Ce n’est pas tous les jours que l’on parle de la situation internationale au sein de la commission « Enseignement supérieur » de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Et pourtant, je tenais à y évoquer le Bélarus.
On sait à quel point la situation sur place est difficile suite à la falsification manifeste des élections présidentielles du 9 août 2020, avec les citoyens et citoyennes de ce pays qui ont entamé des manifestations pacifiques réunissant des cortèges comptant entre cent à deux cent mille personnes à travers tout le pays.
La jeunesse, et en particulier les jeunes femmes, étaient à l’avant-garde de ces manifestations, ce qui leur a valu de former le plus gros du contingent des 6.600 personnes arrêtées dans les premiers jours de la contestation, détenues arbitrairement, maltraitées et souvent torturées.
Depuis lors, le soulèvement ne faiblit pas et des jeunes gens continuent d’être arrêtés de façon quasi quotidienne.
L’enlèvement récent des principales figures du présidium du Conseil de Concertation Nationale de l’opposition bélarusse, les incarcérations infondées et les tentatives d’exil forcées ne font qu’exacerber les craintes qui pèsent quant à la sécurité de la société civile bélarusse, et cela en période de rentrée scolaire où les universités se distinguent comme l’un des nouveaux foyers de la contestation.
On peut légitimement craindre aujourd’hui qu’Alexandre Loukachenko ne procède à une purge des universités et hautes écoles et qu’il ne déchoie de leurs droits à l’instruction les étudiants et étudiantes qui y auraient fait usage de leur droit d’assemblée et droit d’expression.
Dans ce contexte, la Pologne et la Lituanie proposent déjà d’accorder des visas humanitaires aux personnes exposées à des persécutions politiques.
C’est pourquoi j’ai interpellé la Ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Glatigny, à ce sujet :
- La Fédération Wallonie-Bruxelles ne pourrait-elle pas, en concertation avec le SPF affaires étrangères (afin que des Autorisations de Séjour Provisoire puissent être accordées), accorder des bourses d’études aux étudiant.e.s qui auraient été expulsé.e.s de leur université afin qu’ils et elles puissent poursuivre leur instruction à l’abri des persécutions politiques ?
- Des initiatives ont-elles été prises en ce sens ? Des contacts ont-ils lieu entre nos universités et les établissements bélarusses, ou directement avec des étudiants bélarusses ? Etes-vous en contact à ce sujet avec votre homologue du Gouvernement flamand et avec le Gouvernement fédéral ?
- Considérant le climat d’extrême tension qui règne en ce moment dans les villes universitaires du Bélarus ainsi que les campagnes d’intimidation déployées à l’encontre les manifestants, serait-il envisageable de traiter ces demandes selon une procédure accélérée? Et si oui, les informations à propos des conditions d’éligibilité au visa comme à la bourse pourraient-elles être accessibles en russe pour en faciliter la prise de connaissance ?
J’insiste sur l’importance, dans ce genre de situation, de mobiliser un maximum d’acteurs et d’actionner tous les leviers à notre disposition, bien qu’ils ne soient pas nécessairement nombreux. Nous devons réfléchir à certaines dispositions sur l’octroi de bourses lorsque de réels problèmes humanitaires se présentent.
Il est essentiel d’activer le plus de partenariats possible avec les universités de ces pays, surtout entre les étudiants et les enseignants. Le top de ces universités est souvent contrôlé par le gouvernement. La situation en Biélorussie est intenable. Nous devons donc nous mobiliser à tous les niveaux.