Erasmus+ : séduire les Britanniques et garantir l’accessibilité du programme

Le 6 janvier dernier, nous déplorions avec le Ministre-Président la décision du gouvernement britannique de renoncer à Erasmus+, programme porteur et emblématique de l’Union Européenne.

On sait que le changement ne sera pas brutal et que les projets en cours et tout ce qui a été conclu dans le cadre des appels 2018, 2019 et 2020 restent valables. Concrètement, cela veut dire que, pour les appels conclus en 2020, les projets peuvent bien se poursuivre jusqu’au 31 mai 2023. Dans l’immédiat, c’est une situation rassurante.

Mais c’est l’après qui est le gros point d’interrogation. Il faut tout mettre en œuvre pour maintenir les échanges avec le Royaume-Uni, et j’insistais pour que la Fédération Wallonie-Bruxelles ait un rôle à jouer. Si des solutions sont trouvées au niveau européen (et nous attendons avec impatience vos retours du conseil informel des ministres européens de l’Education du 22 janvier prochain), nous devons bien entendu prendre part à cette dynamique pour préserver les coopérations et nous comptons sur vous pour porter notre voix.

Je demandais notamment à Monsieur le Ministre-Président s’il existait des informations concernant ce fameux programme Turing annoncé par le gouvernement britannique. Celui-ci n’inclurait aucune idée de réciprocité et serait uniquement réservé aux étudiants britanniques. C’est très regrettable car on sait que l’inverse est bien entendu possible : le fond national suisse, par exemple, prévoit des bourses à la fois pour les étudiants entrants et les étudiants sortants.

Le Ministre-Président défendait les partenariats existants entre universités et autres structures d’enseignement et appelait à leur maintien. Ce maintien est en effet un autre gros problème à court et moyen terme. Il était déjà compliqué de conclure des partenariats pour nos établissements d’enseignement supérieur avant le Brexit, et leur développement sera particulièrement ardu.

D’où mes questions adressées cette semaine à la Ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Glatigny :

  • Vous avez mis sur pied un groupe de travail afin d’examiner les solutions de remplacement du programme Erasmus pour les étudiants et les stagiaires désireux d’aller en Grande-Bretagne. Quand ce groupe de travail aboutira-t-il à des propositions ? Quelles sont les pistes sur la table ?
  • Il a déjà été annoncé que dans le cadre du fond Erasmus classique il y aurait un pourcentage alloué à la mobilité hors Europe. Avez-vous des précisions concernant les conditions d’accès à ce fond ? Cet accès est-il garanti à tous les étudiants et stagiaires et un accord avec le Royaume-Uni est-il possible et/ou nécessaire sur cette question ?
  • Le fond national FAME était l’une des pistes creusées pour remplacer le fond Erasmus pour la Grande-Bretagne, mais cela ne semble pas évident. Des idées de refinancement sont-elles envisagées ? Pensez-vous à d’autres fonds qui pourraient être mobilisés ? Qu’en est-il de la situation des réserves existantes dans les établissements ?
  • Avez-vous des informations complémentaires au sujet du programme Turing ? N’y-a-t-il aucune marge de manœuvre au niveau européen ?
  • Enfin, quel type d’initiatives envisagez-vous afin de soutenir efficacement nos établissements dans leurs échanges et coopérations avec les établissements britanniques ?

La task force s’est réunie à plusieurs reprises depuis l’annonce de l’accord et elle envisage différentes pistes, dont la mobilisation du Fonds “Erasmus” hors Europe, du Fonds FAME et des fonds disponibles dans les établissements scolaires.

Je resterai attentif aux résultats de l’importante réunion du conseil des ministres de l’Éducation.

J’attire l’attention de la Ministre sur deux points essentiels. Premièrement, pour une série de raisons, la Fédération Wallonie-Bruxelles ne fait pas partie des régions les plus attractives pour les étudiants britanniques.

Il y a donc un risque qu’elle ne soit pas une priorité pour le Royaume-Uni lors des futures négociations sur un éventuel maintien de sa participation dans le programme d’échange.

Il s’impose donc de soutenir les établissements de la Fédération Wallonie-Bruxelles dans une sorte de campagne de séduction vis-à-vis des étudiants britanniques.

Il faut par ailleurs veiller à maintenir l’accessibilité du programme et éviter de créer une mobilité étudiante à deux vitesses où seuls les étudiants privilégiés pourraient bénéficier de cet échange parce que leur établissement scolaire en aurait les moyens ou parce que leur situation financière personnelle le leur permettrait.