Rapport sur les discriminations à l’encontre des personnes afrodescendantes : agir sur tous les leviers de l’enseignement supérieur

À l’occasion de la journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale, Unia publiait un rapport sur les discriminations des personnes afrodescendantes en Belgique et émettait une série de recommandations. Emploi, logement et enseignement sont trois grands domaines dans lesquels les discriminations et les inégalités se font particulièrement sentir.

Reprenant le travail du WGEPAD (le Working Group of Experts on People of African Descent) des Nations Unies, Unia plaide pour plus de recherches scientifiques, en ce compris pour stimuler la recherche en créant des chaires spéciales d’Études africaines, en recrutant des chercheurs afrodescendants et en renforçant la diversité dans le monde de la recherche. Ceci rejoint les conclusions du rapport final du groupe de travail multidisciplinaire mandaté par le CRef et le VLIR qui était chargé d’analyser la question de la décolonisation au sein de nos universités. Nous vous avions déjà posé une question à ce sujet l’année dernière.

Il y a donc plusieurs mesures à prendre, de la part des établissements, pour faciliter et enrichir la diversité au sein des universités : au niveau du recrutement et au niveau de la gestion des carrières.

D’où ces questions adressées à la Ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Glatigny :

  • Madame la Ministre, avez-vous pris connaissance de ce rapport d’Unia ?
  • Quelles conclusions en avez-vous tirées en ce qui concerne vos compétences ?
  • Quelles démarches avez-vous entreprises afin de répondre aux recommandations émises dans leur rapport ?
  • Une initiative de votre part à destination des autorités académiques afin de suggérer des créations de chaires spéciales d’études africaines, et de pallier au manque de diversité au sein des équipes universitaires, des hautes écoles et des ESA est-elle en cours ?
  • Quelles démarches avez-vous entreprises afin que les nombreuses équipes de ressources humaines de nos établissements puissent appliquer les recommandations du rapport ?
  • Ces équipes sont-elles sensibilisées à l’approche décoloniale ?

Réponse de la Ministre :

“Je n’ai malheureusement pas encore pu prendre connaissance du rapport d’Unia, car ce document ne m’a pas été adressé.Les entités fédérées et le niveau fédéral préparent en ce moment un plan d’action national de lutte contre le racisme. L’intensification de la politique de diversité dans l’enseignement et la formation constitue l’un des objectifs prioritaires de ce plan d’action.Quant à la création d’un master ou d’une chaire en études postcoloniales, ce type d’initiative doit, selon moi, naître d’une volonté des acteurs de l’enseignement. Il ne doit pas découler d’une approche «top-down» qui instrumentaliserait la question coloniale. Je reste évidemment attentive à toute autre question à ce sujet.”

Je ne peux donc qu’inviter la Ministre à prendre connaissance de ce rapport en profondeur et à appliquer les recommandations. Je reviendrai ultérieurement vers elle sur ce sujet pour faire le point.

L’essentiel est de mener un travail systémique en agissant sur tous les leviers, certes dans l’enseignement supérieur, mais aussi dans tous les autres domaines de la société. Encore cette semaine, la commission des Affaires générales a adopté un texte important en rapport avec la décolonisation et l’enseignement de l’histoire coloniale : il s’agit de la proposition de résolution concernant la mise en place en Fédération Wallonie-Bruxelles d’un plan transversal, structurel, inclusif relatif à l’histoire coloniale belge et à ses conséquences. Ce texte porté par mon collègue M. Kalvin Soiresse Njall évoque le travail structurel qu’il faut mener.

Par conséquent, la Ministre et nous en tant que députés devons prendre des mesures structurelles ; nous ne pouvons pas nous contenter d’attendre que les acteurs prennent d’eux-mêmes des initiatives. Le travail doit se mener à la fois selon une approche “top-down” et une approche “bottom-up”.