Il y a quelques mois, un membre de l’Académie Royale de Belgique estimait que le QI humain dépendait de la couleur de peau. Un peu plus tard, il avait assigné aux hommes et aux femmes des qualités intellectuelles différentes. Et le voilà maintenant qui récidive avec des propos scandaleux prononcés une fois de plus sur Twitter.
Ainsi, ce 8 février 2023, l’intéressé s’amusait d’un jeu de mots dans une comptine pour illustrer une potentielle lapidation d’une autre personnalité publique : Fatima Zibouh.
Il va sans dire que notre groupe condamne les propos de l’intéressé qui s’inscrivent dans un torrent d’attaques racistes envers une figure Bruxelloise de premier plan. Nous rappelons tout notre soutien à cette dame, Mme Zibouh, qui subit un acharnement écœurant depuis sa nomination à Bruxelles2030.
Ces propos sont particulièrement choquants. Et le fait qu’ils soient prononcés par un membre de l’Académie Royale rajoute à la dimension choquante.
En décembre dernier, l’Académie royale de Belgique s’était jointe à la plainte déposée par Unia envers l’intéressé pour ses propos jugés racistes.
Ce moment d’actualité fut l’occasion de mettre en lumière l’absence de tout règlement disciplinaire au sein de l’Académie. Dans son communiqué du 15 décembre 2022, l’Académie annonçait la création d’un groupe de réflexion qui devra se prononcer « sur la nécessité ou non de pallier l’absence de tout règlement disciplinaire ».
Face à ces éléments, voici mes questions adressées à la Ministre de l’Enseignement supérieur :
- Avez-vous pris contact avec l’Académie royale de Belgique sur le sujet ?
- Dans son communiqué de Décembre 2022, l’Académie ne parle pas de créer de nouvelles balises mais d’abord de voir si c’est nécessaire qu’elles existent. Comment avance leur réflexion quant au règlement disciplinaire ?
- Face à ces incertitudes quant à leur auto-régulation, de quels leviers disposez-vous pour assurer la mise en place de balises éthiques vis-à-vis des membres de l’Académie ?
Réponse de la Ministre :
“Je condamne bien sûr de tels propos. Je tiens aussi à attirer votre attention sur le fait que, depuis le début de cette histoire, l’Académie royale a joué un rôle actif et pas seulement rhétorique dans la défense de nos valeurs démocratiques.
Si elle ne dispose pas de règlement disciplinaire, de même que ses consœurs, d’ailleurs, c’est avant tout parce qu’elle n’en avait jamais ressenti le besoin en 250 ans d’existence, 250 années durant lesquelles vous ne trouverez heureusement que très peu d’exemples de ce type d’incidents.
Mon équipe suit de près ce problème. Elle est en contact régulier avec le secrétaire perpétuel de l’institution. J’ai d’ailleurs personnellement apporté mon soutien public à l’institution dans son travail de rédaction d’un règlement d’ordre intérieur. La commission administrative de l’Académie royale a en effet désigné en décembre un groupe de réflexion sur la question du règlement disciplinaire. La prochaine réunion du groupe est fixée au 1er mars et son rapport est attendu pour le 27 mars. Si la commission administrative s’accorde sur un texte, c’est à l’assemblée générale qu’il reviendra de statuer. Dans ce cas, une assemblée générale extraordinaire sera convoquée au plus vite.
Il appartient à l’institution de placer le curseur au bon endroit entre la liberté d’expression, d’une part, et les faits de discrimination et de racisme, d’autre part. Ceux-ci constituent des délits. En la matière, les cours et les tribunaux peuvent être saisis, le cas échéant.“
Ces propos inacceptables doivent être condamnés, d’autant plus qu’ils sont passibles de sanctions pénales. La position de la Ministre sur la question est extrêmement claire et s’aligne sur celle de l’Académie royale.
Cet incident met en évidence une lacune. Pour l’instant, en effet, il n’existe pas de sanctions possibles à l’égard des membres de cette institution. Heureusement, historiquement, cela ne s’était jamais avéré nécessaire. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.
J’espère donc qu’une procédure sera instaurée le plus rapidement possible grâce à l’adoption d’un règlement adapté. Nous en suivrons les développements, jusqu’à sa mise en œuvre.