Lors de sa dernière réunion, le Conseil d’administration de l’ARES a décidé de ne pas décider et de poursuivre jusqu’en septembre prochain la réflexion relative à la réforme des rythmes académiques.
Ces dernières semaines, alors que la réflexion avait bien progressé au sein du groupe de travail au cours des derniers mois, une série de points de vue divergents se sont en effet exprimés sur le sujet.
C’est en particulier le cas dans le chef des étudiants qui se sont largement mobilisés pour faire part de leurs craintes, tout à fait légitimes, par rapport à une réforme qui se concentrerait uniquement sur le calendrier, sans s’interroger sur les autres aspects, en particulier pédagogiques, liés aux méthodes d’enseignement et d’évaluation.
Depuis le départ, nous plaidons pour une réforme qui ne soit pas juste alignée sur le calendrier de l’enseignement obligatoire, mais qui soit pensée dans l’intérêt des étudiants et des acteurs de l’enseignement supérieur. Une réforme qui soit largement concertée et qui intègre les méthodes d’enseignement et d’évaluation. C’est à ça qu’il faut à présent impérativement travailler.
L’ARES a donc décidé de poursuivre le travail au sein d’un groupe de travail élargi afin de prendre en compte l’ensemble des remarques issues du processus de consultation.
D’où ces questions à la Ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Glatigny :
- Comment vont désormais s’organiser les travaux de ce groupe de travail ? Quelle sera la composition de ce groupe de travail ?
- Comment les remarques des différents acteurs, en particulier des étudiants, seront-elles intégrées ?
- Comment la dimension relative à la réforme des méthodes d’apprentissage et d’évaluation sera-t-elle prise en compte dans la réflexion afin de répondre aux besoins du secteur ?
- Quel est désormais l’objectif en termes de timing de mise en œuvre de la réforme ?
Réponse de la Ministre :
“J’ai demandé que le projet de nouveau calendrier académique réalisé par l’ARES soit communiqué aux acteurs de terrain. Cette demande a permis de faire remonter des points d’attention et des questions qui méritent d’être analysées plus longuement et plus en détail, ceci tant du côté des étudiants que des membres du personnel. Je me tiens bien sûr à la disposition de tous pour en discuter. Ce n’est évidemment pas surprenant pour une réforme aussi fondamentale, qui représenterait un changement d’organisation pour tout l’enseignement supérieur, et aurait des impacts sur la vie des familles, le secteur du sport et les mouvements de jeunesse, entre autres. Rappelons que la réforme des rythmes dans l’enseignement obligatoire a pris 30 ans.
C’est pourquoi, lors de la réunion de son conseil d’administration du 30 mars dernier, l’ARES a décidé de poursuivre ses travaux, tenant compte également du fait que la période actuelle comprend la fin des apprentissages et la préparation de la session d’examens. Un groupe de travail élargi a dès lors été mandaté pour poursuivre la réflexion et présenter une proposition lors d’une réunion du conseil d’administration qui aura lieu à la fin du mois de septembre, l’ARES s’engageant à continuer la réflexion avec tous les acteurs concernés afin d’élaborer une proposition de réforme des rythmes académiques qui réponde aux besoins de l’enseignement supérieur.
Comme je l’ai déjà indiqué, je présenterai à mes collègues du gouvernement une réforme, à la condition qu’elle puisse reposer sur un large consensus, et je suivrai donc avec attention les futurs travaux du groupe de travail. À ce stade, nous n’avons pas encore connaissance de sa composition.
En ce qui concerne les observations formulées par différents acteurs – les hautes écoles, les universités, les organisations syndicales ou la FEF – elles doivent encore être analysées et discutées au sein de ce groupe de travail pour alimenter le débat et faire évoluer le projet. S’il parait évident qu’une réforme offrira des opportunités appréciables en termes d’évolution des méthodes d’évaluation, la réforme des rythmes académiques n’est pas directement associée à une réforme de l’évaluation dans l’enseignement supérieur, cette dernière relevant de la liberté académique. Plutôt que de prévoir des règles générales définissant les modalités d’évaluation qui contreviendraient à cette liberté et qui d’ailleurs pourraient être bloquantes pour certains types d’enseignement, il me parait plus constructif de permettre, grâce à un calendrier bien pensé, l’émergence de nouvelles pratiques pédagogiques là où le calendrier actuel ne le permet pas, mais sans qu’il s’agisse d’une contrainte supplémentaire qui pourrait pénaliser certains établissements et certains étudiants.“
Aujourd’hui, il y a un large consensus quant au caractère intenable du système actuel, qui épuise tout le monde. Une réforme est nécessaire et il ne faudrait pas que le report soit une excuse pour enterrer la réforme. Si nous voulons que cette réforme soit une réussite, nous devons absolument intégrer dans la réflexion les aspects liés aux méthodes d’enseignement et
d’évaluation. C’est ainsi que nous pourrons en faire une véritable réforme des rythmes, et pas seulement une réforme du calendrier. C’est en ce sens que nous devons poursuivre le travail d’ici le mois de septembre. La liberté académique doit être respectée, mais avec des balises; c’est la seule façon d’aboutir. Il y a une opportunité historique à saisir pour mettre fin à la situation actuelle intenable.