Stockage de déchets nucléaires à Tihange : penser au-delà de l’aménagement du territoire

Image de centrale nucléaire

Engie a introduit un recours contre la décision de refus de permis de construire trois bâtiments visant à stocker les déchets nucléaires sur le site de Tihange. La Région wallonne devra bientôt statuer sur ce projet. Vu ses conséquences potentielles, j’ai alerté le Ministre compétent en la matière, Willy Borsus, afin qu’il veille à élargir la réflexion au-delà de la seule question d’aménagement du territoire.

En janvier 2019, Engie-Electrabel a introduit une demande d’autorisation auprès de l’Agence Fédérale de Contrôle Nucléaire (AFCN) pour la construction d’un ensemble de 3 bâtiments sur le site de la Centrale nucléaire de Tihange, visant à stocker les combustibles usés après leur passage en piscine de refroidissement.

Durée, résistance et surdimensionnement

Ce projet suscite de nombreuses inquiétudes dans la population, mais aussi parmi les communes voisines de Tihange. Cinq d’entre elles ont ainsi émis un avis négatif à propos de cette demande de permis. Le gouvernement hollandais s’est lui aussi inquiété du projet.

Parmi les inquiétudes relevées, notons notamment la durée bien trop longue de ce stockage prévu jusqu’en 2100, sans aucune garantie de conservation et de contrôle durant 80 ans, l’absence de résistance aux chutes d’avions gros porteurs, ou encore le surdimensionnement manifeste du bâtiment envisagé.

Volets sécuritaire et urbanistique

Le 18 octobre 2019, le Fonctionnaire-délégué a refusé le permis sollicité par Engie estimant que le projet présente « des enjeux très importants et particulièrement sensibles au regard de sa finalité tant sur le plan urbanistique et environnemental qu’économique, énergétique, en matière de sureté et sécurité ainsi que de la santé humaine » et que dès lors, « vu l’enjeu régional voire national du projet, (…) que la décision s’avérait stratégique notamment au regard de la Déclaration de Politique Régionale et du Schéma de développement du Territoire et donc devait relever de la compétence du Gouvernement Wallon par souci de garantir également un parallélisme des formes par rapport à la législation fédérale ».

Récemment, le Conseil scientifique de l’AFCN vient de délivrer un avis positif sur le volet sécurité nucléaire du projet. Le Ministre de l’Intérieur devra trancher sur cette base.

Sur le volet urbanistique, le Ministre Borsus me confirme l’introduction d’un recours par Engie, qui conteste la décision prise par le Fonctionnaire-délégué. L’administration devra remettre un avis d’ici le 22 janvier prochain. La décision du Ministre est attendue au plus tard pour le 21 avril 2020.

Élargir la réflexion

Toutefois, ce projet a potentiellement de telles conséquences qu’il me semble vraiment important d’élargir la réflexion au-delà de la seule question d’aménagement du territoire. Ce n’est pas un projet comme les autres… Il est question d’un possible entreposage jusqu’en 2100 ! Avec des garanties très faibles à long terme.

Il est notamment essentiel de rester attentif aux remarques très pertinentes émises par les communes et les riverains.

En effet, comment être certain que la sécurité du site soit assurée jusqu’en 2100, alors que le site aura été démantelé ? C’est l’une des questions essentielles auxquelles Engie n’apporte pas de réponse suffisante.

Venant de Huy, ma préoccupation en la matière reste de tout mettre en oeuvre afin d’empêcher un désert radioactif à Tihange.