Reconversion de Tihange : trouver une solution pour chaque employé·e

Ces 25 et 30 novembre, une partie du personnel employé à la centrale nucléaire de Tihange ont mené des actions syndicales en vue de la sortie partielle ou totale du nucléaire d’ici 2025. Dans ce cadre, ils craignent la perte d’un certain nombre d’emplois.

Cela fait pourtant près de 20 ans que la fermeture des centrales a été fixée et reconfirmée par tous les gouvernements successifs, mais l’exploitant, et une partie du monde politique, entretiennent toujours un certain flou quant à l’avenir du personnel au-delà de 2027. En jouant donc avec les craintes légitimes des travailleurs.

Il est aujourd’hui fondamental de donner des perspectives à l’ensemble des travailleurs de Tihange. Et vous savez que c’est un dossier qui me tient particulièrement à cœur depuis le début de mon mandat, la question n’étant plus d’être pour ou contre le nucléaire mais bien de savoir comment gérer au mieux la transition.

Pas plus tard que ce mardi matin, un conseil d’entreprise extraordinaire a apporté des premières informations importantes. Engie a ainsi communiqué vers les 2000 employés des centrales certains engagements, notamment celui de maintenir autant d’emplois que possible sur le site jusqu’en 2040 et la fin du démantèlement, dont au moins tous les travailleurs qui auront 45 ans à la fin de cette année, avec aussi un investissement important de 18 millions d’euros pour la formation des employés dans le démantèlement, mais aussi dans le secteur énergétique, puis une prime d’une année de salaire pour tous ceux qui restent jusque fin 2026.

C’est une étape importante, qui réaffirme la volonté du groupe de travailler avec les employés actuels et à long terme. Cela ne répond, par contre, pas à toutes les questions que se posent les autres employés, ceux qui ne sont pas concernés par ces mesures. Il faut donc des clarifications supplémentaires.

La Région wallonne a elle aussi un rôle à jouer dans la mise en place des conditions nécessaires à la préservation et à la reconversion des travailleurs. C’est notamment dans ce but qu’a été créée la Delivery Unit chargée de travailler sur la reconversion de la région.

Lors de nos derniers échanges, la Ministre wallonne de l’Emploi, Christie Morreale, confirmait que plusieurs sessions de table-rondes industrielles avaient été organisées à l’initiative du fédéral afin de créer une activité structurante autour du démantèlement des centrales nucléaires, chantier qui devrait s’étendre sur plusieurs dizaines d’années. Elle annonçait aussi l’organisation de rencontres pour trouver des pistes de solution et se mettre en phase avec les forces engagées (table-ronde, Delivery Unit, Comité de pilotage, « task force », FOREm…).

D’où ces nouvelles questions adressées à la Ministre :

  • Quelles initiatives prenez-vous pour garantir l’emploi et accompagner au maximum les travailleurs ?
  • Où en est le travail de la Delivery Unit sur le volet emploi et reconversion ? Avez-vous des éléments plus précis, chiffrés, concernant le maintien et les perspectives d’emplois en vue de la reconversion de la centrale nucléaire de Tihange, mais aussi concernant les sous-traitants ?
  • Les discussions ont-elles évolué quant à la mise en place d’un plan social dès à présent, et non au dernier moment lors de la fermeture du site comme la loi l’impose ?
  • Les réflexions quant à la mise en place d’un réel accompagnement et de formations des travailleurs dans le démantèlement ont-elles progressé ? Où en est l’organisation des rencontres que vous évoquiez récemment afin de proposer des pistes de solutions ?
  • Je pense aussi au développement d’un centre de compétences consacré à la formation au démantèlement dans le cadre de la programmation du Fonds social européen 2021-2027. Est-ce une piste que vous suivez ?

Dans sa réponse, la Ministre indique entre autres que “Engie Electrabel s’est engagé au maintien de l’entièreté des emplois jusqu’à 2027 pour l’ensemble des travailleurs. Les obligations d’Engie Electrabel quant au reclassement resteront entières après cette date. J’entends, du coup, cette déclaration pour les plus de 45 ans. La situation des entreprises sous-traitantes, qui pourraient être fortement impactées par des baisses de commande, fait l’objet d’une attention particulière. (…)

Aujourd’hui, la Delivery Unit Tihange, qui relève de mon collègue, le ministre de l’Économie, a identifié plusieurs scénarios de reclassement possibles vers des activités de démantèlement de la centrale chez Engie Electrabel, de nouvelles activités locales qui se créeraient grâce et autour du démantèlement et d’autres développements d’activités économiques locales qui pourraient impliquer les sous-traitants ou d’autres secteurs des mêmes chaînes de valeurs. Dans ce contexte, les contacts réguliers existent entre la Delivery Unit Tihange et la task force au niveau fédéral, dont l’objectif est de créer une filière belge de démantèlement.

Les inquiétudes sont légitimes, et il faut pouvoir les entendre et les comprendre. C’est aussi légitime parce que c’est entretenu, à un moment donné, par l’absence de clarté. L’enjeu est de pouvoir donner des garanties le plus rapidement possible pour toutes et tous. Les annonces de ce mardi matin sont importantes pour les travailleurs de plus de 45 ans, avec aussi les investissements importants qui sont annoncés dans la formation et dans le cadre du démantèlement.

Malheureusement, cela laisse encore toute une série de flous pour la réaffectation des autres employés. L’avantage est qu’on sait maintenant aussi sur quoi on doit se concentrer en tant que pouvoirs publics. On sait où restent les autres enjeux.

Il est fondamental de faire respecter l’accord de stabilité, d’empêcher tout licenciement collectif et de trouver une solution pour chacun des employés. On sait que des employés quitteront d’eux-mêmes. Pour cela, il faut savoir à quoi s’attendre et quelles sont les perspectives dans le secteur. Tant l’exploitant que les pouvoirs publics doivent jouer ce rôle d’accompagnement et de formation. J’entends toutes les initiatives qui sont prises, les pistes de travail qui sont celle du gouvernement et des différents niveaux de pouvoir, et je m’en réjouis. Cette mobilisation est nécessaire !

Là où de telles transitions se passent bien, c’est là où l’on a préparé les choses suffisamment en amont. C’est le cas en Allemagne, où il n’y a pas eu de licenciement, parce que l’on a préparé les choses à l’avance. Je veux vraiment insister pour que l’on continue ce travail de préparation le plus tôt possible en ayant des chiffres clairs. Et ce, tant sur le degré de dépendance à l’activité nucléaire des sous-traitants que sur le nombre précis d’employés dont on aura besoin dans le cadre des opérations de démantèlement, pour mettre en place l’accompagnement nécessaire des autres employés et notamment des moins de 45 ans qui ne doivent pas être oubliés dans le cadre des opérations à venir.