Les études d’infirmiers et d’infirmières sont passées à 4 ans il y a quelques années et les écoles proposant le cursus et les hôpitaux et autres lieux de travail tentent de résorber lentement mais sûrement le nombre descendant d’inscrits et de jeunes travailleurs qu’a représenté la réforme.
Il est de plus en plus courant de réaliser une 5e année d’études afin de se spécialiser : en soins intensifs, en oncologie, en soins néonataux intensifs, en urgence, etc. Le souci, c’est que même au sein de ces spécialités, les infirmières et infirmiers ne bénéficient pas toutes et tous du même traitement suite à la réforme de l’IFIC. Concrètement, cela signifie qu’à nombre d’études égal, le traitement est inégal.
Alors, évidemment, le traitement des infirmiers et des infirmières ne fait pas partie de vos compétences, Madame la Ministre, mais leurs études, oui.
D’où ces questions à la Ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Glatigny :
- Comment nos écoles d’arts et de soins infirmiers en FWB concilient-elles cette réalité du terrain avec le déroulé des études et la valorisation de celles-ci ? Les professeurs ont-ils tendance à orienter leurs étudiants dans l’une ou l’autre filière ? Bref, est-ce que des conséquences des traitements inégaux des infirmiers se font ressentir dans les écoles, auprès des étudiants ? Et si oui, quelles sont-elles ?
- Quelles démarches avez-vous entreprises afin de veiller à une équité parmi les étudiants au sein des programmes d’études infirmières, dans une perspective de santé publique et en bonne entente avec vote homologue de la santé au fédéral ?
- Avez-vous notamment évoqué ce sujet de la différence de valorisation salariale entre spécialisations avec le fédéral ?
- Disposez-vous désormais, depuis notre dernière discussion sur le sujet, des derniers chiffres d’inscription pour cette année dans les études de soins infirmiers en FWB ?
- Enfin, je permets de vous demander de faire le point à propos de la réforme du brevet en FWB : où en sommes-nous ? Où en est l’état des discussions à ce sujet à la fois au niveau fédéral (un accord a été conclu très récemment il me semble) et au niveau de leur impact sur les études en FWB ?
Réponse de la Ministre :
“Comme vous le mentionnez, l’implémentation de la classification de fonctions (IFIC) dans le secteur hospitalier est une décision fédérale, qui résulte d’un processus de concertation sociale entre employeurs, SPF santé publique et les organisations syndicales.
A l’occasion de l’inauguration de l’Institut de cancérologie Arsène Burny du CHU Liège, le 2 décembre dernier, j’ai toutefois pu rencontrer des infirmiers spécialisés en oncologie qui m’ont fait part de leurs préoccupations relatives à l’implémentation de la classification de fonction (IFIC).
En effet, lors de l’instauration du barème IFIC, les infirmiers spécialisés en oncologie, comme du reste d’autres porteurs d’un titre professionnel particulier, ont été assimilés à la catégorie et au barème IFIC 14, comme les infirmiers en soins généraux (non spécialisés), et non à la catégorie et au barème IFIC15 qui est applicable pour les infirmiers spécialisés SIAMU, en salle d’opération et en néonatologie pédiatrique.
Lors de cette rencontre, je me suis engagée à relayer leurs revendications auprès du Ministre compétent dans ce domaine et j’ai ainsi adressé tout récemment un courrier en ce sens au Ministre fédéral de la Santé publique, Frank Vandenbroucke.
A noter que, quelques avancées pour le statut de l’infirmier spécialisé ont été obtenues via l’arrêté royal du 17 juillet 2022 prévoyant l’instauration d’une reconnaissance financière pour les infirmiers spécialisés sous forme de complément, et c’est important de le souligner.
Quant à la formation, la spécialisation en oncologie compte une année d’étude et celle-ci permet aux praticiens de l’art infirmier, de porter le titre particulier d’infirmier spécialisé en oncologie.
L’expertise de l’infirmier spécialisé en oncologie n’est pas remise en question, elle est d’ailleurs reconnue légalement et exigée par les institutions de soins. En effet, l’arrêté royal du 21 mars 2003 fixant les normes auxquelles le programme de soins de base en oncologie et le programme de soins d’oncologie doivent répondre pour être agréés, stipule que la chimiothérapie est administrée uniquement sous la surveillance d’infirmiers qui sont agrées comme infirmiers en oncologie ou qui suivent une formation afin d’obtenir cette qualification professionnelle particulière ou qui ont cinq ans d’expérience au moins dans la dispensation de soins aux patients souffrant d’affections oncologiques.
Selon les chiffres communiqués par l’Académie de Recherche et d’Enseignement Supérieur (ARES), depuis l’année académique 2018-19, le bachelier de spécialisation en oncologie comptait respectivement 57 inscrits ,16 en 2019-2020 et 38 en 2020-2021. Nous observons une légère augmentation de ces inscriptions entre 2020-21, preuve que cette formation continue de susciter les vocations afin de répondre à l’évolution constante des patients atteints de cancer et à l’apparition des techniques innovantes.
Nous ne disposons pas encore des derniers chiffres d’inscription pour cette année dans les études de soins infirmiers en Fédération Wallonie-Bruxelles.
En ce qui concerne l’avant-projet de loi modifiant la loi relative à l’exercice des professions des soins de santé, coordonnée le 10 mai 2015, je me permets de vous renvoyer à la réponse que j’ai formulée à la question orale de M. le Député Mourad SAHLI en commission du 12 décembre.”