De la clarté et de l’égalité pour tous les étudiants ! À l’heure où les sessions d’examens battent leur plein dans l’enseignement supérieur, c’est ce que j’ai défendu hier en séance plénière du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Madame la Ministre,
Chers collègues,
Pour préparer cette intervention, je me suis replongé quelques années en arrière, il n’y a pas si longtemps.
J’ai tenté de m’imaginer à la place de ces étudiants qui viennent de vivre deux mois extrêmement difficiles, souvent seuls face à leur écran, sans plus aucun contacts sociaux, hormis parfois un contexte familial un peu trop envahissant qui rend le suivi des cours à distance difficile, voire impossible.
Imaginez-vous à 18 ou 20 ans, enfermé chez vous, sans possibilité de participer à aucune des activités qui font aussi la richesse et la plus-value de l’enseignement supérieur.
Car les études supérieures, c’est aussi et avant tout un apprentissage de la vie en société. C’est notamment là que se forge l’esprit critique, de débat, de solidarité et d’autonomie.
Et je dois bien vous avouer que je ne sais pas comment j’aurais vécu une situation comme celle que viennent de vivre les centaines de milliers d’étudiants que compte notre enseignement supérieur. Sans aucun doute très difficilement. Et encore, je n’avais pas de problème de kot à payer grâce à un job étudiant que j’aurais aussi perdu durant cette crise.
Je veux donc véritablement adresser à tous les étudiants un énorme coup de chapeau et leur faire part de toute mon admiration face au courage dont ils font preuve aujourd’hui dans cette situation extrêmement pénible.
Mais reconnaissons qu’il y a de quoi être découragé face à certaines situations.
Je pense notamment à ces 2000 étudiants de l’ULG victimes la semaine dernière d’une panne de serveur les empêchant de se connecter au moment de passer leur examen. Après avoir suivi la fin de l’année et étudié dans des conditions déjà difficiles, après avoir stressé pour l’examen – on se souvient tous de l’état dans lequel on se trouve juste avant un examen -, les voilà plongés dans l’incertitude de la tenue ou non de leur examen, avant d’apprendre plus tard que leur examen est finalement reporté à une date ultérieure…
Je n’ose imaginer la dose de stress supplémentaire ressentie par ces étudiants, qui s’ajoute à tout le stress déjà emmagasiné ces derniers mois et auquel vont encore venir se greffer les soucis liés à la reprogrammation de l’examen.
Et malheureusement, ce n’est visiblement pas un cas isolé, puisque l’UCL annonçait hier qu’elle allait renoncer, en partie, à l’usage du fameux logiciel espion qu’elle comptait utiliser en raison des nombreux soucis techniques rencontrés lors des tests blancs.
C’est une décision salutaire, même si je souhaiterais un abandon complet ! Mais à nouveau cela rajoute du stress et de l’incertitude chez les étudiants.
Et pourtant, la situation exceptionnelle que nous vivons et les examens à distance constituent une opportunité. Celle de modifier fondamentalement les méthodes d’évaluation en faisant confiance aux étudiants, en misant moins sur la restitution et en privilégiant davantage la réflexion.
Je sais que c’est le cas par endroit grâce au travail admirable de nombreux professeurs et assistants. Je sais aussi que ce n’est pas possible partout.
Mais des nombreux témoignages que l’on reçoit encore chaque jour, l’on nous rapporte encore des cas où l’on semble tester davantage la capacité des étudiants à résister au stress que leur connaissance de la matière.
C’est pourquoi, Madame la Ministre, chers collègues, avec le groupe Ecolo, nous défendons la clarté et l’égalité entre les étudiants.
Il faut d’abord à tout prix rassurer les étudiants, en leur donnant des garanties fortes quant au respect des balises qui ont été fixées, quant à la fiabilité des systèmes d’évaluation employés et quant à la prise en compte de la situation vécue ces derniers mois.
Je souhaiterais vous entendre, Madame la Ministre sur ces points, et particulièrement sur la question des problèmes informatiques survenus.
Avez-vous été informée d’autres soucis de ce type depuis le début de la session d’examens ? Et surtout, quelles mesures ont été prises par l’ensemble des établissements pour rassurer les étudiants et leur donner la garantie que de tels problèmes ne se représenteront pas ?
Si cela devait malgré tout se reproduire, pour assurer un maximum de clarté, un protocole pour faire face à ce type de situation ne pourrait-il pas être adopté ? Une souplesse spécifique est-elle bien garantie par les établissements lorsque ce type de situation se produit, tant dans les modalités d’examens que dans la prise en compte des conditions qui l’entourent ?
Autre point d’attention fondamental : l’égalité entre les étudiants.
La crise sanitaire que nous vivons ne va malheureusement pas contribuer à effacer les inégalités, que du contraire. Il ne sera pas possible de supprimer toutes les inégalités préexistantes par les mesures que nous prenons maintenant. Mais il faut continuer à tout mettre en oeuvre pour que la crise ne les renforce pas encore ou ne crée de nouvelles injustices !
Des mesures sociales importantes ont été prises, via des aides sociales, via la réforme des bourses. D’autres seront à prendre, notamment pour garantir la finançabilité des étudiants. Et je tenais à vous assurer une fois de plus notre soutien dans ces démarches Madame la Ministre.
En regardant vers demain, de façon structurelle, il faudra aussi faire évoluer notre enseignement supérieur en donnant beaucoup plus de place aux évaluations réflexives et formatives, en formant les enseignants pour cela et en leur donnant les outils. Il faut encourager cela partout où c’est possible, dans le respect de la liberté d’enseignement.
Les premiers examens ont débuté depuis plus de deux semaines. Ce n’est pas le moment de changer à nouveau toutes les règles. Cela risquerait surtout de créer de l’incertitude, du stress, et générer de nouvelles inégalités.
Par contre, il faut rester vigilants en ce moment, et notamment assurer le respect des règles établies.
Mais aussi, et j’en termine par là, trouver des solutions pour les situations qui restent problématiques. Je pense aux étudiants qui n’ont pas encore de modalités complètes d’évaluation 1 mois après la deadline initiale, ou encore à ceux qui ont connu des bugs informatiques pour leurs examens.
Madame la Ministre, quelles seraient les solutions envisageables dans ces situations ? Des sanctions sont-elles prévues ? Comment les étudiants peuvent-ils faire valoir leurs droits en cas de défaut d’un établissement ?
Il faut en tout cas envoyer un message clair de soutien à l’ensemble des acteurs du monde de l’enseignement supérieur, pour que la souplesse et la compréhension puisse prendre le pas sur le stress et l’angoisse.
Je vous remercie.
En vidéo avec la réponse de la Ministre et ma réplique :