Fin d’année inédite dans l’enseignement supérieur: trois mesures pour la rendre plus acceptable

Ce mardi, j’interpellais la Ministre de l’Enseignement supérieur sur une série de points, dont l’évaluation du respect des mesures encadrant la fin de l’année académique. Avec, selon moi, trois mesures encore à prendre afin de rendre cette fin d’année si particulière la plus acceptable possible, en concertation avec les personnes qui se démènent sur le terrain.

Différentes mesures ont certes déjà été prises afin d’encadrer au mieux la fin de l’année académique. Parmi elles, en voici trois que je trouve à la fois salutaires et intéressantes à épingler :

1. L’obligation pour les établissements de communiquer aux étudiants les modalités pratiques d’évaluation pour le 27 avril au plus tard ;

2. L’obligation d’organiser une concertation préalable au sein de l’établissement ;

3. Ainsi que la possibilité pour l’étudiant de faire savoir jusqu’au 4 mai s’il est dans l’impossibilité de réaliser son examen à distance dans de bonnes conditions.

La Ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Glatigny, avait annoncé qu’un rapport d’évaluation du respect par les établissements d’enseignement supérieur des obligations imposées devait lui être remis par l’ARES pour la fin avril au plus tard.

Dans le même temps, la FEF a réalisé un sondage auprès des étudiants qui semble mettre en lumière les difficultés d’application sur le terrain des mesures décidées dans l’arrêté de pouvoirs spéciaux.

Ce sondage indique en effet que près de 7 étudiants sur 10 parmi les 5000 étudiants ayant répondu n’auraient soit reçu des informations lacunaires, soit pas reçu d’information du tout pour près de 10% d’entre eux.

J’ai aussi été particulièrement frappé par le fait qu’un étudiant sur 5, parmi les répondants, aurait tout simplement décidé de laisser tomber… Situation qu’il faut absolument éviter !

À nouveau, il faut souligner que la grande majorité des établissements et des enseignants font de leur mieux et tentent de trouver des solutions les plus adaptées possibles. Mais force est de constater qu’il reste encore visiblement de nombreux soucis qui ajoutent de l’angoisse chez les étudiants. Le contexte est très compliqué et il faut vraiment rappeler l’importance qu’il y a à prendre en compte au mieux dans l’évaluation la situation vécue par les étudiants.

Dans ce cadre, le respect des balises imposées, de la concertation et du souhait de clarté est essentiel.

C’est pourquoi j’ai interpellé la Ministre afin de connaître le contenu du rapport remis par l’ARES ; d’avoir son analyse du sondage de la FEF ; et d’envisager les solutions à mettre en place pour répondre aux problèmes qui subsistent chez une partie des étudiants.

Dans sa réponse la Ministre indique que « la grande majorité des établissements ont communiqué, dans les délais, les informations relatives aux examens. (…) Si des informations à destination des étudiants venaient encore à manquer, j’invite les étudiants à s’adresser aux commissaires et délégués du gouvernement qui sont chargés de veiller au bon respect des normes qui ont été émises en Fédération Wallonie-Bruxelles. »

Quant à la possibilité de refuser un examen à distance pour le 4 mai, la Ministre précise que « le nombre de demandes d’adaptation dépassait rarement les 5% des étudiants. (…) Mis à part des problèmes précis liés à des types d’enseignement spécifiques, les difficultés principales évoquées touchent à des problèmes de connexion internet (problème le plus courant), une absence de matériel informatique ou un matériel inadéquat (pas de micro ou de caméra) et enfin des difficultés liées à l’environnement de travail. » Et de signaler, à cet égard, « la réouverture de salles de silence. Cette information vient d’être communiquée aux établissements ».

Côté solutions justement, la Ministre garantit que « les établissements ont été en mesure de proposer des solutions dont l’ouverture de salles informatiques, la mise à disposition de clés 4G, des codes d’accès via des fournisseurs d’accès à internet et remboursement d’abonnements internet, la mise à disposition de matériel informatique, la mise à disposition de certains locaux pour passer les épreuves au calme lorsque c’était possible en fonction des règles de distanciation physique, et enfin l’ouverture de lignes téléphoniques 24h/24 pour les urgences. »

En ce qui concerne le sondage de la FEF, n’ayant pas eu accès à la méthodologie de l’enquête, la Ministre déclare ne pouvoir en tirer des conclusions. Toutefois, elle partage et comprend le sentiment d’inquiétude de nombreux étudiants et veut les rassurer : « J’ai invité les jurys d’examen à tenir compte des circonstances particulières dans l’évaluation des épreuves. »

Enfin, concernant l’évaluation à distance, la Ministre informe qu’il ne serait pas souhaitable qu’une ministre déclare que les cours organisés à distance depuis plusieurs semaines au prix d’efforts considérables ne doivent pas être évalués. Ce serait sans doute un manque de respect pour l’énergie déjà dépensée par les étudiants et les professeurs durant cette période difficile, ainsi qu’un manque de respect pour la liberté académique. »

Ma réplique aux réponses de la Ministre

En étant pleinement conscient de la situation inédite dans laquelle nous nous trouvons, et de la difficulté à résoudre l’ensemble des problèmes qui se présentent, il me semble qu’il y a à tout le moins trois mesures importantes à prendre :

1. Que chaque étudiant puisse signaler officiellement là où les règles ne sont pas respectées : dans cette optique, pourquoi ne pas mettre en place une voie de recours unique et facilement identifiable dans les cas où les règles ne seraient pas respectées ? On pourrait imaginer un site web ou une sorte de numéro vert centralisé au niveau de l’administration ou de l’ARES, où les étudiants pourraient tirer la sonnette d’alarme sur le non-respect des règles.

2. De nombreuses choses se jouent encore dans les prochaines semaines. La concertation est donc toujours extrêmement importante et doit pouvoir se poursuivre. Puisqu’une grande liberté leur a été laissée, il faut continuer à se concerter et sensibiliser les établissements et les jurys. La session commence d’ici quelques jours, elle a parfois déjà commencé, et il est essentiel que l’on s’assure que cela se passe partout dans de bonnes conditions. Qu’aucun étudiant ne soit laissé pour compte.

3. Enfin, pour rassurer les étudiants, une des pistes à creuser ne pourrait-elle pas être de réfléchir à la possibilité de garantir aux étudiants de rester finançables l’an prochain, même s’ils ne réussissent pas cette année en raison des conditions vécues ? La Ministre s’est montrée ouverte à cette option.

Je pense qu’avec ces trois éléments, il y a là des progrès que nous pouvons encore réaliser pour rendre la fin d’année la plus acceptable possible. Et j’espère qu’avec l’ensemble des acteurs qui se démènent sur le terrain, nous y parviendrons !