 et leur taux d’emploi augmente depuis le premier tri-mestre de la même année. En outre, au cours du premier trimestre de 2022, le FOREM et Actiris ont souligné que les jeunes trouvent plus facilement un emploi que par le passé et que ces emplois correspondent davantage à leurs aspirations. Il semble clair que les jeunes diplômés de l’enseignement supérieur sont plébiscités par les recruteurs confrontés à ce qu’on appelle communément la pénurie des talents dans la période de reprise économique que nous connaissons depuis le dé-but de l’année 2022.
Je vous invite à consulter l’article publié le 16février2022 par la RTBF et intitulé «Marché de l’emploi: pas de dévalorisation des étudiants diplômés durant le con-finement». Il souligne la position avantageuse des diplômés de l’enseignement supérieur sur le marché du travail à l’issue de la crise sanitaire. Il relate notamment le témoignage d’étudiants qui ont réussi leur intégration sur le marché du travail malgré leur crainte initiale d’être stigmatisés.
L’enquête «Diplômé.es 2021»de l’Université catholique de Louvain (UCLouvain) va dans le même sens. Elle indique que 71%des jeunes diplômés de l’UCLouvain sont rémunérés trois mois après l’obtention de leur diplôme et que 91%d’entre eux sont satisfaits de leur situation professionnelle. Ces chiffres positifs dépassent à la fois ceux de 2018 et de 2020, tendant à confirmer que l’insertion professionnelle de la promotion 2021 s’est améliorée par rapport à la situation précédant la pandémie. Ainsi, la forte reprise de la croissance économique initiée au second semestre de l’année2021 a induit une vague de recrutements sans précédent, qui a permis une augmentation très significative des offres d’emploi pour les jeunes qualifiés.
Cette dynamique positive met en lumière la qualité de l’enseignement supérieur donné en Fédération Wallonie-Bruxelles et le travail et les investissements importants réalisés par l’ensemble des acteurs de l’enseignement supérieur pendant la crise sanitaire.
Le diplôme d’enseignement supérieur demeure un bon bouclier contre le chômage, comme en témoigne le taux de chômage des personnes disposant d’un niveau d’instruction élevé qui s’établit à 3,6%contre 6,3%pour l’ensemble de la population entre 17 et 64 ans, selon l’enquête de Statbel sur les forces de travail du 31 mars 2022.
Cette dynamique est également à mettre au crédit de notre plaidoyer au cœur de la crise sanitaire pour la poursuite de l’enseignement et pour des évaluations en présentiel, mais aussi dans des actions qui ont soutenu les établissements. Rappelons que nous avons alloué 17millions d’euros en 2021 afin de développer les aides à la réussite à travers une augmentation des budgets de l’aide à la réussite de 12millions d’euros en 2021, dont 6millions en aides structurelles. En outre, afin de soutenir les étudiants en difficulté socio-économique, plus de 9 millions d’euros en subsides sociaux ont été débloqués.
Toutes ces mesures ont permis de garantir la qualité des formations données au sein de l’enseignement supérieur de la Fédération Wallonie-Bruxelles et, par la même occasion, de faciliter l’insertion professionnelle des jeunes diplômés sur le marché du travail.
En ce qui concerne les stages, nous avons été attentifs à permettre aux étudiants de poursuivre leur formation tout en préservant leur santé dans le cadre de me-sures liées à la crise sanitaire. En décembre2021, j’ai notamment indiqué que nous n’avions pas connaissance de difficultés généralisées pour les stages au sein de l’enseignement supérieur. J’ai rappelé qu’une circulaire avait été envoyée au début de l’année académique afin de permettre de la souplesse dans l’évaluation et l’interprétation de la notion de stage et de permettre à chaque étudiant de bénéficier de cet apprentissage sans que cela freine ses études.
Toutefois, cette embellie économique pourrait ne pas se prolonger puisque la guerre en Ukraine et les tensions inflationnistes induites à la fois par la hausse des prix des matières premières et les sanctions prises à l’encontre de la Russie pourraient peser sur le marché de l’emploi au cours des prochains mois.C’est pourquoi les résultats actuels, bien qu’encourageants, ne doivent pas cacher le travail de fond nécessaire sur ce sujet.
Le taux de chômage des jeunes reste plus élevé que celui de l’ensemble de la population. L’insertion professionnelle des jeunes diplômés est une préoccupation constante des acteurs de l’enseignement supérieur et de la Ministre de l’Enseignement supérieur que je suis. C’est pourquoi je travaille sur trois plans différents: garantir la qualité des formations données en Fédération Wallonie-Bruxelles, permettre un renforcement de l’encadrement des étudiants au travers du refinancement de l’enseignement supérieur et faciliter la concertation entre les acteurs de l’emploi et ceux de l’enseignement supérieur pour faciliter l’insertion professionnelle.”
Je suis heureux de constater que les données sont globalement encourageantes. Les chiffres et les études auxquels la Ministre fait référence sont particulièrement rassurants. Nous pouvons nous féliciter de la résilience des étudiants ayant été confrontés à la pandémie de Covid-19 durant leurs études. Je salue par ailleurs les mesures qui ont permis d’arriver à une situation moins dramatique que ce que nous aurions pu craindre.
Dans des filières spécifiques, des étudiants nous font toutefois part de certaines difficultés. Il conviendrait d’affiner certaines données relatives à ces filières, notamment dans le domaine de la coiffure. Je suis conscient que cela ne relève pas uniquement des compétences de la Ministre, mais je pense que nous pouvons continuer à analyser les choses pour prendre le recul nécessaire par rapport à cette situation, tout en étant en contact avec les différents ministres compétents.
Par ailleurs, la Ministre a raison de souligner les perspectives qui, à moyen terme, sont effectivement moins réjouissantes. Nous ne manquerons pas de rester attentifs à ce sujet.