Un article du Vif publié récemment faisait état des faits récurrent de plagiat au sein des universités. Malgré l’existence et l’amélioration des logiciels de détection des similitudes, les techniques de fraude évoluent elles aussi. Les formes de plagiats et les profils de tricheurs-fraudeurs sont nombreux : la traduction d’un passage entier sans en référencer la source, la reformulation d’un argument à son compte, ou encore l’auto-plagiat, plus répandu parmi les chercheurs.
La récurrence du phénomène semble, entre autres, indiquer l’inadéquation des formations données aux personnels enseignants concernant l’utilisation des logiciels anti-plagiat ; en effet, certains enseignants n’en font jamais usage. C’est vrai que leur utilité est assez ambiguë : encore faut-il savoir correctement interpréter les passages repérés comme étant problématiques. Chaque professeur devrait alors vérifier et comparer par lui-même les extraits et se demander également s’il y a bel et bien intention de triche. Mais ceci n’est d’aucune utilité face à un autre type de fraude : maintenant, on peut même acheter ses travaux sur Internet…
D’où ces questions adressées à la Ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Glatigny :
- Bien qu’il soit de la décision du professeur de porter ou non les constats de plagiat au rectorat, et que donc il n’existe pas vraiment de statistique fiable sur l’ampleur du phénomène, disposez-vous quand même de chiffres qui vous auraient été communiqués par les établissements d’enseignement supérieur ?
- Je suppose que les Hautes Ecoles sont moins touchées par le plagiat car davantage de leurs cursus sont orientés sur la mise en pratique et ces unités d’apprentissage disposent d’autres modalités d’évaluation que les travaux écrits, mais pouvez-vous me le confirmer ?
Je pense que les cas récurrents de plagiat pointent un souci plus large : c’est le manque d’accompagnement des professeurs dans nos universités, mais aussi de sensibilisation des étudiants. Il me semble qu’une réflexion devrait être menée pour mieux accompagner, tant les enseignants que les étudiants. Des notions aussi élémentaires que le respect du travail produit par autrui, l’intégrité et d’honnêteté intellectuelle vont sans doute de soi pour une personne ayant passé du temps sur sa thèse, mais ça l’est sans doute moins pour des jeunes qui ont grandi avec Internet où tout est à portée de connaissance et où tout se partage.
D’où ces autres questions :
- Comment mieux outiller les professeurs face à cette problématique ?
- Une sensibilisation au plagiat ne pourrait-elle pas faire partie d’un bref cursus à destination des enseignants, en complément d’autres outils qui pourraient être mis à leur disposition ? Il ne s’agit pas de brider la liberté académique, que du contraire, mais de mieux outiller le personnel enseignant.
- Qu’en est-il pour ce qui concerne plus particulièrement les étudiants ?
- Toujours dans cette idée d’un meilleur outillage : les cas de plagiat sont souvent liés à un problème de méthodologie, tel qu’une méprise des règles de citation. Dès lors, ne pensez-vous pas qu’il faille proposer un accès systématique à des cours de méthodologie comme c’est déjà le cas dans certains programmes (droit, histoire, archéologie, etc.) ?
- La méconnaissance des jeunes de ce qu’est concrètement le plagiat pose un problème du même ordre que le développement de l’esprit critique et doit être enseigné, travaillé, mûri, dès l’enseignement obligatoire. Des réflexions communes sont-elles menées à ce stade avec votre collègues Caroline Désir à ce sujet ?
Dans sa réponse, la Ministre indique notamment que, “en plus des cours de méthodologie qui détaillent la problématique, les enseignants sensibilisent généralement leurs étudiants à ce sujet lors de la communication des consignes sur les travaux à effectuer. La plupart des établissements d’enseignement supérieur ont aussi réalisé et distribué aux étudiants de petits guides rédigés à leur attention ou de petits cours en ligne dédiés à la recherche méthodologique ou encore leur proposent des pistes permettant d’éviter l’écueil du plagiat.
(…)
Malgré tout, force est de constater que ces multiples dispositifs ne suffisent pas toujours à dissuader certains fraudeurs. Les efforts de sensibilisation doivent être poursuivis tout au long du parcours des étudiants et je suis disponible pour les soutenir dans toute nouvelle initiative qui permettrait de renforcer l’efficacité des mesures prises.”
De mon côté, j’insiste sur la nécessité d’une stratégie globale en ce qui concerne la formation des étudiants et l’outillage des professeurs qui doit être le plus systématique possible. La réflexion doit être approfondie et poursuivie. L’importance de ce sujet est capitale pour l’enseignement supérieur, compte tenu du développement des nouvelles technologies.