Ces trois derniers jours, j’étais en Roumanie, à la frontière ukrainienne. J’ai présidé une mission de la Commission sur la Démocratie et la Sécurité de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN, avec des collègues lettons, lithuaniens, portugais, espagnols et anglais.
Avec ses 649km de frontière commune avec l’Ukraine, la Roumanie est en première ligne face aux défis immenses posés par la guerre en Ukraine sur la sécurisation de la Mer noire, l’accueil des réfugiés, la reconstruction du pays, ou encore la sécurité alimentaire mondiale.
On a pu se rendre compte du rôle crucial joué par la Roumanie à l’Est de l’Europe. Après avoir accueilli 3,7 millions de réfugiés, dont 100.000 sont encore sur place, c’est aujourd’hui elle qui sécurise le traffic commercial en Mer noire, notamment en enlevant les mines posées par les Russes.
C’est surtout elle qui permet aux céréales ukrainiennes, qui étaient bloquées sur place et accroissaient la pénurie alimentaire mondiale, d’être exportées via ses ports vers le reste du monde grâce à l’accord sur les céréales. Mais les infrastructures suivent difficilement, les prix s’effondrent dans le pays et l’impact de cette solidarité est lourd pour les agriculteurs locaux.
Pourtant, le soutien de la population roumaine aux Ukrainiens reste extrêmement élevé. Le souvenir de la dictature est encore très vif et ça renforce la volonté des Roumains de les aider face à l’agression russe. Beaucoup de nos interlocuteurs restent marqués par le communisme et continuent d’en parler avec crainte. Un des professeurs rencontrés nous expliquait qu’à l’époque, il ne pouvait pas choisir ses études. Obligé d’étudier les maths, il a dû attendre la chute de l’URSS pour pouvoir apprendre et enseigner le droit et l’histoire.
C’est donc aussi pour cette liberté qu’ils s’engagent aujourd’hui. Mais plus que jamais, la solidarité et la coopération internationale sont essentielles pour relever ces immenses défis !