L’ARES a récemment mis en ligne le troisième numéro de StatSup’Info, une publication de sa direction des études et des statistiques très utile et éclairante. Ce troisième numéro s’intéresse aux caractéristiques de la mobilité des étudiants et des membres du personnel des établissements d’enseignement supérieur en Fédération Wallonie-Bruxelles, spécifiquement les mobilités opérées dans le cadre du programme Erasmus et les mobilités bénéficiant du soutien de FAME (Fonds d’aide à la mobilité étudiante).
Cet exercice statistique constitue un élément particulièrement positif, même si la période analysée s’étend entre 2014 et 2018, soit avant la crise sanitaire mondiale qui a tant perturbé le quotidien et les projets des acteurs de notre enseignement supérieur.
L’ARES précise que les données à disposition à ce stade ne permettent pas encore de mesurer précisément les effets du COVID sur la mobilité, mais (et c’est tout à l’honneur des équipes de la direction des études et des statistiques de l’ARES qui a réalisé deux enquêtes auprès des établissements d’enseignement supérieur francophones) sont néanmoins inclus plusieurs chiffres et statistiques préliminaires en lien avec la crise sanitaire.
Ceci dit, la période analysée fait déjà état d’une légère diminution des mobilités étudiantes, à l’inverse des membres du personnel pour qui l’augmentation semble constante. Ensuite, la crise aurait fait apparaître des réalités très différentes entre les types d’établissements. Au sein des universités et des ESA, plus de 75 % des mobilités prévues ont pu se poursuivre lors de la première vague, mais une mobilité sur deux a dû être annulée pour les Hautes Ecoles.
D’où ces questions adressées à la Ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Glatigny :
- Quel est votre point de vue sur cette disparité ? Est-ce uniquement en raison de la plus grande proportion de mobilités à des fins de stage dans les Hautes Ecoles ou existent-ils d’autres explications d’ordre budgétaire, organisationnel ou administratif ?
- Entre 2014 et 2018, les destinations les plus prisées par nos étudiants en Erasmus étaient l’Espagne, la France et le Royaume-Uni. Depuis lors, nous avons connu le Brexit et une crise sanitaire qui laisse encore beaucoup d’incertitudes. Dès lors, Madame la Ministre, pourriez-vous faire le point à propos de la mobilité étudiante vers le Royaume-Uni depuis ma dernière question parlementaire à ce sujet ? Quelle est la force des partenariats entre nos établissements et les établissements britanniques ? Les Hautes Ecoles et les ESA sont-elles également concernées par ces partenariats ?
- Et enfin, que pouvez-vous nous dire de l’état des budgets du programme Erasmus+ et du Fonds d’aide à la mobilité étudiante pour la Belgique et pour la FWB en particulier ? Les services de nos établissements sont-ils en capacité pour répondre aux questions des étudiants et des membres du personnel qui souhaiteraient s’engager dans l’aventure ?
Réponse de la Ministre :
“Dans le cadre de l’enquête réalisée par la Direction des relations internationales de l’ARES en avril2020, les établissements ont communiqué le pourcentage des mobilités qui, au cours du second quadrimestre de l’année 2019-2020, ont pu être poursuivies physiquement ou virtuellement après un retour en Belgique, de celles qui ont été annulées en cours de route et de celles qui ont tout simplement été annulées avant leur début. Les raisons derrière ces statistiques n’ont pas été abordées. Toutefois, les données sur les mobilités du programme «Erasmus+» réalisées entre juin2014 et décembre2018 indiquent que la proportion de mobilités à des fins de stage est plus élevée pour les hautes écoles, avec 35,8%, que pour les ESA et les universités, avec respectivement 11,6% et 16,4%. Nous pourrions donc hypothétiquement et partiellement corréler cette tendance à l’impact qu’a eu la crise sur les mobilités lors de la première vague, même si d’autres facteurs entrent également en ligne de compte.Bien avant le Brexit, les établissements d’enseignement supérieur ont pris con-tact avec les établissements britanniques avec lesquels ils avaient développé –ou souhaitaient le faire –des partenariats et collaborations. Depuis le Brexit, les accords interinstitutionnels ont été massivement renouvelés. D’après les in-formations reprises sur les sites internet de ces établissements, ces partenariats lient tant les universités –environ 90–que pour les hautes écoles –un peu moins de 30; les ESA ont quant à elles noué cinq partenariats. Les établissements d’enseignement supérieur du Royaume-Uni constituent des partenaires privilégiés de nos établissements avec lesquels les collaborations –tous types d’enseignement confondus–existent de longue date et concernent l’ensemble des missions d’enseignement, de formation, de recherche et de service à la collectivité. D’après les retours du Conseil supérieur de la