Protéger les producteurs d’énergies renouvelables… court-circuitées par le nucléaire

Du jamais vu ! Le 13 avril dernier, les prix de l’électricité ont été négatifs pendant plus de 13h d’affilée ! Cela s’explique par le fait qu’il y a actuellement une suroffre sur le marché de l’électricité : les centrales nucléaires continuent à fonctionner, le vent souffle fort et le soleil brille. Dans le même temps, en raison de la crise sanitaire, la demande des entreprises est au plus bas (-16 % en moyenne selon Elia).

Cette baisse de la demande a provoqué une surproduction de l’électricité qui a eu pour conséquence une baisse vertigineuse des prix de l’électricité sur le marché de gros. En effet, l’électricité est difficilement stockable. Pour préserver le réseau, l’électricité produite doit en tout temps correspondre à l’énergie consommée et lorsqu’elle ne peut pas l’être, les prix chutent !

Cette surproduction d’électricité a fait descendre les prix, qui ont été négatifs à plusieurs reprises ces dernières semaines comme le montre ce graphique :

Les producteurs d’électricité ont dû payer pour l’électricité qu’ils produisent. Ainsi, alors que l’électricité s’échange en général à 40-50€ MWh en temps normal, les producteurs ont été jusqu’à devoir payer 115€ pour chaque MWh produit le fameux 13 avril dernier.

En soi, ce n’est pas une mauvaise chose pour le consommateur, bien que la diminution de la facture pour les citoyens n’est pas garantie, d’autres éléments intervenant dedans.

En revanche, cela pourrait surtout être mauvais pour les producteurs d’énergies renouvelables (qui ne sont pas des géants), exposés à une diminution de revenus au point où ils doivent couper leurs unités de production.

En effet, afin de ne pas surcharger le réseau, plus d’un gigawatt de production éolienne a notamment dû être coupé en Belgique et ce, alors que les centrales nucléaires continuaient de tourner à leur pleine puissance…

C’est pourquoi j’ai interpellé le Ministre wallon de l’Énergie, Philippe Henry, afin d’évaluer l’impact pour ces producteurs d’énergies renouvelables.

L’histoire ne s’arrête pas là puisque nous avons appris il y a peu qu’Engie-Electrabel, en dépit de ce contexte, comptait relancer deux centrales nucléaires : Doel 2 (le 30 avril) et Doel 1 (le 15 mai)… Avant Tihange 1 le 10 juillet. De quoi aggraver la situation si la crise sanitaire et ses effets sur la consommation d’électricité se prolongent car les déséquilibres sur le marché pourraient encore s’accroître, tout en freinant plus fort encore le développement des énergies renouvelables.

Sur ce point, j’attends de connaître les mesures prises par le Ministre au niveau wallon, tandis que mon collègue au fédéral, Samuel, ne manquera pas d’interpeller la Ministre Marghem à ce sujet.

Cette situation illustre en tout cas parfaitement l’effet “bouchon” que constitue le nucléaire par rapport au développement des énergies renouvelables.