La crise sanitaire touche l’enseignement supérieur à de nombreux et différents niveaux : entre les cours à distance, l’organisation des évaluations de fin d’année, la situation des étudiants jobistes, l’organisation des stages, sans oublier, principal chapitre de cet article, la situation sociale des étudiants. Autant de points d’attention sources d’interrogations… et d’interpellations.
Cela ne vous aura sans doute pas échappé : la crise sanitaire et le confinement qu’elle impose ont des conséquences sur l’enseignement, dont celui donné au niveau supérieur. C’est pourquoi, et afin d’y voir plus clair, nous relayons une série de difficultés vers la Ministre de l’Enseignement supérieur :
- Sur les limites de l’enseignement à distance : qu’elles soient d’ordre technique ou liées à l’accès aux supports, complexifiant la réalisation de travaux.
- Sur l’organisation des évaluations de fin d’année : cela implique l’organisation d’une session d’examens, sur leur contenu, et le maintien du calendrier de la seconde session.
- Sur l’organisation des stages : certains étudiants ont été forcés de stopper leurs activités de stage alors qu’ils n’avaient pas pu prester l’entièreté des heures de stage prévues. D’autres n’ont pas eu le temps de commencer la moindre heure de stage avant la période de confinement. D’autres encore sont directement tributaires de la prestation complète des heures de stages pour la réalisation de leur TFA/TFE/Mémoire. Enfin, les étudiants stagiaires en médecine sont sensés changer d’hôpitaux régulièrement.
- Sur la situation des étudiants jobistes : la décision de fermer les établissements de l’Horeca et d’imposer le télétravail pour l’ensemble des entreprises en mesure de le faire n’est pas sans impacter nombre d’étudiants qui, pour financer leurs études, cumulent parfois ces dernières avec un, voire deux jobs étudiants, essentiellement dans le secteur de l’Horeca. Une étude menée par la FEF auprès de 13 000 étudiants rapporte ainsi qu’entre 79 et 88 % des répondants (selon le type d’enseignement) ont perdu leur job pour des motifs liés aux mesures de confinement. Tous ces étudiants se retrouvent ainsi sans revenu, alors qu’ils continuent à faire face à d’importantes charges, dont le loyer est l’une des principales.
Ce dernier point invite à se concentrer sur un point qui représente une préoccupation importante pour le groupe Ecolo à la Fédération Wallonie-Bruxelles : la situation sociale des étudiants.
Des signes alarmants de précarisation de la population étudiante sont régulièrement rapportés, et notamment l’augmentation du nombre d’étudiants bénéficiaires de revenus octroyés par les CPAS. La situation actuelle, celle d’une épidémie et des mesures de lutte contre celle-ci qui sont mises en place, ne manque pas d’avoir un impact sur cette situation déjà préexistante. Les mesures prises par les autorités sont bien évidemment importantes pour protéger la santé de la population mais elles ont des répercussions sur la situation de beaucoup d’étudiants. On pense naturellement aux étudiants dont la famille voit ses revenus limités en raison, par exemple, de situations de chômage qui découlent des mesures mises en place pour des raisons sanitaires. Également, comme rapporté plus haut, aux étudiants jobistes ayant perdu leur emploi.
Si ces étudiants ou leurs familles se retrouvent ainsi avec des revenus réduits, ils continuent dans le même temps à faire face à d’importantes charges, en particulier le loyer. Par ailleurs, les étudiants, qui, pour des raisons financières, ne bénéficient pas d’ordinateur ou de connexion internet à leur domicile sont largement défavorisés par rapport aux autres étudiants. Pour notre groupe, la crise ne doit absolument pas aggraver une fracture sociale préexistante. Notre but est de tendre vers une égalisation des conditions d’enseignement pour tous. Dans certains cas, la situation actuelle est si dramatique qu’elle pourrait avoir des conséquences sur le long terme, si la poursuite de leurs études était mise en péril. Nous pensons, par exemple, aux étudiants de dernière année qui comptaient se diplômer cette année, et bénéficier d’un salaire dès l’été. Nous pensons également aux étudiants pour lesquels une année d’étude correspond à de nombreux sacrifices. Il importe donc pour nous de relayer ces préoccupations auprès de la Ministre sur la meilleure manière d’apporter des réponses justes et adaptées dans ces situations.
La question du logement étudiant est donc ici centrale, et représente la plus importante dépense liée à une années d’études. Selon une étude sur les conditions de vie des étudiants de l’enseignement supérieur de la Fédération réalisée par BDO/SONECOM en 2019, il s’agit en moyenne d’une dépense de 4500 € par an. On le voit, agir sur les loyers, pour les étudiants précarisés, pourrait potentiellement être un levier intéressant.
Ce n’est bien entendu pas le seul. La mobilisation des services sociaux des établissements nous semble également représenter un soutien clé pour faire face à des situations d’urgence. Nous insistons par ailleurs sur la nécessaire harmonie entre les mesures prises par les différents établissements afin de garantir au mieux l’égalité entre les étudiants.
Nous devons enfin tout faire pour que les difficultés liées à l’enseignement à distance, l’allongement potentiel de la durée de l’année académique, voire de la durée des études, ne précarisent pas encore davantage une partie de la population étudiante.