mobilité étudiante (CSM), la mobilité étudiante de la Fédération vers le Royaume-Uni, au même titre que les mobilités européennes, semble repartir à la hausse.Nous ne sommes pas encore en mesure de tirer des conclusions, d’une part, parce que nous ne disposons pas de données consolidées sur les mobilités sortantes de cette année et, d’autre part, parce que l’impossibilité de réaliser les mobilités lors de l’année académique précédente pourrait engendrer un volume de mobilité plus important cette année. À ce stade de l’année, les données du rapport intermédiaire soumis par les établissements à la fin du mois de janvier doivent encore être analysées par l’Agence francophone pour l’éducation et la formation tout au long de la vie (AEF) Europe. Les données finales relatives à toutes les mobilités réalisées vers le Royaume-Uni en 2021-2022 ne seront disponibles qu’à la fin de l’appel 2021, soit en octobre 2023. Cela étant, il sera néanmoins possible d’avoir une vision plus précise des mobilités effectuées en2021-2022 au cours du premier quadrimestre de l’année acadé-mique2022-2023. Nous verrons alors si les signaux positifs se confirment.Du point de vue de la mobilité entrante, le programme britannique «Turing»lancé en mars2021 semble avoir connu des débuts fructueux. Pour ce premier appel, tout le budget a été consommé et environ 200étudiants britanniques ont effectué ou effectueront une mobilité vers la Belgique, toutes Communautés confondues, au cours de l’année2021-2022. Les autorités britanniques ont déjà confirmé la reconduction du programme pour trois années supplémentaires et le budget de 110millions de livres sterling pour l’année académique2022-2023. Si, pour cette première année, le budget total accordé sous «Erasmus+»était exceptionnellement inférieur au budget alloué pour l’appel2020, je note tout de même que le financement, entre les programmations «Erasmus+»2014-2020 et 2021-2027, a presque doublé pour atteindre 26,2 milliards d’euros pour cette nouvelle programmation. Par ailleurs, le nouveau programme «Erasmus+»pro-pose des changements majeurs d’offres et de soutien à la mobilité: les taux de bourse ont notamment été revus à la hausse, passant à peu près du simple au double; des aides significatives sont désormais prévues pour les étudiants dits «avec moins d’opportunités»;de nouveaux formats de mobilités –hybrides et les programmes intensifs de courte durée–ont vu le jour en vue de rendre le programme accessible au plus grand nombre possible d’étudiants. Enfin, la liste des pays de destination hors Europe a été élargie,et jusqu’à 20% du budget perçu par un établissement peuvent y être alloués.L’écart entre les bourses «Erasmus+»et celles du Fonds d’aide à la mobilité étudiante (FAME) posait déjà problème avant l’arrivée de la nouvelle programmation et s’est davantage creusé. Dans ce cadre, le Conseil supérieur de la mobilité étudiante (CSM) a entrepris un profond travail de refonte des montants alloués pour le FAME afin de permettre un alignement des bourses FAME et Erasmus. Dans un premier temps, l’écart entre les bourses a été comblé par les importants reliquats laissés par la crise sanitaire. Ensuite, grâce aux moyens budgétaires que le gouvernement a dégagés à ma demande, le FAME a été revalorisé à hauteur de 3,1millions d’euros, soit près du double de la dotation de 1,6million d’euros accordée annuellement jusqu’à ce jour.Enfin, le nombre de membres du personnel chargés des relations internationales au sein des établissements varie d’un établissement à l’autre, au même titre que le volume de mobilités. Ces services sont appuyés par l’AEF-Europe qui organise régulièrement des séances d’information sur le programme «Erasmus+» visant à soutenir les établissements dans leur démarche et dans la gestion des mobilités, ainsi que par la Direction des relations internationales de l’ARES, notamment au travers du CSM ou des rencontres visant le renforcement du dialogue et des échanges de bonnes pratiques entre responsables des relations internationales en Fédération Wallonie-Bruxelles.”
De façon générale, je ne dirai jamais assez à quel point les possibilités d’aller étudier à l’étranger sont de formidables opportunités. Il faut permettre à tous les étudiants de vivre cette aventure. Tout le travail mené notamment sur les bourses est donc fondamental.
La Ministre a cité les importants moyens supplémentaires qui viennent d’être débloqués pour permettre aux étudiants d’aller étudier à l’étranger. Il faut faire connaître ces possibilités de bourses. Le travail est mené à cet égard et je m’en réjouis vraiment. J’espère aussi que la situation sanitaire reviendra le plus rapidement possible à la normale, pour faciliter les échanges étudiants. Je maintiendrai une attention particulière sur la mobilité avec le Royaume-Uni. Mais, sur ce point, je constate que les chiffres repartent à la hausse, ce qui me réjouit !