Les étudiants continuent de se mobiliser concernant l’organisation du stage professionnel supervisé en psychologie clinique, avec une inquiétude toujours bien présente chez les étudiants.
La situation dans laquelle ils se trouvent, par rapport au manque criant de maîtres de stage, est très difficile.
Seuls 10 % des étudiants pourraient trouver une place une fois leur diplôme obtenu en 2024. C’est évidemment inacceptable.
Suite à la mobilisation, de la semaine dernière devant le cabinet du Ministre de la santé, il semblerait que ce dernier ait enfin décidé d’entendre les demandes des étudiants et de proposer au gouvernement de reporter ce stage de 2 ans. C’est une excellente nouvelle.
D’où ces questions à la Ministre de l’enseignement supérieur, Françoise Bertieaux :
- Confirmez-vous cette information ? Avez-vous eu des contacts avec le Ministre fédéral de la Santé en ce sens ?
- Confirmez-vous par ailleurs ce chiffre de 10 % seulement de maîtres de stage disponibles ?
- Disposez-vous d’un cadastre précis du nombre d’étudiants diplômés cette année, et dans les prochaines années et des lieux de stage dans chaque région ?
- L’enjeu désormais, si le report se confirme, sera à la fois la bonne information des futurs étudiants pour éviter la même situation que celle vécue cette année, mais aussi de créer suffisamment de places de stage d’ici là.
- Quelles solutions sont mises en place à ce niveau ? Quelles mesures sont-elles prises pour trouver des maîtres de stages supplémentaires ?
- Une rencontre a-t-elle eu lieu sur cette question avec les représentants étudiants et l’union professionnelle ? Où en sont les discussions avec le fédéral ?
Réponse de la Ministre :
“Nous faisons face à un dossier dans lequel l’éclatement des compétences entre les niveaux fédéral et fédérés amène parfois à des impasses. Vous mentionnez les im portantes dfficultés soulevées par l’obligation des diplômés en psychologie clinique de 2023-2024, et de ceux qui ont commencé leurs études durant l’année académique 2017-2018, de réaliser 1 680 heures de stage avant de pouvoir accéder à la pratique professionnelle. Personne ne conteste la légitimité de cette mesure pour la qualité des soins et pour la sécurité des patients. Néanmoins, l’impasse dans laquelle nous nous trouvons est la suivante. En Fédération Wallonie-Bruxelles, plus de 1 200 diplômés en psychologie et orthopédagogie clinique en juillet et en septembre. C’est évidemment une hypothèse, mais qui peut être tirée des inscriptions en master issues des statistiques du Conseil des recteurs des universités francophones (CRef). À ce jour, sur le site web du SPF Santé publique, il n’y a que 59 maîtres de stage francophones agréés offrant 112,5 places d’équivalents temps plein (ETP) pour un stage clinique. La Communauté flamande connait les mêmes difficultés. Cette obligation de stage est insérée dans la loi coordonnée du 10 mai 2015 relative à l’exercice des professions de soins de santé. Son application a cependant été reportée deux fois, notamment à la suite d’une intervention de Mme Glatigny auprès du ministre fédéral de la Santé publique. Elle est désormais en application depuis l’arrêté royal du 14 décembre 2023 modifiant l’arrêté royal du 26 avril 2019 fixant les critères d’agrément des psychologues cliniciens, ainsi que des maîtres de stage et services de stage. Cet arrêté a été pris au moment où les étudiants préparent leur session de janvier, suivie d’une période durant laquelle les services arrêtent généralement leur activité, ce qui fait qu’il n’a pas été immédiatement critiqué. Pour toutes les questions relatives aux compétences de l’autorité fédérale et de la Fédération Wallonie-Bruxelles sur l’organisation des stages, je vous renvoie à ma réponse du 16 janvier dernier portant sur le même sujet. La solution à ce problème est entre les mains du ministre fédéral de la Santé publique. Afin de trouver des solutions à cet important problème, une réunion a eu lieu la semaine dernière entre mon cabinet et une représentation des associations professionnelles des psychologues cliniciens. À la suite de cette réunion, j’ai adressé un courrier à M. Vandenbroucke pour à nouveau attirer son attention sur l’impasse dans laquelle nous risquons de nous trouver, si la situation reste inchangée. Selon les dernières informations, que j’ai, comme vous, obtenues par voie de presse, M. Vandenbroucke envisage de proposer au gouvernement fédéral un nouveau report avec effet rétroactif, c’est-à-dire effaçant toute la période depuis le 14 décembre 2023. Mais le défi à relever demeure entier. Il faut créer suffisamment de places de stages avec suffisamment de maîtres de stage. Ce sera probablement l’un des grands défis du prochain ministre de la Santé publique.”
Ce nouveau report de l’obligation de stage est une bonne nouvelle. En effet, les étudiants ne peuvent pas être pris de la sorte en otage. J’espère que cette solution se concrétisera. C’est probablement la seule solution possible. Dès à présent, il faut préparer la suite et éviter que cette situation ne se reproduise dans deux ans. Je me réjouis qu’un dialogue s’instaure. Il doit se poursuivre. Pour informer dès maintenant les étudiants de la situation similaire qui se produira dans deux années, le rôle des doyens des facultés et des établissements sera essentiel pour éviter les surprises. Il faut par ailleurs créer des places de stage en suffisance. C’est dans les mains du pouvoir fédéral. Il est clair qu’il faut mettre au maximum la pression sur le pouvoir fédéral pour atteindre cet objectif au bénéfice de nos étudiants. Dans les prochains mois, il faudra redoubler d’attention à l’égard de ce problème, en espérant que cette annonce soit transmise à très court terme aux étudiants pour les rassurer.