Cela semblait le bon jour pour rendre hommage au personnel soignant. En particulier les étudiants stagiaires en soins infirmiers…
Car les infirmières et infirmiers, c’est le cœur de nos hôpitaux et de nos soins de santé. Pas d’infirmier, pas de soins de santé.
Et à la lecture des témoignages des stagiaires une nouvelle fois partagés dans la presse cette semaine, je ne vais pas vous dire que les bras m’en sont tombés, mais j’étais profondément choqué.
Des étudiants complètement abandonnés, humiliés même par les patients, mais aussi par leurs référents.
Des étudiants harcelés, victimes de racisme et de sexisme, considérés comme de la main d’œuvre gratuite corvéable à merci…
Et face à cela, l’inaction des écoles et de leurs coordinateurs !
Avec une conséquence : celle de briser des rêves nés de la volonté de certains jeunes de s’engager en voyant les héros du covid. Avec une nouvelle aggravation de la pénurie.
D’où ces questions à la Ministre de l’Enseignement supérieur :
- Qu’est-ce qui est fait pour mieux protéger et encadrer les étudiants stagiaires en soins infirmiers ?
- Comment faire mieux respecter la convention-cadre ?
- Un renforcement de l’encadrement des stagiaires au niveau des écoles est-il prévu, comme le demandent les acteurs ?
Il y a urgence. C’est une question de santé publique !
Réponse de la Ministre :
“Au début de mon mandat, j’ai d’ailleurs rencontré des représentants des étudiants infirmiers qui m’avaient expliqué, par exemple, que dans le calendrier de soins, il y a deux étudiants stagiaires pour un infirmier. Cette situation est évidemment inacceptable.
Nous devons veiller aux meilleures conditions d’encadrement possibles pour ces étudiants. C’est pourquoi nous avons élaboré une convention-cadre tripartite et rappelé les obligations aux trois parties, à savoir les établissements, les lieux de stage et les étudiants. Nous avons rappelé qu’un étudiant est avant tout une personne en formation. Cette convention de stage, préparée avec l’Académie de recherche et d’enseignement supérieur (ARES), est en cours d’évaluation. Un rapport me sera remis très prochainement. Nous en reparlerons sans doute en commission.
Je tiens aussi à rappeler le rôle des lieux de stage. C’est à eux qu’il appartient de créer des conditions de stage favorables. Une évaluation des lieux de stage est maintenant prévue. Elle est effectuée par un infirmier chargé de l’accueil des nouveaux engagés (ICANE) qui accueille les jeunes en formation. Il existe également un processus d’accompagnement par les pairs grâce auquel les étudiants de quatrième année coachent les étudiants de première année.
S’agissant du harcèlement, les établissements peuvent s’appuyer sur une circulaire, envoyée en septembre 2021, pour développer des initiatives visant à lutter contre ce phénomène.
Cette question concerne effectivement tant les responsables de la santé que les responsables de l’enseignement. La solution se trouve probablement dans cette articulation enseignement – santé. C’est pourquoi je retiens l’excellente idée de porter ce point à la CIM Santé.“
La situation est réellement interpellante. D’après une récente étude de l’Université catholique de Louvain (UCLouvain), la moitié des stagiaires de première année ont mal vécu leurs stages. Des mesures doivent être prises; certaines l’ont déjà été et je m’en réjouis.
La Ministre a raison de souligner qu’il s’agit d’un problème complexe, à la croisée de plusieurs compétences. Je me réjouis qu’elle porte ce point devant la CIM Santé.
Mais il y a urgence: la pénurie est bien là et nous devons y répondre rapidement, à travers les leviers dont nous disposons en Fédération Wallonie-Bruxelles. Outre le renforcement des cadres au sein des établissements, il s’agit de faire respecter la convention de stage, en prévoyant des référents clairs pour les étudiants et en instaurant des procédures permettant aux stagiaires de porter plainte en cas de
problème.