Le Gouvernement vient d’approuver fin janvier un soutien de 3.800.868 euros aux doctorants employés par les universités et le F.R.S.-FNRS impactés par la crise sanitaire.
Cette enveloppe est destinée aux doctorants de dernière année dont les missions sur le terrain ou internationales ont été annulées, dont le travail de laboratoire ou la collecte de données ont été empêchés ou retardés, qui ont dû garder des enfants lors de la fermeture des garderies et des écoles, ou encore qui ont été contraints d’interrompre leurs activités de recherche pour aider les hôpitaux ou les laboratoires dans le contexte de la crise sanitaire.
C’est une excellente démarche. L’implication du gouvernement dans le soutien des chercheurs devrait assurer une certaine égalité de traitement entre eux.
J’avais toutefois quelques questions d’ordre pratique à soumettre à la Ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Glatigny :
- Il semble que la manière d’affecter la somme « FNRS » n’ait pas encore été fixée. Les montants concédés aux doctorants leurs seront-ils directement délivrées, ou est-ce que ce transfert passera par les universités ? Les aspirants FNRS doivent-ils introduire leur demande auprès du FNRS (mais alors, auprès de qui?) pour bénéficier d’une aide, afin de ne pas « ampiéter » sur la somme allouée à l’université dont ils dépendent ? Ou est-ce que cela n’a pas d’importance, les dossiers étant centralisés par les universités ?
- Je m’interroge également sur le fait que les montants allouées aux universités soient déjà déterminés, alors que l’octroi des prolongations de contrat dépend de critères objectifs et de l’évaluation (objective) du Conseil de recherche de chaque université. Sur quelle base ces montants ont-ils été calculés ? Équivalent-ils à la totalité des coûts de prolongation de contrats de tous les doctorants de l’université, si ceux-ci remplissaient tous les critères ? Ou est-ce qu’un arbitrage aura lieu entre les doctorants ? Le cas échéant, comment départager les dossiers ? S’il restait de l’argent aux universités, mettons que peu de doctorants en fassent la demande, à quoi cet argent sera-t-il destiné ? Est-ce prévu ?
- Je me dois également de m’enquérir des initiatives qui seront prises pour les personnes dont la situation ne fait pas l’objet de l’arrêté du 28 janvier. Celui-ci stipule que seuls les doctorants inscrits en dernière année pourront prétendre à cette prolongation de contrat. Qu’en est-il des autres ? La dernière année est le plus souvent consacrée à l’écriture de la thèse. La recherche de terrain, la collecte de données, le travail laborantin et les participations à des événements internationaux ont lieu les années qui la précèdent. Ce sont surtout les doctorants des premières années qui rempliront les critères – or ceux-ci ne peuvent prétendre à la prolongation.
- Je profite également d’aborder la question des doctorants pour faire le suivi d’une question que nous avions évoquée plus tôt cette année. Vous me disiez désirer examiner les raisons qui poussent 40% des doctorants à déposer leur thèse après que leur bourse ait pris fin, et ce dans l’optique d’établir les critères qui font qu’une bourse pourrait, ou non, être prolongée.
- Avez-vous eu, Madame la Ministre, l’occasion d’avancer sur ce dossier ?
Dans sa réponse, la Ministre indique notamment que “le montant octroyé au FRNS est de 930.000 euros. En tant qu’employeur, celui-ci gérera lui-même les nouveaux contrats signés avec les doctorants retenus. (…) Le choix s’est porté sur les doctorants de dernière année, car le conseil d’administration du FRNS auquel prennent part les recteurs et les professeurs a considéré qu’un doctorant qui a accusé un retard de quelques mois au début de sa thèse avait le temps de réorganiser son travail au cours des deux à quatre années suivantes pour le combler.”
De mon côté je tenais à insister sur quatre éléments qui me semblent importants :
1. Les critères à partir desquels seront déterminés les bénéficiaires en cas d’arbitrage : ces critères devront être les plus objectifs possibles ;
2. L’importance de la concertation : mon attention a été attirée par les organisations syndicales qui demandaient à être associées à la réflexion autour de ce type de mesure ;
3. La situation des post-doctorants qui ne sont pas visés par la mesure, mais qui sont confrontés aux mêmes difficultés, voire à des embûches supplémentaires : peut-être qu’il y a, là aussi, d’autres mesures à envisager ultérieurement ;
4. La réflexion à plus long terme sur l’accompagnement des chercheurs pour lutter contre ce taux d’abandon. C’est un travail de longue haleine qui doit se poursuivre au-delà de la crise.