Selon l’ARES, plus de la moitié des étudiants qui commencent un cursus en soins infirmiers ne persistent pas dans ces études

A l’occasion de ma dernière question orale au sujet de la baisse dramatique des chiffres des inscriptions en soins infirmiers, la Ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Glatigny, m’indiquait que l’ARES avait réalisé une analyse des abandons d’études en soins infirmiers sur cinq types de cohortes, entre 2016-2017 et 2019-2020.

La Ministre précisait également que, selon cette analyse, plus de la moitié des étudiants de première génération abandonnent leurs études, là où le taux d’abandon par les étudiants en fin de cycle est plutôt faible.

D’où ces nouvelles questions adressées à la Ministre :

  • Serait-il possible de connaître les détails de cette analyse? Quels sont les pourcentages exacts d’étudiants qui abandonnent leur cursus en soins infirmiers, et à quel stade du parcours? Les tendances relevées sont-elles uniformes partout en Wallonie? Les chiffres sont-ils similaires aux chiffres d’abandon pour d’autres filières de l’enseignement supérieur?
  • Quelle interprétation retenez-vous de cette analyse? Quels sont les facteurs déterminants de ces abandons? Quelles solutions entendez-vous mettre en place pour réduire les abandons de cursus, en particulier en première année?
  • Afin de pouvoir réagir rapidement aux réalités de terrain, il serait utile que les cadastres soient dynamiques et régulièrement tenus à jour. Envisagez-vous de rendre des estimations des taux d’abandons disponibles plus régulièrement, notamment avant la fin de la période d’inscriptions?

Réponse de la Ministre :

“L’analyse de l’ARES porte sur un suivi de différentes cohortes qui sont le résultat de la combinaison d’une année académique et d’une caractéristique.

Les années académiques vont de 2016-2017 à 2019-2020 (dernière année pour laquelle l’ARES dispose actuellement des données).

Les caractéristiques sont au nombre de 5 : première génération, primo-inscrit, inscription aux premiers crédits du cycle, inscription aux derniers crédits du cycle (année diplômante) et inscription en poursuite d’études (ni premiers ni derniers crédits du cycle).

Il y a donc 20 cohortes suivies (4 années académiques x 5 caractéristiques). Pour chacune d’entre elles, le nombre d’abandons par année est indiqué, ainsi que le nombre d’étudiants diplômés à la fin du suivi et le nombre d’étudiants toujours présents à la fin du suivi.

Le détail des chiffres permet également de calculer les taux d’abandon après une année, ce qui permet de comparer les différentes cohortes entre elles (en s’affranchissant de la différence du nombre d’années de suivi) et d’avoir une idée de l’évolution des taux d’abandon.

Les pourcentages d’étudiants qui abandonnent leur cursus en soins infirmiers sont repris, d’une part, dans les colonnes “pourcentage d’abandons”, qui permettent de voir quel est le pourcentage après “x années”, et, d’autre part, de manière plus globale dans la colonne “total”. Par exemple, pour les étudiants de première génération de l’année académique 2016-2017, le taux d’abandon calculé après les résultats de l’année académique 2019-2020 est de 58%. Pour cette même cohorte, le taux d’abandon après un an est de 36%.

Il convient de préciser que ce suivi de cohortes ne permet pas de déterminer les facteurs d’abandon. Ceci étant dit, comme vous pouvez le vérifier, il ressort notamment de ce cadastre qu’un peu plus de la moitié des étudiants de première génération, qui commencent un cursus en soins infirmiers, ne persistent pas dans ces études, ce qui met en évidence l’importance de l’orientation. En revanche, les étudiants ayant réussi le début du cursus et ayant obtenu au moins 45 crédits persistent plus facilement dans cette voie. Le taux d’abandon des étudiants arrivant en fin de cycle est, sans grande surprise, très faible.

Les résultats sont assez similaires à ceux qui concernent les autres formations dans l’enseignement supérieur, notamment en ce qui concerne la proportion d’étudiants de première génération. On connaît, à cet égard, l’importance de l’orientation et la difficulté de la transition entre l’enseignement secondaire et l’enseignement supérieur. À ce sujet, il n’y a pas de particularité propre à la formation infirmière.

Les cohortes n’ont pas été différenciées selon leur lieu d’origine dans ce suivi. Dans une autre analyse similaire, que vous trouverez également en annexe, la notion de lieu de résidence montre des variations du taux d’abandon près un an, entre provinces (en rouge dans le graphique, pour les cohortes 2013-2014 à 2018-2019).

Une partie des variations s’explique par le fait que le nombre d’étudiants par provinces peut varier du simple au triple.

Enfin, en ce qui concerne la possibilité de rendre les cadastres dynamiques et de les tenir régulièrement à jour, il est prévu à terme que les données soient disponibles plus rapidement, notamment lorsque SIEL-SUP entrera en production.

L’Ares travaille également à la conception de tableaux de bord qui reprendront différents indicateurs et leur suivi dans le temps. Une version de travail peut être consultée ici : https://public.tableau.com/app/profile/ares.data/viz/BIRSG-DashBoard/Entrants

Les chiffres qui y sont repris n’ont toutefois pas encore été vérifiés dans leur intégralité. La mise en page n’est pas réalisée et la majorité des graphiques ne peuvent être interprétés sans avoir pris connaissance du dictionnaire des données. Une première version aboutie de ce tableau de bord devrait voir le jour au premier semestre 2022.

Je ne manquerai pas de refaire un point en temps voulu sur cette version aboutie du tableau de bord.