Allogement de la durée des études : au-delà des effets pervers du décret “Paysage”

Ce mardi 28 janvier, j’interpellais la Ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Glatigny, au sujet de l’allongement de la durée des études supérieures. Entre l’urgence de revoir le décret “Paysage” et l’importance d’avoir des formations de qualité permettant aux jeunes de s’épanouir tout en étant suffisamment armés pour leur future profession.

Le Conseil Supérieur de l’Emploi estimait dans un récent rapport qu’il fallait raccourcir la durée effective des études supérieures, celle-ci s’étant allongée au cours des dernières décennies, avec pour conséquence d’amener les jeunes de plus en plus tard sur le marché du travail.

Or, selon le CSE, un accès plus rapide au marché du travail constituerait une réponse au défi du financement des pensions dans un contexte de vieillissement de la population.

Si les statistiques semblent démontrer que les jeunes Belges arrivent effectivement de plus en plus tard sur le marché de l’emploi, il faut toutefois souligner que cette situation n’est pas toujours liée à des études plus longues. Elle peut également s’expliquer autrement, par exemple en raison d’autres projets poursuivis par les jeunes une fois leurs études terminées, comme un voyage ou du bénévolat. Or, ce type d’initiatives me semble extrêmement profitables à la société.

Ce pavé dans la marre lancé par le CSE a cependant le mérite de soulever des questions qui méritent que l’on s’y attarde. C’est pourquoi j’interpellais la Ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Glatigny, sur ce constat. Il ressort de sa réponse des chiffres tantôt encourageants, tantôt interpellants :

  • 75% des hommes et 77% des femmes poursuivent des études supérieures, retardant la moyenne d’âge pour l’entrée sur le marché du travail ;
  • Concernant la tranche des 25-49 ans, 88% des personnes diplômées ont un emploi ;
  • La Ministre rapporte encore des augmentations à différents niveaux : accès à l’enseignement supérieur, entrée dans l’enseignement supérieur avec du retard, durée de certaines études…

En revanche, elle indique une diminution interpellante du taux de réussite tant dans l’enseignement secondaire que dans l’enseignement supérieur, où le décret “Paysage” crée de véritables effets pervers : dans les Hautes écoles, le taux de personnes diplômées sur trois ans a ainsi diminué de 6% entre 2010 et 2017.

Ces derniers chiffres rappellent l’urgence de revoir le décret “Paysage” afin d’améliorer l’encadrement et la gestion des études, de façon à ne pas prolonger inutilement leur durée.

Au-delà de cela, il me semble que le marché de l’emploi ne doit pas non plus être l’unique critère guidant la réflexion sur la durée des études. Ce qui compte avant tout, c’est d’avoir des formations de qualité permettant aux jeunes de s’épanouir tout en étant suffisamment armés pour leur future profession.

Il faut aussi absolument favoriser les initiatives génératrices de plus-values pour la société, comme les voyages ou le bénévolat des jeunes qui partent quelques mois après leurs études avant de se lancer sur le marché du travail.