Maintenir les échanges avec la communauté académique et étudiante chinoise

Le 25 avril dernier, le président de la République Populaire de Chine, Xi Jinping, a déclaré lors d’une allocution que l’excellence académique internationale des universités chinoises ne pourrait pas être atteinte en suivant les autres pays ni en adoptant des modèles ou des standards étrangers. A la suite de ces déclarations, trois universités chinoises ont annoncé le 9 mai dernier leur intention de «se retirer des classements internationaux».

Si ces annonces ont avant tout une portée symbolique et politique, et au-delà de la question de la pertinence-même de ce type de classements – vous connaissez mon point de vue -, elles interrogent toutefois plus largement quant à la vision du Parti communiste chinois en matière d’enseignement supérieur et de recherche. Elles font également présager des risques pour les mobilités étudiantes et académiques avec la Chine, se repliant de plus en plus sur elle-même.

D’où ces questions à la Ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Glatigny :

  • Avez-vous étudié la question de l’impact de ces déclarations, mais aussi plus largement de la politique chinoise en matière de développement académique et scientifique, sur la mobilité des étudiants et chercheurs belges vers la Chine ?
  • Quelles conséquences ces annonces pourraient-elles ou ont-elles déjà eu sur l’octroi de bourses d’études de spécialisation ou de langue chinoise aux ressortissants de la Communauté française de Belgique par Wallonie-Bruxelles International et le Fonds de la Recherche scientifique ?
  • Avez-vous reçu des retours des universités et hautes écoles face à ces déclarations ? Des universités et hautes écoles belges entretenaient-elles des relations avec les universités chinoises concernées et quelle est leur réaction ?

Réponse de la Ministre :

“Je ne pense pas devoir répondre aux propos du président chinois, qui ne visent sans doute pas à éviter la polémique. Rappelons que c’est précisément la Chine qui a établi un classement international des établissements d’enseignement supérieur, le classement de Shanghai, et qui a contribué à la définition des standards dans le domaine académique. Par ailleurs, aucun établissement ne choisit volontairement de faire partie de ces classements contestables et contestés. Les établissements chinois, qui sont relativement absents des classements internationaux, pourraient tout au plus s’abstenir de fournir des données.

Je n’ai encore reçu aucun retour quant à l’éventuel impact que ces déclarations pourraient avoir sur nos établissements. De manière générale, il est évident que les restrictions des libertés fondamentales liées à l’indépendance académique et scientifique sont les principaux freins au développement de la recherche en Chine. Malgré un contexte politique où ce pays se montre de plus en plus isolationniste, le développement de liens entre les scientifiques de Chine et ceux de la Fédération Wallonie-Bruxelles reste pertinent; nous devons contribuer à une recherche libre qui dépasse les positionnements politiques.”

Il convient de rester très prudent par rapport à ces déclarations et aux classements, qui font l’objet de contestations tout à fait légitimes. Ces événements sont importants dans le contexte des relations internationales et de la fermeture toujours plus intense de la Chine. Je suis convaincu que nous devons maintenir les échanges avec la communauté académique et étudiante chinoise afin de lutter contre le repli sur soi et contre l’obscurantisme qui se développe actuellement. Nous devons tout faire pour encourager les établissements de la Fédération Wallonie-Bruxelles à garder ces contacts. Le groupe Ecolo veillera à maintenir ce cap !