Un moratoire sur les quotas en médecine pour soutenir les métiers de la santé

Pour soutenir les métiers de la santé, Ecolo demande un moratoire sur les quotas en médecine.

La crise du Covid-19 met plus que jamais en évidence l’absurdité et la dangerosité des économies aveugles et linéaires pratiquées dans les soins de santé ces dernières années, économies symbolisées notamment par le numerus clausus. Face à la dure réalité de la pénurie de médecins et de soignants en général, Ecolo demande une révision rapide du système de planification médicale et, dès à présent, un moratoire sur les quotas fédéraux.

« La pénurie de médecins, principalement généralistes, mais aussi spécialistes, se ressent lourdement dans cette crise », expose ma collègue au fédéral Laurence Hennuy. « Plus de la moitié des médecins ont plus de 55 ans et sont pourtant envoyés en première ligne aujourd’hui. Si ce genre de crise se répète dans quelques années, nous n’aurons plus assez de médecins pour y faire face. Il est impératif de rajeunir et de renforcer l’offre médicale et cela passe par la révision du système de planification médicale ».

Ecolo demande dès lors un moratoire sur le numerus clausus. « Notre souhait est de définir un nouveau système décentralisé qui ne serait plus basé sur l’offre mais bien sur les besoins de chaque bassin de soins », précise Laurence Hennuy. « On ne peut plus aujourd’hui sérieusement prétendre qu’il y a trop de médecins, surtout que la pratique de la médecine a évolué et que les jeunes médecins aspirent à un meilleur équilibre avec leur vie privée. Le système doit dès lors être repensé pour répondre à une définition locale des besoins et reposer sur une planification des installations de médecins, en favorisant les disciplines en pénurie et les installations là où il manque de médecins ».

Mais la médecine n’est pas le seul secteur en pénurie que la crise remet en lumière de façon tragique. Selon moi, il est plus que temps de revaloriser l’ensemble des métiers de la santé en redonnant envie aux jeunes de se lancer dans ces études. Ne serait-ce pas l’occasion de relancer la réflexion sur l’organisation de la formation initiale des professionnels de la santé ? Plusieurs idées ont déjà été lancées par le passé, comme la mise en place de véritables écoles de la santé, c’est-à-dire un tronc initial commun à l’ensemble des métiers de la santé, avec un système de passerelles, ce qui permettrait d’orienter la formation vers la santé et non plus seulement vers la seule médecine. Les difficultés que nous rencontrons dans l’organisation de l’examen d’entrée cette année, en raison du Covid-19, doivent d’ailleurs nous encourager à réfléchir à cette alternative. À cet égard, si un moratoire était obtenu au niveau fédéral sur le numerus clausus, un débat relatif à l’examen d’entrée aurait d’ailleurs toute sa pertinence.

Ces propositions peuvent constituer des réponses, non seulement à la crise actuelle, mais aussi dans le but de rendre notre système de santé plus résilient pour faire face à d’éventuelles situations sanitaires similaires dans le futur.