Festivités estudiantines : améliorer l’encadrement dans et hors campus

En ce moment à Hasselt se tient le procès de l’affaire dite « Reuzegom » qui a coûté la vie à un jeune homme qui étudiait à la KUL. Nous n’oublions pas non plus le jeune Namurois de 19 ans qui est décédé il y a quelques mois, à Gedinne, dans le cadre d’une activité de baptême.

Nous sommes toutes et tous particulièrement concernés par ces baptêmes estudiantins qui finissent en tragédie. Ce n’est évidemment pas là l’objectif du folklore. Mais les exemples de comportements abusifs et transgressifs et qui ne mènent pas tous à la mort sont aussi légion : harcèlement, violences sexistes et sexuelles, abus d’alcool et de drogues, séquelles graves. Je sais que vous y êtes sensible, Madame la Ministre.

La presse se faisait l’écho du fait qu’une réunion s’est tenue le lundi 2 mai entre le cabinet de la Ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Glatigny, et le GT ad hoc de l’ARES.

D’où ces questions à la Ministre :

  • Pouvez-vous nous faire part des conclusions de cette réunion ? Comment envisagez-vous l’évolution, l’adaptation et l’adoption de la charte sur les festivités estudiantines ? Celle-ci sera-t-elle contraignante ?
  • Comment voyez-vous cette « responsabilité contractuelle » entre les cercles étudiants et les autorités académiques que vous mentionniez dans la presse ?
  • Certaines activités folkloriques se déroulent « hors des murs » de l’université et certains établissements invoquent cette raison pour ne pas s’en préoccuper. Comment pensez-vous qu’il soit possible de palier à cette absence de prise de responsabilités dès lors que le lien avec le cadre étudiant est pourtant évident ?
  • Et enfin, pouvez-vous nous en dire plus sur cette excellente initiative de votre part d’organiser une séance académiques à ce sujet lors de la prochaine rentrée académique et rassemblant tous les acteurs, les experts et les spécialistes ?

Réponse de la Ministre :

“Le 2 mai dernier, j’ai eu l’occasion d’introduire la quatrième réunion du groupe de travail organisé à ma demande par l’ARES. Sa mission était d’analyser l’utilisation et l’efficacité de la charte sur les baptêmes estudiantins sur le terrain ainsi que d’organiser une conférence réunissant les autorités académiques, les cercles étudiants, les autorités locales et des experts psychosociaux pour réfléchir à la lutte contre une consommation excessive d’alcool lors d’activités estudiantines et à la manière d’organiser ces activités en toute sécurité, dans le respect de l’intégrité physique et morale des étudiants.Je précise que nous ne souhaitons pas interdire les activités. Comme plusieurs d’entre vous, j’ai été moi aussi baptisée et je connais l’importance de ce rite de passage dans l’enseignement supérieur pour faire partie d’un groupe et apprendre certains codes. Cela peut être extrêmement utile et structurant pour les jeunes. Par ailleurs, plusieurs incidents dramatiques ont eu lieu récemment. J’attire donc l’attention des étudiants sur les risques qu’ils encourent pour leur sécurité, mais aussi leur santé.Les pertes de mémoire des événements survenus la veille, lorsqu’elles surviennent à répétition, peuvent occasionner des dommages irréversibles sur des cerveaux encore en pleine maturation. Tout cela nuit aux activités de mémorisation, pourtant cruciales pendant le cursus académique.

Lors de la réunion du 2 mai, de nombreux représentants des cercles étudiants ont partagé leurs réflexions sur la charte actuelle. Les questions concernant le statut des activités, folkloriques, baptismales ou autres, et le lieu de leur organisation ont évidemment été abordées. J’attends avec impatience les résultats de ces travaux qui déboucheront sur une actualisation de la charte. Je remercie les étudiants présents lors de la réunion, alors que la période de blocus approchait.

Ils ont présenté les diverses bonnes pratiques déjà existantes. Nous ne partons pas de rien et nous nous appuyons sur les mesures déjà adoptées par les étudiants. La plupart des activités se déroulent d’ailleurs sans problème. Parmi les bonnes pratiques, on compte la formation des responsables des cercles d’étudiants au brevet européen de premier secours (BEPS), au bien-être ou encore au consentement. Ces formations sont généralement organisées et financées par les autorités académiques. Citons aussi la désignation spécifique d’un étudiant en tant que responsable de la sécurité. Cet étudiant est spécialement formé à cet effet et dresse, à l’usage des autorités académiques, une liste des risques avec une description des moyens de les éviter. Le responsable de la sécurité est formé au BEPS et doit être sobre pendant toute la durée de la guindaille. Il est chargé de gérer les carnets de santé des bleus et vérifier le matériel de premier secours, entre autres.Certains cercles disposent d’une liste de vérification préalable à chaque événement ou mettent à disposition de leurs membres une fiche où figurent tous les numéros d’urgence, y compris les coordonnées d’un médecin joignable et informé de l’activité. Certains préviennent aussi les autorités locales.

Le degré de structuration des cercles est donc variable. Certains sont mieux informés des risques juridiques encourus en cas d’encadrement suffisant, d’autres ne le sont pas du tout. Les exigences de sécurité pour l’encadrement d’un grand nombre de personnes devraient être uniformisées et prendre la forme de recommandations d’usage. Pour prendre un exemple, les mouvements de jeunesse utilisent des recommandations de ce type lorsqu’ils prennent en charge un groupe d’un certain volume.Dans certaines universités, des réunions hebdomadaires sont organisées entre les cercles et le vice-recteur responsable des affaires étudiantes pendant la période des activités. De telles pratiques sont moins fréquentes parmi les hautes écoles, qui entretiennent avec leurs cercles des relations plus distantes, voire inexistantes. La structuration est donc plus faible entre les cercles et les hautes écoles. Les cercles des hautes écoles semblent, eux-mêmes, moins structurés en interne.

Lors de la réunion, les intervenants ont envisagé l’idée de mettre à disposition des locaux pour les activités folkloriques. De tels services pourraient être condition-nés au respect d’engagements plus formels entre les cercles et les autorités. Toutefois, il faudra effectivement prêter attention à l’équilibre des mesures pour éviter le risque de glissement de certaines activités vers la clandestinité.

La prochaine réunion du groupe de travail se tiendra le 17 mai. Il sera question de finaliser le programme de la conférence et d’en fixer la date, qui se situera très probablement au mois de septembre. Cette conférence sera également l’occasion de présenter la nouvelle version de la charte, que je souhaite faire appliquer en vue de la prochaine rentrée académique.”

Je souligne les efforts consentis en la matière pour préserver les activités étudiantes, car j’y suis particulièrement attaché. Il faut préserver le folklore tout en évitant les dérives et les drames.

La Ministre mentionne l’idée de partir des bonnes pratiques. Pour ma part, j’y vois la façon la plus efficace et la plus pratique de fonctionner. La date du 17 mai est la prochaine échéance fixée sur cette question. Je l’interrogerai à nouveau après cette date pour connaître le fin mot de l’histoire.

J’insiste sur deux éléments : (1) l’utilité de rendre cette charte contraignante et (2) l’importance de travailler également sur le rôle et la responsabilité des établissements d’enseignement supérieur dans toutes les activités étudiantes, même celles qui se déroulent en dehors des campus.

La Ministre a cité le cas spécifique des hautes écoles. Je pense qu’il existe là une dimension particulière à avoir en tête. Je me réjouis de constater qu’elle y est attentive.