Depuis le 1er janvier et pour les 6 prochains mois, la Belgique assure la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne. Dans le cadre de la priorité consacrée à la défense de l’Etat de droit, à la démocratie et à l’unité, la présidence belge entend s’investir « en faveur de l’autonomisation et de l’inclusion des citoyens, avec une attention spéciale portée à la participation des jeunes ». Elle entend travailler également « sur l’Espace européen de l’éducation, la qualité de l’éducation, la formation continue, la mobilité et le sport. »
Nos systèmes d’enseignement sont riches de leur diversité au sein de l’Union, chacun étant l’héritier d’une histoire. Cependant, les thématiques transversales sont nombreuses face aux défis communs que l’Union doit relever en termes d’inégalités, d’inclusivité mais aussi de construction de la transition climatique et environnementale qui transcendent de loin nos différents systèmes éducatifs. Les aborder avec de la hauteur, avec une vision macro est donc essentiel et peut permettre l’émergence de solutions innovantes. Cette présidence est donc une opportunité de mettre le curseur sur nos nœuds communs et de promouvoir une coopération à la hauteur de l’émancipation que nos systèmes éducatifs doivent assurer.
C’est l’occasion de faire le point avec la Ministre de l’Enseignement supérieur sur les chantiers qu’elle entend porter à cette importante occasion :
– Pouvez-vous nous indiquer plus précisément les axes de votre présidence relatifs à « la réalisation et au développement de l’espace européen de l’éducation », notamment dans la « perspective d’accroître la qualité et l’équité des systèmes d’éducation et de formation » ?
– En termes d’éducation, comme pour d’autres secteurs, l’une des grandes avancées de l’Union est évidemment la mobilité. Quels seront les chantiers prioritaires en matière de mobilité étudiante que vous entendez faire progresser au cours des 6 prochains mois ?
– De nombreux défis de l’enseignement sont communs aux pays de l’Union. Je pense notamment à l’accès à l’enseignement supérieur. Comment entendez-vous aborder cette question avec vos homologues, avec quelle méthodologie ?
– Il est aussi prévu de lancer les discussions autour du prochain paquet de l’enseignement supérieur. Quels en sont plus précisément les axes ?
– Comment entendez-vous par ailleurs concrétiser « l’attention spéciale portée à la participation des jeunes » prévue dans le programme de la présidence ?
– Enfin, après la Belgique, viendra le tour de la Hongrie. On connaît le statut particulier de cette dernière au sein de l’Union, qui a fait l’objet de plusieurs rappels à l’ordre et de sanctions par les Institutions européennes pour non-respect de principes fondamentaux de respect de l’État de Droit et de libertés fondamentales. Il convient dès à présent d’y réfléchir et de préparer les choses, surtout dans des matières aussi sensibles que l’enseignement. Comment envisagez-vous les discussions et le relais avec le partenaire et la future présidence Hongroise en matière d’Education ? Comment garantir et consolider le socle des valeurs démocratiques par les outils de l’enseignement au sein de l’Union ?
Réponse de la Ministre :
“Monsieur le Député, la présidence belge du Conseil de l’UE est une occasion rare de s’impliquer de façon particulière dans l’avancement des travaux européens. Je vous rappelle cependant que l’exercice de la présidence ne nous permet en aucun cas d’être l’ambassadeur de nos politiques; il est plutôt une occasion de rassembler et de représenter les intérêts des 27 États membres. Les priorités qui nous occuperont dans le domaine éducatif ont été fixées en coordination avec les trois Communautés belges ainsi qu’avec le trio de présidences constitué de l’Espagne, de la Belgique et de la Hongrie. Mon rôle est de travailler avec ces pays, de façon fluide, sans compromettre nos valeurs. Quatre priorités seront mises à l’honneur dans notre programme durant les six prochains mois. La première est une éducation fondée sur les données probantes, qui se traduira notamment par l’adoption des conclusions du Conseil sur le sujet. La deuxième est l’apprentissage tout au long de la vie, avec en ligne de mire l’objectif européen d’atteindre un taux de participation de 60 % de la population à ce type d’apprentissage d’ici 2030. La troisième priorité est l’éducation numérique et l’évaluation du plan d’action relatif à l’éducation numérique. Enfin, la quatrième priorité, à laquelle j’accorderai une attention particulière, est celle de la mobilité. La proposition de recommandation du Conseil «L’Europe en mouvement – mobilité à des fins d’éducation et de formation pour tous», du 15 novembre 2023, fera l’objet d’une négociation sous notre coordination. Ce texte se concentrera sur la mobilité des étudiants, des chercheurs, des apprentis, des enseignants et des formateurs. Il accordera également une attention particulière aux nouvelles formes de mobilité, telles que les mobilités hybrides ou virtuelles, ainsi qu’à l’impact environnemental de la mobilité. Par ailleurs, la symétrie des flux de mobilité des étudiants entre États membres fera partie des sujets délicats que j’aborderai avec mes homologues. En tant que ministre chargée de la Jeunesse, je me réjouis que la mobilité du secteur de la jeunesse sera davantage encouragée. Je vous ai déjà informé de la réunion informelle ministérielle sur la mobilité étudiante, organisée à mon invitation, prévue les 29 février et 1er mars prochains. Il me tient en effet à cœur de discuter de la mobilité durable et équilibrée et d’y parvenir tous ensemble, d’aborder les défis rencontrés par chaque État membre sur le sujet, ainsi que les moyens mis en œuvre pour les relever. Le paquet de l’enseignement supérieur, de la part de la Commission européenne, est attendu pour avril 2024, ce qui laissera très peu de temps avant la fin de la présidence belge.”
Il est intéressant, au début de la présidence, de pouvoir tracer les lignes qui guideront le travail des prochains mois. L’objectif est de rassembler, de pouvoir faire progresser les dossiers dans cet important domaine qu’est l’enseignement supérieur. Il est aussi nécessaire d’imprimer notre marque et de faire avancer les dossiers qui nous tiennent à cœur. Je partage l’importance de la mobilité, étudiante en particulier. Nous serons attentifs aux résultats de la rencontre qui aura lieu fin février. Le financement des étudiants par les pays qui établissent des filtres à l’inscription et qui, par conséquent, les envoient dans des pays à la législation plus souple, est également un sujet très important. J’espère que la Ministre pourra faire progresser ce dossier. L’accessibilité à l’enseignement supérieur, dans toute l’UE, de même que la lutte contre les fausses universités sont également des sujets à ne pas éluder.