Pour que la note absorbante ne devienne pas la note débordante pour les étudiants

Est-ce que l’échec minime dans une activité d’apprentissage doit nécessairement constituer un frein à la poursuite des études, alors que la moyenne est bonne ? Question au coeur d’une réflexion à mener autour de la pratique dite de la note absorbante, source d’inquiétudes et d’iniquité parmi les étudiants. Au coeur aussi de l’une de mes récentes interpellations auprès de la Ministre de l’Enseignement supérieur.

La pratique de la note absorbante consiste à attribuer à une unité d’enseignement (UE) la note de l’activité d’apprentissage (AA) la plus basse (lorsqu’une activité est en échec), même si la moyenne de toutes les AA qui la composent est supérieure à 10/20. Autrement dit, un étudiant ayant obtenu au sein d’une UE un 16, 14, 15 et un 7/20 se verra automatiquement octroyer la cote de 7/20 à son UE, alors que sa moyenne est en réalité de 13/20.

Les étudiants sont évidemment fortement opposés à cette pratique. De leur point de vue, les notes absorbantes constituent en effet un frein important dans leur parcours, dans la mesure où elles les empêchent parfois d’avancer dans leurs études, ou même de les terminer, et ce alors qu’ils n’y a parfois qu’une seule activité qui pose problème.

Une partie du corps enseignant perçoit la chose sous un autre angle, et la note absorbante est encore pratiquée dans plusieurs Hautes Écoles. De leur point de vue, la pratique de la note absorbante est justifiée puisqu’elle permet de s’assurer que l’étudiant possède bien les prérequis nécessaires pour poursuivre son cursus.

Le Conseil d’État s’est, quant à lui, montré à maintes reprises défavorable à l’usage des notes absorbantes, qu’il juge contraires aux articles 77 et 139 du décret paysage. On peut donc s’attendre à ce qu’il maintienne sa position dans le futur.

C’est pourquoi, et afin de clarifier la situation, j’interpellais la Ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Glatigny, sur ce sujet. Elle a notamment indiqué que l’Académie de recherche et d’enseignement supérieur (ARES) avait demandé à des experts de suggérer des propositions. En attendant l’avis de l’ARES, elle promeut “l’approche la plus conforme possible au principe de liberté d’enseignement et de liberté pédagogique, tout en garantissant la mise en œuvre d’un dispositif lisible et compréhensible pour les étudiants.”

Il est selon moi vraiment essentiel de clarifier cette situation au plus vite tant elle représente une vraie source d’incertitudes pour de nombreux étudiants. C’est aussi une source d’inéquité difficilement justifiable entre les établissements…

Il me semble toutefois qu’il serait dangereux de se contenter de clarifier dans le sens d’une validation de la pratique. Je pense qu’il est vraiment important de mener une véritable réflexion sur le sens et la cohérence des activités d’apprentissage au sein des unités d’enseignement.

Est-ce que l’échec minime dans une activité d’apprentissage doit nécessairement constituer un frein à la poursuite des études, alors que la moyenne est bonne ? Une telle position, sans réflexion plus globale, me semble dangereuse et contribue surtout à allonger inutilement les parcours…

Il faudra donc traiter ce point également dans le cadre de la réforme globale du décret Paysage et je me réjouis d’y travailler.