Pour les étudiants du supérieur, la fin de l’année académique s’organise dans un contexte jamais connu jusqu’à présent et qui pose de nombreuses questions. Je viens encore d’interpeller la Ministre de l’Enseignement supérieur sur deux aspects centraux : l’accompagnement des étudiants pour cette fin d’année particulière, d’une part, et l’organisation de la fin d’année et des évaluations d’autre part.
- Accompagnement des étudiants dans le cadre des cours à distance
Depuis la mi-mars, l’enseignement supérieur a basculé dans le monde de l’enseignement à distance. Il s’agit d’une révolution fondamentale à laquelle très peu d’établissements, d’enseignants et d’étudiants étaient préparés.
Si l’on peut se réjouir des facultés d’adaptation incroyables dont la plupart des acteurs ont fait preuve (et je tiens vraiment à remercier tous ceux qui se sont mobilisés et se mobilisent encore), de nombreux problèmes ont été relayés et nécessitent des réponses adaptées.
Je viens encore de recevoir 2 témoignages : l’un d’une jeune maman pour qui l’école refuse de prendre l’enfant en garderie mais qui ne sait donc pas assister aux cours et aura des difficultés à passer ses examens. L’autre d’un étudiant d’unif qui vient de recevoir hier le podcast de l’ensemble des séances d’un cours des 6 dernières semaines…
La situation que nous vivons met donc pleinement en lumière l’inégalité face au numérique, mais également face aux conditions sociales et familiales dans lesquels les cours doivent être suivis.
La fracture sociale, les problèmes techniques, l’absence de plusieurs ordinateurs à la maison, les difficultés pour trouver un lieu calme où se concentrer, sont autant de situations qui constituent des freins à l’apprentissage correct de la matière. L’accompagnement pédagogique fourni est en outre parfois extrêmement réduit, voire absent.
C’est pourquoi j’ai interpellé la Ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Glatigny, afin non seulement d’avoir une idée plus précise du nombre d’étudiants éprouvant des difficultés à accéder aux cours à distance, mais aussi de trouver des solutions pour pallier ces problèmes et terminer l’année dans des conditions acceptables. Cela passe notamment par une mise à disposition plus large de supports de cours écrits et de qualité, comme je le préconise depuis plusieurs mois, bien avant la crise. Dans le contexte de cette dernière, il me semble qu’un accès aux cours enregistrés sous forme de podcasts, et pas uniquement de streaming, représente également une solution. Tout en veillant à ce que ces outils soient les plus inclusifs possibles, par exemple en intégrant des sous-titres pour les sourds et malentendants. Par ailleurs, dans le cadre des travaux de fin d’études et de cycles, il me paraît opportun de rendre accessible l’ensemble des bibliothèques virtuelles des établissements. J’ai enfin attiré l’attention de la Ministre sur l’importance de veiller à ce que les étudiant ne disposant pas d’un lieu d’étude adapté trouvent des solutions adaptées et respectueuses des précautions sanitaires.
- Organisation de la fin d’année académique, des évaluations et des stages
- L’enjeu de la concertation
L’enjeu de la concertation est directement lié à la prise en compte des conditions d’études. Là aussi, les témoignages sont nombreux. Entre l’absence d’accès aux banques de données en ligne, les serveurs qui plantent, le wifi performant uniquement dans la cave depuis le 13 mars, l’ordi partagé avec les parents, eux-mêmes en télétravail, la réalisation de travaux dans la maison ou chez les voisins nuisant à l’étude, le climat d’anxiété ou encore des promoteurs fantômes… À défaut de concertation, ce qui semble être souvent le cas, le risque est important que ces situations vécues ne soient pas prises en considération.
Les modalités peuvent d’ailleurs varier sensiblement d’un établissement à l’autre. Ici, un report d’un mois du TFE. Là, un report d’une semaine à peine.
Alors que des examens vont bientôt débuter, il faut envoyer un message fort aux établissements pour qu’ils prennent en compte les situations des étudiants, avec une attention particulière aux étudiants à besoins spécifiques.
- Des évaluations axées sur la réflexion
Des mesures ont été prises pour assurer au maximum l’organisation des évaluations dans des conditions adéquates. Il faut en faire la publicité, notamment celle du droit de veto jusqu’au 4 mai.
Sur les modes d’évaluation, je compte sur la Ministre pour les faire évoluer vers davantage de réflexion et moins de restitution. Cela a notamment un intérêt pour réduire les risques de triche.
À cet égard, je réitère mon opposition profonde aux logiciels anti-triche, trop attentatoires à la vie privée et sources de pressions psychologiques supplémentaires.
De nombreuses choses se jouent encore dans les prochaines semaines.
Nous avons posé un cadre. Il s’agit à présent de s’assurer de son respect par le biais de mesures et en envoyant des messages complémentaires vers les établissements.
J’espère qu’avec l’ensemble des acteurs qui se démènent sur le terrain, nous y parviendrons !
- Aller encore plus loin pour les stages
Selon la FEF, 61% des stages universitaires ont été suspendus, pour 84% de ceux organisés au sein des hautes écoles et 53% dans les écoles supérieures des arts.
Même en supposant un déconfinement prochain combiné à un allongement de l’année jusqu’au 10 juillet, il est impensable d’imaginer que les stages programmés pourront être réalisés d’ici la fin de l’année.
Plusieurs mesures importantes et salutaires ont donc été prises par le Gouvernement, qui invite les jurys à remplacer ou compléter le stage par des activités pédagogiques alternatives et, si ce n’est pas possible, permet alors plusieurs options : le report du stage sur le 3ème quadrimestre, sur le 1er quadrimestre de l’année académique 2020-2021, sur le PAE 2020-2021, ou encore la possibilité pour le jury de dispenser un étudiant ayant déjà réalisé au moins 75% du volume du stage prévu.
Mais nous devons aller plus loin. Il faut des mesures spécifiques pour les professions réglementées et s’accorder sur la reconnaissance postérieure des stages.