Une nouvelle enquête concernant les violences sexistes et sexuelles en milieu universitaire vient de livrer des résultats particulièrement interpellants.
Cette enquête, baptisée UniSAFE, a été menée auprès des membres du personnel et des étudiants de 46 universités et organismes de recherche en Europe. Il s’agit de la plus grande enquête menée à ce jour dans l’espace européen de la recherche, avec plus de 42.000 réponses collectées. En FWB, les universités de Liège et de Namur y ont participé, l’université de Gand en Flandre.
Et les résultats ne peuvent laisser indifférent : 62% des répondants disent avoir subi au moins une forme de violence sexiste ou sexuelle depuis le début de leur travail ou études. Les femmes (66 %) et les personnes non binaires (74 %) sont plus susceptibles que les hommes d’avoir subi toute forme de violence. En outre, les répondants s’identifiant comme LGBQ+ (68%), ayant déclaré un handicap ou une maladie chronique (72%) ou appartenant à un groupe ethnique minoritaire (69%) sont plus susceptibles d’avoir subi au moins un incident de violence sexiste.
La violence psychologique est signalée comme la forme de violence la plus répandue. En outre, près d’un étudiant ou employé sur trois déclare avoir été victime de harcèlement sexuel au sein de son établissement, tandis que 6 % des répondants a subi des violences physiques et 3 % des violences sexuelles.
Ces résultats s’ajoutent à ceux de l’enquête menée par la FEF publiée fin septembre, qui dévoilait qu’un étudiant sur six se dit victime de harcèlement et 90 % des victimes n’osent pas porter plainte.
Plus que jamais, nous devons agir, et rapidement.
Il est urgent d’adopter un cadre légal spécifique à l’enseignement supérieur (celui-ci est demandé par tous les acteurs) qui doit imposer des procédures claires et la facilitation du dépôt des signalements de faits de harcèlement, de discriminations et de violences, à l’interne de chaque établissement via une cellule indépendante, mais aussi via un dispositif externe à l’échelle de la Fédération.
Ce que révèlent ces études, c’est que les victimes ne signalent pas les faits, faute d’un cadre légal suffisamment adapté ou d’une confiance dans celui-ci.
Ainsi, l’enquête UniSAFE l’indique également : parmi les répondants ayant subi des violences sexistes, seuls 13% les ont signalées. Ceci est très grave et justifie, pour le groupe Ecolo d’avoir une cellule interne à chaque établissement, clairement identifiée, qui fournit un accompagnement adéquat, disposant d’une procédure limpide pour tous.
D’où ces questions à la Ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Glatigny :
- Comment réagissez-vous aux résultats de l’enquête UniSAFE ?
- Cela influence-t-il votre stratégie et le calendrier que vous vous êtes fixés en matière de réponse aux harcèlements et violences sexistes et sexuelles en enseignement supérieur ?
- Vu l’urgence d’agir et les résultats publiés par la FEF et UniSAFE, quelles mesures rapides complémentaires prenez-vous, en particulier pour mettre en œuvre la résolution de lutte contre le harcèlement et les violences sexistes dans l’enseignement supérieur ?
Réponse de la Ministre :
“J’ai bien pris connaissance des résultats de l’enquête d’UniSAFE, qui seront certainement validés de manière plus précise et complète par l’étude que nous avons nous-mêmes lancée.
La Fédération Wallonie-Bruxelles dispose déjà de cadres légaux permettant de lutter contre le harcèlement, comme l’a démontré l’intervention de l’auditorat du travail au mois de septembre dernier devant le tribunal du travail du Brabant wallon, dans le contexte de l’enquête sur le harcèlement à l’Université catholique de Louvain (UCLouvain). Cette intervention a été effectuée dans le cadre de la loi du 4 août 1996 relative au bien-être des travailleurs lors de l’exécution de leur travail.
D’autres cadres légaux complètent cette loi, comme le décret du 12 décembre 2008 relatif à la lutte contre certaines formes de discrimination. Nous en évaluons actuellement la mise en œuvre effective au sein des établissements. Le deuxième volet de l’étude a d’ailleurs été attribué aux professeurs de l’Université de Liège (ULiège) Fabienne Glowacz, Catherine Fallon et Benoît Dardenne. C’est sur la base des résultats de cette étude que nous travaillerons à l’instauration d’éventuels dispositifs complémentaires.”
Je ne doute pas que les conclusions de l’étude propre à la Fédération Wallonie-Bruxelles confirmeront les résultats de celle d’UniSAFE. J’espère qu’elles seront aussi complètes et exploitables que possible et qu’elles nous donneront enfin une vision claire du harcèlement en Fédération Wallonie-Bruxelles. C’était d’ailleurs le premier volet de la résolution que nous avons adoptée à ce sujet.
Toutefois, cette même résolution mentionne aussi l’adoption d’un cadre légal spécifique à la Fédération Wallonie-Bruxelles. Étant donné l’ampleur du phénomène et le fait que tous les acteurs réclament un tel cadre, nous devons également avancer dans ce sens. Certes, il existe déjà certains éléments, mais ils sont parcellaires. L’ARES et Unia, le Centre interfédéral pour l’égalité des chances, estiment que les différences de traitement entre établissements, entre étudiants et entre types de harcèlement justifient l’instauration d’un cadre légal spécifique. Nous devons apporter une réponse uniforme pour que les étudiants sachent comment réagir en
cas de harcèlement et pour établir une procédure qui permette aux établissements de disposer des outils nécessaires.