On se souvient tous du scandale de l’arrestation de Junior Masudi Wasso, le 18 septembre dernier, et de son enfermement pendant plus de deux semaines. Pourtant inscrit en bonne et due forme à l’UCLouvain, cet étudiant originaire de la RDC s’était vu refuser l’accès au territoire lors de son arrivée à Zaventem, et avait ensuite passé 17 jours en centre fermé avant d’être libéré.
Depuis lors, pas moins de quatre cas d’étudiants ou chercheurs arrêtés malgré des documents en règle sont à dénombrer et ont fait la une de l’actualité.
Et à ceux-ci s’ajoute désormais la triste histoire d’Ouima Ziti, étudiante en dentisterie en Roumanie, refoulée à l’aéroport de Charleroi et placée durant 11 jours en centre fermé, alors qu’elle souhaitait simplement passer les fêtes en France avec sa famille et transiter pendant quelques jours par la Belgique. Son visa a ensuite été abrogé, et elle a été expulsée à ses frais vers la Roumanie la veille de Noël. Elle craint désormais de perdre définitivement son visa, nécessaire à la poursuite de ses stages à l’étranger dans le cadre de ses études.
Ces situations sont inacceptables et renvoient à chaque fois une image désastreuse de notre pays et de notre enseignement supérieur.
A la demande de la Ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Glatigny, et à la suite de sa rencontre avec Sammy Mahdi, l’ARES devait vous faire part, pour ce 21 janvier, d’un rapport reprenant les problèmes survenus relativement à l’accueil des étudiants internationaux, ainsi que des pistes de solutions à l’étude.
D’où ces questions à la Ministre Glatigny :
- Quels sont les résultats de cet avis ?
- Quelle est la proportion d’étudiants étrangers ayant fait l’objet de refus d’entrée sur le territoire ?
- Comment ce chiffre a-t-il évolué ces dernières années ?
- Quelles pistes de solutions envisagées par l’ARES pourriez-vous mettre en place ou porter auprès de vos collègues fédéraux ?
- Des initiatives peuvent-elles être prises afin de permettre un accès plus régulier et systématique aux chiffres concernant le nombre d’étudiants étrangers ayant fait l’objet de refus d’entrée sur le territoire ?
- Une évaluation du fonctionnement de la police aux frontières fait-elle partie des pistes ?
Dans sa réponse, la Ministre indique notamment avoir “demandé à l’ARES de me remettre une analyse des problèmes identifiés, des propositions d’amélioration du processus et des questions à adresser à l’Office des étrangers. Sammy Mahdi a fait une demande similaire aux acteurs qui relèvent de ses compétences. (…) Concernant les statistiques de refus d’accès au territoire, nous ne disposons actuellement pas de tels chiffres.“
Nous attendrons l’analyse complète que la Ministre fera du rapport qui lui a été remis, mais les premiers éléments dont elle nous a fait part montrent toutes les difficultés et les barrières existantes.
Nous aurons besoin de la mobilisation de l’ensemble des acteurs, dont celle de la Ministre, pour les dépasser. Je salue les initiatives déjà prises en la matière et pour les différentes démarches en cours.
Nous devons aujourd’hui pouvoir objectiver les choses en travaillant sur les statistiques pour montrer que le problème est bien réel et surtout pouvoir faire évoluer les règles.
La plupart des éléments relèvent de la compétence du niveau fédéral, notamment le pouvoir discrétionnaire de la police aux frontières, et certains doivent être clairement revus.
Je compte toutefois sur la Ministre pour porter un message fort face à ses homologues de l’Asile et de la Migration et de l’Intérieur, et ce, sur la base des rapports objectivés de l’ARES et de ceux des instances fédérales.