Dans une chronique publiée récemment sur le site de Carta Academica, la sinologue de l’ULB Vanessa Frangville cite toute une série d’exemples interpellants de tentatives d’interférences auxquelles elle-même, des étudiants chinois, ouïghours, tibétains et autres sont régulièrement confrontés dans les universités, en particulier celles où sont menées des recherches scientifiques à propos de la Chine.
Ces recherches manqueraient « d’objectivité », aux dires des représentants de Pékin, qui déploieraient énormément de moyens pour les influencer et n’hésiteraient pas à intimider les sinologues jusqu’à leur domicile. Un tel traitement, soutient l’auteur, ne se cantonnerait pas aux campus anglophones « dans un fond de seconde guerre froide sino-américaine, comme on l’entend parfois ». Il toucherait bel et bien les campus belges également.
En conséquence, les chercheurs seraient amenés à s’autocensurer ou à retirer les « sujets sensibles » de leurs publications ou enseignements, ne serait-ce que pour éviter de mettre leurs étudiants et collègues en péril.
La chercheuse y voit une « stratégie de Pékin [qui] consiste à prendre pour cible les universitaires, à les intimider et à paralyser l’ensemble de la communauté pour éteindre tout débat ou éluder toute perspective en contradiction avec le discours du régime chinois ».
Nos universités, affirme-t-elle, sont encore très mal préparées à ce type de comportement.
D’où mes questions adressées à la Ministre de l’Enseignement supérieur :
- Quelle analyse portez-vous sur ce témoignage ? Avez-vous déjà été interpellée par des chercheurs, académiques ou étudiants relatant ce type de faits ?
- Quelles actions sont-elles prises concrètement pour assurer aux chercheurs, académiques et étudiants de la Communauté Wallonie-Bruxelles un cadre de travail protégé, et pour leur garantir de ce fait une vraie liberté académique, indépendante de toute influence étrangère ?
Dans sa réponse, la Ministre insiste sur l’importance de la liberté académique. Elle indique que des contacts ont été pris entre l’ARES et la sûreté de l’Etat au sujet de l’interférence du régime chinois dans les travaux de chercheurs. Je partage ce travail non seulement de protection, mais également de possibles sanctions.
Il est fondamental de veiller à l’indépendance de nos chercheurs afin de garantir la qualité de la recherche comme de l’enseignement. Il y a encore du boulot, mais nous sommes sur la bonne voie !