Cette semaine, j’ai notamment interpellé la Ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Glatigny, sur le monitoring de l’évolution de la crise sanitaire sur les campus par le biais de deux aspects : un premier purement sanitaire et de gestion de l’épidémie sur les campus ; et un second aspect plus pédagogique et pratique.
Sur le volet sanitaire, on voit à quel point le coronavirus est plus que jamais de retour et particulièrement actif sur les campus et dans les villes où la population étudiante est importante.
Si la propagation du virus ne semble pas liée à la présence dans les auditoires, où les règles semblent bien respectées dans l’ensemble, les clusters de contamination se trouveraient plutôt dans les activités connexes, dans les kots et soirées.
Des mesures fortes ont toutefois été prises en fin de semaine dernière, avec le passage en code orange, mais aussi l’instauration d’un couvre-feu et la fermeture des bars et restaurants.
Mais au-delà de ces mesures sur lesquelles je reviendrai, l’objectivation de la situation sur le terrain est extrêmement compliquée.
Ainsi, les informations font part d’un nombre de plus en plus important de kots placés en quarantaine. Mais il est impossible de savoir si cela signifie que de nombreux étudiants sont positifs ou s’ils appliquent tout simplement particulièrement bien les règles sanitaires.
Il n’y a en réalité aucun monitoring sur les chiffres de contamination parmi les étudiants dès lors que les jeunes positifs sont souvent comptabilisés dans leur commune de domicile et non là où ils kottent. Les établissements d’enseignement supérieur demandent à être informés par les étudiants de cas de contamination, mais ne le sont pas systématiquement.
Le lien entre les établissements et les autorités communales sur cette question est également parfois assez compliqué.
D’où une première série de questions à la Ministre :
- Dès lors, Madame la Ministre, avez-vous une vision claire de l’état de la transmission du virus sur les campus et dans les établissements d’enseignement supérieur ?
- Un monitoring des cas de contamination dans ces lieux est-il organisé ? Afin d’avoir une vision plus précise de la situation, ne serait-il pas utile de prendre des initiatives pour que les cas positifs soient comptabilisés dans les lieux où kottent les étudiants plutôt qu’à leur domicile ?
- Comment travaillez-vous à l’amélioration des contacts au sujet de la gestion de l’épidémie entre les autorités communales et les responsables d’établissements ?
Par ailleurs, je voulais au départ faire le point sur l’application des mesures prises depuis la rentrée académique, et l’actualité nous a rattrapés puisque depuis lors l’enseignement supérieur a basculé en code orange, ce qui signifie une réduction à 20% de la présence sur les campus.
Or, déjà en code jaune, les témoignages d’étudiants évoquaient toute une série de difficultés, notamment des problèmes techniques pour la retransmission des cours à distance, l’impossibilité d’accéder aux cours à distance tant que l’inscription n’est pas validée, des auditoires trop petits pour accueillir dans le respect des règles tous les étudiants censés être présents, des cours qui doivent être suivis en présentiel et à distance dans la même journée…
Avec aussi une grosse difficulté pour les étudiants qui sont placés en quarantaine forcée et pour lesquels aucune solution de suivi des cours à distance n’était proposée.
D’où une seconde série de questions adressées à la Ministre :
- Dès lors, Madame la Ministre, quelle analyse portez-vous quant à l’application des mesures sanitaires dans les établissements d’enseignement supérieur ? Dans quelles conditions le passage en code orange se déroule-t-il ? Les établissements sont-ils tous parvenus à effectuer la transition en ce début de semaine ? Quel soutien leur est apporté ?
- Tous les étudiants ont-ils désormais bien accès au matériel nécessaire et au confort indispensable pour suivre les cours ou parties de cours qui se donnent à distance ?
- Avez-vous demandé aux établissements de prendre des initiatives pour permettre aux étudiants placés en quarantaine de suivre à distance les derniers cours qui se tiendraient en présentiel ? Ne faudrait-il pas par exemple réécrire aux communes pour leur suggérer de mettre des locaux à disposition des étudiants suivant des cours à distance ?
- Enfin, un impact pédagogique quelconque remonte-t-il déjà du terrain par rapport aux mesures prises et, plus largement, par rapport aux conséquences des derniers mois compliqués vécus par les étudiants ?
Globalement, la Ministre Glatigny réalise les choix qui s’imposent en concertation avec les opérateurs du secteur. Elle fait preuve de souplesse envers les étudiants de première année de bachelier. Ce qui est fondamental quand on sait comment ceux-ci ont vécu leur rhéto. Ils arrivent dans l’enseignement supérieur dans un contexte tout à fait particulier.
Nous devons avoir les moyens de nous adapter en permanence et de nous montrer réactifs compte tenu de l’urgence. D’où l’importance de contrôler la situation sur les campus. Si la comptabilisation des cas ne relève pas de la compétence de la Ministre, leur recensement, au moins dans le cadre des campus, me paraît envisageable. Ce n’est pas une mesure simple à mettre en oeuvre, mais elle est importante.
En outre, il est primordial d’adopter une communication spécifique à l’égard des étudiants. De leur adresser un message très clair par le biais des réseaux sociaux qu’ils fréquentent et en se servant de leurs moyens de communication en général afin de leur demander de ne pas rentrer chez eux le week-end s’ils ont eu des contacts à risque pendant la semaine.
Enfin, si nous retombons dans une situation très compliquée, nous ne pouvons plus dire que nous n’y étions pas préparés. Tous les opérateurs doivent se mobiliser, et nous avons l’obligation d’obtenir des résultats.
Je suis heureux des moyens financiers qui ont pu être débloqués. Ils sont nécessaires. Nous pourrions aussi remobiliser les communes afin qu’elles mettent des lieux à disposition. Les étudiants pourraient y suivre les cours à distance quand ils sont dans l’impossibilité de le faire sur le campus. Ce sont des pistes à creuser.