Reconversion du site nucléaire de Tihange et de ses travailleurs : notre travail porte ses fruits

Cette semaine, j’ai interpellé d’un côté la Ministre régionale de l’Emploi, Christie Morreale, et de l’autre le Ministre régional de l’Économie, Willy Borsus, au sujet de la reconversion du site nucléaire de Tihange et de ses travailleurs.

Mon objectif était de sensibiliser une fois de plus les membres du gouvernement à l’enjeu que représente la sortie du nucléaire pour le bassin hutois.

Les réponses fournies sont particulièrement intéressantes. On sent chez les deux Ministres une véritables prise de conscience des enjeux et une volonté de se mobiliser sur ces questions. Je suis donc convaincu que le travail que nous menons au niveau de Parlement wallon pour les sensibiliser à ces questions porte ses fruits et que des initiatives se mettent en place.

Au niveau de l’emploi, et plus particulièrement de la mise en place d’une filière spécialisée dans le démantèlement au niveau du Forem, la Ministre Morreale me répond notamment ceci :

Sur les formations qui sont à mobiliser pour le démantèlement de centrales, le Forem ne dispose actuellement pas d’offre de formation ciblant spécifiquement le secteur du nucléaire. L’Office n’est par ailleurs pas agréé pour dispenser les formations à la sécurité nécessaire à l’exercice d’une fonction dans le secteur radioactif. Toutefois, pour répondre aux besoins de main d’oeuvre qualifiée, et compte tenu des critères afférents au personnel pédagogique spécialisé et agréé nécessaire pour dispenser les formations, le Forem privilégiera a priori le recours via, par exemple, ses Centres de référence, essentiellement Technifutur à Liège ou TechnoCampus, à Gosselies ou bien alors le partenariat avec les entreprises gestionnaires, voire potentiellement des sous-traitants. (…) Tenant compte de ces collaborations préexistantes, il sera possible d’intégrer les besoins de l’entreprise et de ses filiales, générés par le démantèlement, tant en termes de recrutement que de reconversion et de réorientation de leurs travailleurs.(…) De mes contacts avec les organisations syndicales, il ressort que la priorité pour les organisations représentatives du personnel d’Engie est que les travailleurs soient réorientés au sein des entreprises de la CP 326 et, en particulier, au sein du groupe Engie, conformément à l’accord national de 1962 relatif à la stabilité d’emploi. Quoi qu’il en soit, les négociations relatives à l’avenir des travailleurs des sites concernés vont bientôt démarrer. Une première rencontre est ainsi programmée, le 17 septembre 2020, portant sur le site de Tihange 2, dont l’arrêt est prévu en 2023.”

Elle témoigne par ailleurs de son volontarisme :

Je suis néanmoins ce dossier avec la plus grande vigilance et mettrai tout en oeuvre pour accompagner les travailleurs de ses filiales, comme des entreprises connexes et des sous-traitants en fonction des décisions et du timing qui sera défini lors des négociations, tout en anticipant ce qui pourra l’être. Notamment via la mobilisation du FOREm, et de son offre de formation, en gestion propre ou en sous-traitance. J’en termine en vous disant que, selon moi, fondamentalement, ce qui semble important notamment dans le cadre du groupe de travail Emploi de Get up Wallonia, c’est de pouvoir envisage quel est le master plan et la reconversion que l’on veut faire à la fois des sites industriels, avec le rachat annoncé par la Wallonie des friches industrielles, mais aussi de la reconversion et donc d’anticiper. On ne peut pas se retrouver dans une situation identique à ce que les bassins industriels liégeois et carolo connaissent. On sait que selon toute vraisemblance, dans le secteur du nucléaire, cette énergie va se terminer à un moment. Donc, nous devons pouvoir anticiper. Dans le cadre des réflexions à moyen et long terme, je souhaite que l’on travaille sur ces questions-là. Évidemment, et nous serions sots de nous passer de l’expertise des forces vives liégeoises au sens large, hutoises en l’occurrence, mais à l’échelle de la province de Liège, pour faire en sorte que ces sites industriels soient réaffectés le plus rapidement possible vers des secteurs qui sont porteurs d’avenir, vers une transition énergétique durable, vers globalement des secteurs qui permettent des emplois de qualité et durables. C’est un véritable enjeu et, au-delà des travailleurs et de la reconversion, je pense que c’est sur cela que le gouvernant doit s’atteler.

Je me réjouis évidemment de cette volonté ministérielle affichée de prendre les choses à bras le corps et ne manquerai pas de continuer à mobiliser un maximum d’énergies autour de cet enjeu fondamental pour l’avenir du bassin hutois.

En ce qui concerne le Ministre Borsus, il témoigne à nouveau d’une ouverture et d’une disponibilité pour travailler au redéploiement économique de la région. Il dit principalement deux choses :

  • la task force de Huy ne l’a pas encore contacté mais il reste disponible ;
  • le retour au green field promis par le Forum Nucléaire est en fait démenti; il acte clairement que le site ne pourra pas être réaffecté avant longtemps, ce qui constitue évidemment un problème auquel il faut pouvoir s’atteler rapidement.