La question de la santé mentale des étudiants a déjà été abordée à de nombreuses reprises. Mais la situation actuelle est si inquiétante qu’elle mérite que l’on y accorde toute notre attention. D’autant qu’une nouvelle enquête apporte une série d’éléments neufs démontrant toute la gravité de la situation.
Cette enquête, réalisée à votre demande et menée conjointement par des chercheurs de l’ULB, l’UCL et l’ULiège, a sondé près de 25.000 étudiants de la Fédération Wallonie Bruxelles sur l’état de leur santé mentale. Et les résultats sont alarmants, c’est le moins que l’on puisse dire.
L’enquête démontre une difficulté de suivre les cours en ligne, voire un décrochage scolaire de nombreux étudiants, 80% d’entre eux faisant part d’une fatigue mentale et physique et de manque de motivation pour suivre les cours.
Mais surtout, les étudiants se trouvent visiblement dans des états émotionnels inquiétants, caractérisés par une perte de sommeil et d’appétit, un profond sentiment d’isolement et de solitude. La recherche démontre que la moitié des étudiants sondés souffre d’anxiété ou présente des symptômes avérés de dépression.
Les jeunes semblent perdre espoir en l’avenir, ce qui a un impact significatif sur leur moral. Une statistique, particulièrement interpellante, démontre la détresse dans laquelle certains étudiants sont actuellement, puisque 20% d’entre eux disent avoir eu des pensées suicidaires durant la crise du Covid. Finalement, le manque de contacts a aussi fortement affecté l’état psychologique des étudiants, seuls 26% d’entre eux disant être satisfaits de leurs relations avec les autres étudiants.
Ces chiffres démontrent la situation de détresse dans laquelle sont plongés les étudiants aujourd’hui, après un an de crise. Les professionnels de la santé sont, eux aussi, très inquiets des réalités mises en lumière par l’enquête. Ces conclusions, plus que préoccupantes, nécessitent de notre part des réponses concrètes et immédiates.
D’où ces questions adressées à la Ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Glatigny :
- Quelle analyse portez-vous sur les résultats de cette enquête ? Quelles sont les suites que vous y réservez ? Des mesures complémentaires pour apporter une aide psychologique aux étudiants sont-elles sur la table ?
- Quelles mesures prenez-vous pour lutter contre l’engorgement des services d’aide existants ? Comment s’assurer qu’un service d’aide psychologique soit bien accessible sur chaque campus ?
- Bien sûr, il est important de souligner que des mesures ont déjà été prises pour leur apporter une aide. Cependant, il ne semble pas que l’ensemble des étudiants aient eu accès à cette information. Dès lors, comment assurer la visibilité par les étudiants des aides qui leurs sont déjà proposées ? Un travail est-t-il mené pour apporter une aide psychologique plus visible et accessible ?
- Il est aussi fondamental que cette situation psychologique soit prise en compte par le corps professoral. Quelles mesures sont prises pour que la situation des étudiants soit prise en considération par les professeurs, autant dans la charge de travail que dans leurs évaluations ?
- Nous pourrions également aborder la question des étudiants de premier et deuxième bloc, que la crise affecte encore plus étant donné qu’ils n’ont toujours pas pu profiter d’une année « normale » dans l’enseignement supérieur. Des mesures particulières sont-elles prises pour ces étudiants ? Une aide leur sera-t-elle apportée afin de pallier l’isolement qu’ils connaissent depuis leur entrée en supérieur ?
Dans sa réponse, la Ministre indique notamment que, concernant l’information des aides existantes, elle a “lancé un travail de centralisation des informations sur ces aides. Les services jeunesse et les pôles académiques relaient toutes les aides existantes sur leur site internet, mentionnant les autorités dont elles émanent, les établissements, les pôles, les provinces, les régions, la Fédération Wallonie-Bruxelles, etc. Toutes ces informations ont été relayées à l’ensemble des établissements et aux conseils des étudiants.”
De mon côté, je demande trois choses au Parlement :
- Que chaque étudiant puisse retrouver les bancs des auditoires dès que possible ;
- Que des aides psychologiques soient accessibles sur chaque campus ;
- Et surtout, que les activités culturelles et sportives fassent aussi partie de la solution !