A l’heure actuelle, peu de dispositions permettent aux étudiantes enceintes et aux étudiants parents de mener de front à la fois leurs études et leur grossesse, et ensuite leur parentalité. Pourtant ces étudiants et étudiantes existent bel et bien dans notre enseignement, et sont même de plus en plus nombreux vu les reprises d’études et l’allongement de leur durée.
Les aménagements existants sont limités à un petit nombre d’établissements et ne répondent que partiellement aux difficultés rencontrées par ces étudiants avant, pendant et après la naissance d’un enfant. De nombreux témoignages nous parviennent par ailleurs, relatant le refus de certains établissements d’accorder le moindre aménagement, malgré des situations pourtant très difficiles, telles un accouchement en pleine période d’examen ou juste avant.
Le fait d’entamer une grossesse et ou d’assumer un rôle de parent au cours des études ajoute pourtant une multitude de difficultés à la poursuite d’études supérieures, que ce soit avant, pendant ou après la naissance de l’enfant. Parmi les éléments amenant des complications possibles liées à la grossesse et la parentalité, on peut citer l’état de fatigue important, d’éventuelles complications médicales, la période d’allaitement, ou encore la dépression post-partum.
Je suis donc convaincu de la nécessité d’assurer une égalité entre tous les étudiants, quel que soit leur établissement, et une véritable protection des jeunes parents et étudiantes enceintes, via la création d’un statut spécifique, afin de leur permettre de poursuivre leurs études dans les meilleures conditions.
Diverses mesures peuvent être prises comme un congé de maternité, un congé de parentalité et des possibilités d’allègement, d’aménagement des horaires et des échéances supplémentaires pour les travaux ou activités d’apprentissage. Mais aussi pour permettre de combiner plus facilement parentalité et études via des aménagements d’espaces dédiés à l’allaitement et à l’organisation de services collectifs dédiés à l’accueil de l’enfance.
D’où ces questions à la Ministre de l’Enseignement supérieur, Françoise Bertieaux :
- Où en est la réflexion pour améliorer la situation de ces étudiantes enceintes et étudiants jeunes parents en Fédération Wallonie-Bruxelles ? Des mesures les concernant sont-elles envisagées d’ici la fin de la législature ?
- Une généralisations des mesures mises en place à l’ULB et l’UMons est-elle envisagée dans les autres établissements ?
Réponse de la Ministre :
“Monsieur le Député, je rappellerai succinctement la réponse donnée par ma prédécesseure Valérie Glatigny à une question écrite déposée par Mme Kapompole au mois de juin dernier. L’article 151, alinéa 2, du décret du 7 novembre 2013 définissant le paysage de l’enseignement supérieur et l’organisation académique des études (décret «Paysage») prévoit des possibilités d’allègement afin de répondre à une série de préoccupations. En outre, l’opportunité d’aménagements spécifiques au cas par cas peut faire l’objet d’une décision des autorités académiques: des aménagements de session, une session ouverte, des aménagements spécifiques en concertation avec la faculté concernée, une information et une aide par rapport aux démarches – y compris sociales – à effectuer, sont toujours possibles.
L’accompagnement de ces situations doit être apprécié au cas par cas, ce qui permet de faire du sur-mesure et de mieux tenir compte des spécificités de chacun. La réflexion sur cette problématique évolue et est bien présente dans la politique d’inclusion sociale des établissements d’enseignement supérieur.”
La réflexion évolue et suit son cours. Il convient de saluer les efforts réalisés par une série d’établissements. Il est vrai que des aménagements sont possibles au cas par cas. Malheureusement, je crains que cela ne suffise pas. Lorsque j’entends les témoignages des étudiants, je constate que certaines situations sont extrêmement difficiles. Ces étudiants racontent les assistants sociaux des établissements ne sont pas toujours au courant des possibilités existantes. Pire encore, certains étudiants n’osent pas s’adresser au service social de l’établissement par peur d’être stigmatisés, d’être mal vus par un professeur ou encore d’avoir des difficultés pour la suite de leur parcours.
Une étudiante rapporte même que son établissement lui a refusé un aménagement, alors qu’elle devait accoucher deux semaines avant les examens. On ne peut pas se satisfaire de la situation actuelle et compter sur la bonne volonté des établissements. Il faut réfléchir à la création d’un statut spécifique pour les étudiantes enceintes et les jeunes parents, statut qui serait commun à tous les établissements. Certains établissements ont déjà pris une telle initiative; il faut la généraliser. Il faut aussi travailler sur l’accueil des enfants sur le campus pour libérer les parents afin qu’ils suivent les cours le plus possible.