Depuis le début de la crise, il faut bien reconnaître que le monde de l’enseignement supérieur est confronté à l’extrême difficulté de s’adapter en permanence à la situation sanitaire, tout en garantissant un suivi et un accompagnement pédagogique de qualité. C’est un challenge permanent.
Pour répondre à ce double enjeu, et limiter aussi les risques de revivre les difficultés vécues lors des dernières sessions d’examens à distance, le Gouvernement a permis aux établissements, via un arrêté de pouvoirs spéciaux, d’organiser certains examens en présentiel.
C’est une décision nécessaire qui répondait à une demande et à des besoins du terrain. Et c’est important de le souligner.
Le principe restait toutefois l’examen à distance, sauf lorsqu’il s’agit d’un examen pratique ou qu’il est impossible de garantir l’égalité entre étudiants.
Mais force est de constater que, dans la pratique, les établissements ont opté pour des solutions très différentes d’un endroit à l’autre, certaines universités limitant à 10% le nombre d’examens en présentiel, tandis que d’autres en organisant plus de 50 % de cette manière, ce qui s’éloigne fortement du principe posé.
On est là très loin de l’exception puisque cela devient la règle – et je pense à une ou deux universités en particulier qui n’ont, selon moi, pas joué le jeu.
J’ai même reçu des témoignages de professeurs qui voulaient organiser leurs examens à distance mais recevaient des mails de leurs autorités académiques leur enjoignant de les organiser en présentiel. Là, on n’est plus dans l’esprit de l’arrêté et je pense qu’on doit pouvoir aussi le dire et le dénoncer.
Alors c’est clair que des protocoles stricts et validés scientifiquement ont été établis et qu’il est important de rappeler que s’ils sont bien respectés, le risque sanitaire est minime à l’intérieur de l’auditoire. Il faut vraiment rassurer les étudiants sur ce point.
Il n’empêche que l’inquiétude des étudiants est grande dans les établissements où le présentiel est devenu la règle. Pas tellement pour la situation dans l’auditoire mais pour ce qui se passe aux abords des salles de cours, dans les transports en commun.
J’ai vu les mesures prises, les contacts vis-à-vis des sociétés de transports en commun… Il faut aussi féliciter les établissements qui jouent le jeu pour tous les efforts énormes déployés. Mais j’ai aussi vu certaines images hier qui m’inquiètent un peu.
Je pense donc que la priorité aujourd’hui doit être absolument de garantir au maximum le contrôle effectif du respect des protocoles, aussi en dehors des auditoires. Il faut absolument mettre tous les moyens possible pour s’en assurer. C’est vraiment fondamental. C’est un premier point sur lequel je voulais insister.
Le second point qui me semble important, c’est la situation des étudiants en quarantaine.
Là aussi il y a une forte inquiétude dans le chef des étudiants qui doivent passer leurs examens en présentiel, mais qui seront peut-être contraints de se mettre en quarantaine pour toute une série de raisons liées à la crise sanitaire.
Il y a bien-sûr les retours de voyage en zone rouge, mais il y a aussi, bien plus largement, tous les étudiants qui peuvent simplement avoir des symptômes, un rhume, un peu de toux, être en contact avec un membre de la famille infecté.
Avec parfois le choix d’être renvoyé directement en deuxième session, ou bien de ne pas respecter la quarantaine, ce que de nombreux étudiants ont annoncé qu’ils feraient, même s’ils présentaient des symptômes légers.
Pour ce qui concerne les étudiants revenant de l’étranger, comme tout le monde j’ai vu qu’ils pouvaient désormais suspendre la quarantaine le temps de l’examen. Je dois bien vous avouer que si je comprends la volonté de leur permettre de passer leur examen, c’est une décision qui me pose réellement question en terme de signal envoyé vers toutes les autres personnes qui doivent observer une quarantaine, et vers les autres étudiants d’abord.
Mais surtout ça ne résout pas la situation de tous les autres étudiants qui sont en quarantaine pour d’autres raisons et qui risquent tout simplement de ne pas la respecter. Tout ça parce que les établissements ne permettent malheureusement pas tous de repasser l’examen en première session.
Or, je crois que la vraie solution, elle est là : permettre à tous les étudiants de repasser un examen qu’ils n’auraient pas pu passer pour cause de quarantaine. Et je remercie vraiment Madame la Ministre d’avoir écrit aux établissements pour leur demander de prévoir cette possibilité.
Je pense que c’est dans cette direction qu’il faut aller pour rassurer un maximum les étudiants et leur garantir le plus de chance de réussite.
Mais je vous avoue que quand j’entends les réactions de certains, et d’un recteur en particulier, disant que c’est la faute des étudiants s’ils sont en quarantaine – comme si toute personne en quarantaine qui a côtoyé un membre de la famille infecté, qui a attrapé le virus au magasin, dans les transports, ou autre, était responsable de sa situation – je ne suis pas rassuré sur la bonne mise en œuvre de cette double chance pour tous les étudiants…
Je pense donc qu’on doit envisager d’aller plus loin en la matière.
D’où mes questions adressées à la Ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Glatigny :
- Les chiffres ayant évolué, pouvez-vous m’indiquer dans quelles mesures les établissements ont finalement eu recours à la possibilité d’organiser des examens en présentiel ? Quel est le pourcentage final d’examens organisés de cette manière ?
- Avez-vous la garantie que le protocole sanitaire établi sera bien respecté dans chaque établissement et qu’est-ce qui est mis en œuvre pour contrôler ce respect ?
- Quelles sont les mesures prises pour s’assurer qu’aucun risque d’attroupement n’aura lieu en marge de l’examen, sur le campus ou dans les transports en commun ?
- Enfin, qu’est-ce qui est mis en place pour permettre aux étudiants contraints de se placer en quarantaine de passer leur examen en première session ?
Dans sa réponse, la Ministre indique notamment qu’elle enverra un rappel aux établissements afin d’insister sur le respect des protocoles, non seulement au sein des auditoires mais également en dehors. Je salue cet engagement.
En ce qui concerne les quarantaines, je trouve inacceptable de pénaliser des étudiants qui respectent les règles sanitaires imposées, en leur enlevant une chance de passer un examen et en les renvoyant automatiquement en seconde session. Au vu de cette pénalisation le risque est réel qu’ils se présentent quand même à l’examen et qu’ils ne respectent pas les règles, mettant ainsi leur santé, mais aussi celle de l’ensemble de leurs camarades en danger. À mon sens, la meilleure et seule solution tenable et structurelle serait d’autoriser une seconde chance, de sorte à permettre aux étudiants de passer en première session cet examen à un autre moment. Le courrier envoyé par la Ministre est utile. Il y a là une réflexion à poursuivre.
En tout cas, il faut maintenir le dialogue avec les établissements pour trouver une solution à toutes les situations, et pour adresser un message clair aux étudiants.