Le logement étudiant constitue le coût le plus élevé dans une année d’études. Selon l’Observatoire wallon des loyers, le loyer moyen au mètre carré d’un logement étudiant est trois fois plus élevé que pour les locations à titre de résidence principale.
Et le phénomène ne fait que s’aggraver avec, d’une part, l’augmentation de la population étudiante et, d’autre part, l’offre en logements de qualité qui se réduit.
A cela s’ajoute ces derniers mois la crise de l’énergie qui entraîne une explosion des factures pour les étudiants.
Cette situation est d’autant plus problématique que les étudiants constituent un public particulièrement « captif », puisqu’il est bien souvent impossible pour beaucoup d’entre eux de poursuivre leurs études sans se rapprocher de leur lieu d’études. Le manque de logement étudiant et les prix excessifs de ceux-ci constituent donc un réel frein à l’accès aux études et pousse même parfois certains étudiants à devoir tout simplement arrêter leurs études.
Face à cette situation, les Régions prennent des initiatives, mettant en œuvre la résolution interparlementaire de lutte contre la précarité étudiante. La Wallonie vient ainsi d’étendre les missions des AIS au logement étudiant, d’annoncer la création de 500 nouveau kots étudiants et travaille sur une grille indicative des loyers étudiants.
Mais la Fédération Wallonie-Bruxelles doit aussi faire sa part, comme le prévoit la DPC, qui indiquait que le Gouvernement allait « encourager l’accès au logement étudiant via notamment la construction de logements publics étudiants à loyers accessibles ».
C’est d’autant plus nécessaire quand on lit dans la presse de la semaine dernière des témoignages effarants d’étudiants logés sur le campus de Solbosch, qui vivent dans des véritables taudis pratiquement insalubres. Avec de l’eau non potable, des souris qui rentrent dans les kots, des douches qui ne fonctionnent pas, de la moisissure, une absence de chauffage en hiver qui contraint les étudiants à dormir dans la cuisine… C’est franchement inhumain !
En séance plénière, la Ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Glatigny, m’indiquait que le refinancement de l’enseignement supérieur permettait aux établissements, dans son volet lié aux infrastructures, de rénover des kots et qu’ils le faisaient.
D’où ces nouvelles questions :
- Je voulais savoir combien de logements étudiants avaient été rénovés par ce biais depuis le début de la législature ? Ces moyens sont-ils également consacrés à la construction de logements étudiants, comme le prévoit la DPC ? Combien de logements ont déjà été construits depuis 2019 ? Avec quelles politiques en termes de loyers ? Quelles sont les prochaines étapes de la mise en œuvre cet engagement de la DPC ?
- J’aimerais également que vous puissiez nous faire un état des lieux du nombre de logements public étudiants existant dans l’enseignement supérieur, et son évolution au cours des dix dernières années et nous indiquer votre analyse de cette tendance.
Réponse de la Ministre :
“Je voudrais clarifier la réponse que je vous ai faite lors de la séance plénière du 29 mars dernier. Vous vous souvenez que le refinancement de l’enseignement supérieur était initialement fixé à 50 millions d’euros. Il a été porté à 80 millions d’euros, sur l’initiative du gouvernement. Ce refinancement comporte un volet lié aux infrastructures, mais il ne permet pas aux établissements d’investir directement dans la création de logements étudiants. Cependant, ce refinancement permet, de manière indirecte, l’utilisation des fonds propres des institutions qui peuvent décider de les utiliser pour rénover des kots.
Comme je l’ai déjà indiqué à plusieurs reprises, le logement, même s’il concerne spécifiquement les étudiants, ne relève pas directement de mes compétences. Je ne dispose, par conséquent, ni de données relatives à sa construction ni d’un cadastre des logements publics étudiants. Cependant, la Fédération Wallonie-Bruxelles a par ailleurs des leviers. Je rappelle l’existence de logements à prix avantageux par l’intermédiaire des internats et des maisons des étudiants dépendant de Wallonie-Bruxelles Enseignement (WBE). Par ailleurs, la Fédération Wallonie-Bruxelles est compétente pour les aides financières octroyées par les conseils sociaux des établissements d’enseignement supérieur. Nous avons refinancé les subsides sociaux des institutions qui peuvent, par exemple, être sollicitées pour payer le loyer d’un kot.
Nous pouvons également intervenir par le biais d’un troisième levier, les allocations d’études aux étudiants qui rencontreraient des difficultés pour payer leur loyer. Nous travaillons sur une réforme du dispositif des allocations d’études. Actuellement, il existe un différentiel selon qu’un étudiant est koteur ou non. Quand il l’est, il bénéficie d’à peu près 2 000 euros supplémentaires par an. La réforme en cours portera une attention particulière à cette différence d’allocation, au bénéfice des étudiants koteurs.”
La Ministre a raison de souligner les mesures qui accompagnent les politiques autres que celles concernant le logement. Les besoins sont immenses et tous les niveaux de pouvoir doivent faire leur part. Nous interrogeons et interpellons régulièrement les ministres régionaux sur la question. Mais si elle ne fait rien, alors, je ne comprends toujours pas la présence, dans la DPC, de la mention concernant le fait que la Communauté française participera à la création et à la construction de nouveaux logements publics étudiants durant cette législature.
Je compte sur la Ministre pour encourager la création de nouveaux logements et aussi pour veiller à leur salubrité. Il est intolérable que certains étudiants se retrouvent dans des situations invivables. Nous devons poursuivre, à tous les niveaux de pouvoir, nos efforts pour respecter un droit humain, l’accès à un logement décent.