Recyclage des éoliennes : un nouveau souffle pour de nouvelles filières

8 éoliennes installées à Perwez en 2006 seront bientôt démontées et remplacées par des éoliennes plus performantes. Et si ce n’est que le deuxième parc en Wallonie à faire l’objet d’un tel renouvellement, ce seront bientôt 34.000 éoliennes en Europe qui devront être démontées et renouvelées dans les 5 à 10 prochaines années.

Il y a environ 450 éoliennes installées en Wallonie actuellement, 1342 pour toute la Belgique. La première grosse éolienne wallonne date de 1997, mais c’est bien à partir de 2002 que les éoliennes commencent à fleurir en Wallonie.

Avec une durée d’exploitation des éoliennes onshore de 20 à 30 ans, nous rentrons aujourd’hui dans une phase de démantèlement, recyclage et repowering des éoliennes présentes sur le territoire. 

C’est donc un défi industriel, économique et environnemental énorme ! 

Les technologies évoluent vite et l’enjeu du remplacement des éoliennes existantes va donc se faire de plus en plus fort. Et nous devons dès lors prendre la question du recyclage à bras le corps.

On sait que près de 98% de la masse d’une éolienne est facilement recyclable, tandis que le secteur développe de plus en plus de projets permettant de recycler les 2% restants, principalement les pales. 

En effet, les éoliennes sont composées de quatre éléments principaux : la nacelle qui contient l’aérogénérateur, les pales, le mât et le socle en béton. En ce qui concerne l’aérogénérateur, l’éolien onshore wallon se développe principalement sans utiliser de terres rares, l’essentiel de la technologie éolienne n’utilisant pas d’aimants permanents (les turbines Enercon et Senvion, les plus installées, en sont totalement dépourvues). Le mat et le socle sont composés d’acier ou de béton pour lesquels des filières de recyclage existent déjà. 

En réalité, seules les pales, faites en matériaux composites, créent donc un nouvel enjeu de recyclage en Wallonie et dans toute l’Europe.

La problématique est d’ailleurs identique pour d’autres matériaux similaires et bien plus nombreux, comme les ailes d’avion par exemple (ou encore les vélos de course en carbone).

Dans le même temps, de grands acteurs industriels viennent de s’associer en France pour mettre au point des systèmes de pales en thermoplastique 100% recyclables.

Pour ce qui concerne la Wallonie, la Ministre de l’Environnement, Céline Tellier, évoquait en séance plénière le projet “Recypale” du Centre Terre et Pierre dont l’objectif est de développer des procédés permettant de mettre en place une filière de valorisation pour les pales d’éoliennes. 

On le voit, il y a un potentiel énorme, à la fois en termes environnementaux mais aussi comme levier de développement économique via le déploiement d’une nouvelle filière.

C’est pourquoi je tenais à approfondir la question avec la Ministre, concédant une pointe de frustration liée au temps trop court qu’il lui avait été donné pour répondre.

D’où ces questions adressées à la Ministre Tellier en commission :

  • Pouvez-vous m’en dire plus sur la vision de la Wallonie quant au remplacement et au recyclage des éoliennes ? Vu le potentiel au niveau européen, n’est-ce pas l’occasion d’envisager la création d’une filière du recyclage en Wallonie ? Qu’est-ce qui est mis en place à cet égard ? 
  • Quelle est l’échéance prévue pour le projet Recypale ? D’autres projets ou perspectives de ce type existent-ils en Wallonie, en lien avec des acteurs belges ou européens ?
  • Enfin, ne serait-il pas utile de plaider pour des normes identiques au niveau international concernant la mise hors service et le recyclage d’éoliennes ?

Dans sa réponse, la Ministre indique notamment que “contrairement au nucléaire, où l’on se questionne toujours après des décennies sur l’avenir des déchets, la question de la gestion des déchets issus des filières de production d’énergie renouvelable trouve des réponses, et je m’en réjouis.”

Je trouve cette comparaison particulièrement pertinente. Vivant à Huy et à Tihange, où les déchets sont stockés et risquent de l’être encore pour au moins une centaine d’années, avant d’être stockés ou enterrés quelque part, pour des milliers d’années, il est important de pouvoir aussi rappeler qu’il existe d’autres perspectives, et il est important de les souligner.