La traversée hivernale de la Meuse à Huy est une nouvelle fois reportée. Au-delà de cet événement, c’est en fait une discipline qui est menacée.
Ce dimanche devait avoir lieu la traditionnelle traversée hivernale de la Meuse. Cependant, alors qu’elle avait déjà dû être reportée une première fois le 23 février dernier, c’est à nouveau le cas ce week-end. En cause ? De nouvelles normes émanant des pompiers et de la direction des voies navigables de Liège : le débit moyen de l’eau de la Meuse ne doit désormais plus dépasser les 400m3 par seconde pour que les nageurs puissent pratiquer leur sport. À ce seuil, le fleuve est considéré « en régime de crue » et toute activité nautique ou aquatique telle que la nage en eau vive est interdite. Or, ce mercredi 11 mars, le seuil est de 1100 m³/sec.
Au-delà de l’évènement que constitue la traversée hivernale, ces nouvelles règles mettent donc tout simplement en péril la pratique de la nage en eau froide et vive en Wallonie, dont le seul club existant, baptisé « Cool Huy », se trouve à Huy.
Cette nouvelle norme peut se comprendre pour des nageurs occasionnels. Elle pose toutefois question dans le cas du club ‘‘Cool Huy’’, dont les nageurs sont des habitués de la nage dans de telles conditions. En effet, les nageurs de « Cool Huy » pratiquent cette activité chaque semaine, souvent dans un courant deux à trois fois supérieur à cette nouvelle norme, sans qu’aucun accident ne soit jamais survenu. Ils passent par ailleurs régulièrement des examens médicaux et des tests à l’effort pour s’assurer de leur condition physique.
En hiver, le débit dépasse très souvent le seuil des 400m3 par seconde. Aussi, les nouvelles normes de sécurité rendront-elles extrêmement compliquée l’organisation non seulement des évènements comme la traversée hivernale de la Meuse (alors qu’aucun accident n’est jamais survenu depuis plus de 50 ans), mais surtout des entraînements réguliers en eau froide auxquels s’adonnent hebdomadairement les membres du club. Ces entraînements sont pourtant primordiaux pour leur sécurité puisqu’ils sont nécessaires à l’adaptation de leur corps aux basses températures.
Le risque d’assister à la fin de la nage en eau froide en Wallonie est donc clairement présent si aucune disposition spécifique n’est prise, alors que des débits beaucoup plus importants sont pourtant tolérés dans d’autres pays européens.
C’est pourquoi j’ai adressé une question au Ministre en charge des voies navigables, Philippe Henry, à ce sujet. Pour mieux comprendre les raisons de ces nouvelles normes et afin de savoir si des dérogations sont envisageables, que ce soit pour l’organisation d’un événement comme la traversée hivernale de la Meuse ou pour le maintien d’une pratique menacée de noyade.