Vers une ligne d’écoute pour les jeunes par les jeunes ?

En 2016, l’association Nightline a vu le jour en France. Nightline est une association et une ligne d’écoute gratuite nocturne faite pour les étudiants et par les étudiants. Cette ligne d’écoute a pour objectifs de permettre à chaque étudiant de prendre soin de sa santé mentale, de favoriser le soutien par les pairs et d’améliorer le système de santé mentale étudiante.

Des étudiants bénévoles aux profils divers et formés à l’écoute active, au terme d’une intense formation, répondent aux appels d’autres étudiants pour tout type de problématiques telles que la solitude, les soucis relationnels, le stress lié à la situation sanitaire, etc. Tous les appels sont anonymes et la plus grande confidentialité est respectée.

En France, les lignes sont financées à 80% par les pouvoirs publics, et l’ouverture d’une ligne coûterait environ 130 000 euros, tous frais inclus.

Déjà présente dans plusieurs pôles universitaires en France mais aussi en Allemagne, en Grande-Bretagne, en Suisse, en Autriche et en Amérique du Nord, l’association souhaiterait à présent se développer en Belgique.

La Nightline répond visiblement à un besoin prégnant : en 2022, plus de 22000 contacts ont été recensés à travers les six plus grandes universités françaises. Compte-tenu des difficultés actuelles qui pèsent sur les étudiants, liées notamment aux coûts de la vie et aux conséquences de la crise sanitaire, force est de constater qu’une telle initiative s’avère tout aussi nécessaire en Belgique.

D’où ces questions à la Ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Glatigny :

  • Une expérience de Nightline pilote pourrait-elle être envisagée à travers un ou plusieurs des pôles universitaires de la Fédération Wallonie-Bruxelles ?
  • Un budget pourraient-ils être dégagés dans ce cadre ?
  • Avez-vous déjà eu des contacts avec les autorités académiques et les pôles universitaires en ce sens ?
  • Si ce n’est pas le cas, envisagez-vous de vous concerter avec les acteurs concernés en ce sens ?

Réponse de la Ministre :

“La santé mentale fait partie intégrante de la santé publique, et certains aspects relèvent essentiellement de l’autorité fédérale et des compétences que la Fédération Wallonie-Bruxelles a transférées à la Région wallonne et à la Commission communautaire française (COCOF). Autant il est important que nos établissements y soient attentifs, des soutiens et un accompagnement psychologique existent d’ailleurs via les services sociaux, autant il ne leur appartient pas de se substituer aux services d’aide psychologique existants, avec lesquels ils ont développé des partenariats permettant aux étudiants de bénéficier d’une aide adaptée.

Vous évoquez l’association française Nightline, qui offre une ligne d’écoute gratuite nocturne pour et par les étudiants afin de prendre soin de leur santé mentale en favorisant le soutien par les pairs. Nous avons déjà eu l’occasion d’aborder la notion de pair-aidance: pour des personnes ayant vécu une expérience difficile et l’ayant surmontée, il peut être intéressant d’apporter une aide à d’autres personnes rencontrant les mêmes difficultés.

Même si l’initiative est intéressante, celle-ci doit absolument être encadrée par des professionnels compétents dans le domaine de la santé mentale. En effet, pour ce qui est de la prise en charge psychosociale, dans son avis n° 9676 du 18 février 2022 intitulé «Prise en charge psychosociale pendant la pandémie Covid-19: quelles leçons pouvons-nous tirer pour l’avenir?», le Conseil supérieur de la santé (CSS) recommande de se concentrer sur un système exploitant pleinement l’expertise du milieu professionnel.

D’après mes informations, des contacts ont été pris avec PsyCampus afin de mener une étude sur un projet basé sur la pair-aidance. De ce point de vue, PsyCampus est intéressant. Il s’agit d’un des trois départements du Service de santé mentale à l’Université libre de Bruxelles (SSM-ULB), qui est subventionné par la COCOF et par l’ULB, mais qui fonctionne indépendamment de celles-ci.

Il m’est revenu que l’ASBL Nightline a pris des contacts préalables avec des établissements d’enseignement supérieur, et il semblerait que le concept ait été bien accueilli par l’ULB et par l’Université catholique de Louvain (UCLouvain). Néanmoins, il revient aux ministres compétents pour la santé mentale d’ajouter un tel dispositif aux dispositifs déjà existants sur le plan de la santé mentale. J’exprime d’ailleurs un avis favorable à l’égard de ce dispositif.

Dès lors, je vous invite à interroger les ministres dont les compétences incluent la santé mentale. Je me tiens à leur disposition s’ils envisagent une collaboration croisée. Je suis également à la disposition de l’ASBL Nightline pour rencontrer ses représentants, s’ils le souhaitent, et pour faire part de cette initiative auprès des ministres concernés.

En effet, bien que la crise sanitaire soit derrière nous, les besoins relatifs à la santé mentale sont plus grands que jamais.

Dans ce cadre, tous les niveaux de pouvoir ont un rôle à jouer. Notre Parlement a fourni un long travail, notamment en organisant des auditions et en émettant des recommandations, pour améliorer et soutenir la santé mentale des jeunes. Avec un projet tel que Nightline, je pense que nous disposons d’une bonne manière d’atteindre ces objectifs.

Un aspect intéressant de cette ligne d’écoute est le fait qu’elle soit organisée par des jeunes pour des jeunes, ce qui permet une dédramatisation quant à ce soutien mental. L’encadrement prévu pour les écoutants est important et très poussé. Des initiatives similaires fonctionnent d’ailleurs à l’étranger.

Je plaide donc vraiment pour que ce projet suscite l’intérêt, et je me réjouis que des contacts soient pris avec PsyCampus ainsi qu’avec Nightline. Dans ce cadre, les pôles académiques ont un rôle à jouer.

La Ministre pourrait effectuer une démarche à cet égard, outre le rôle des Régions, pour assurer une coordination par les pôles académiques. Travaillons main dans la main avec les différents niveaux de pouvoir.