Les communes ont un rôle fondamental à jouer dans le redéploiement à la fois vert et durable de notre société. Pour les aider à remplir ce rôle, la Région wallonne détient une série de leviers, au coeur de l’une de mes interpellations du Ministre des Pouvoirs locaux. Ou comment la Région doit montrer la voie aux autorités locales.
La crise du Covid-19 est une catastrophe sanitaire, sociale et économique. Et contrairement à ce que l’on peut croire, elle pourrait bien constituer également une catastrophe environnementale, compte-tenu de l’effet rebond qui risque probablement de survenir dans les prochaines semaines et prochains mois si les mesures prises vont dans le sens d’un « business as usual ».
À l’heure où de plus en plus d’acteurs, dont les pouvoirs locaux, réfléchissent aux mesures de redéploiement à adopter, il est fondamental de s’interroger sur la portée des décisions prises quant à leur impact sur l’environnement et le réchauffement climatique, dont la menace apparaît peut-être moins concrète pour certains, alors qu’elle est pourtant encore bien plus grande que celle du Covid-19.
Or, pour l’instant, on semble loin du compte. Selon une récente étude menée par Oxford, et relatée dans L’Echo, les mesures prises dans le monde jusqu’à présent pour faire face à la crise du Covid-19 confortent largement la situation de statu quo en matière climatique. Ainsi, sur les 7300 milliards dépensés par les pays du G20 pour répondre à la crise, seuls 4% ont un impact climatique positif, tandis que 92 % maintiennent le statu quo et 4% l’aggravent.
La même étude démontre pourtant à quel point les mesures les plus efficaces aux yeux des experts du monde entier sont les investissements dans le développement durable, les soins de santé, la recherche ou encore les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique.
Les chercheurs s’appuient pour cela sur l’analyse des mesures prises après la crise de 2008 qui a montré que la minorité de mesures vertes s’est révélée bien plus efficace sur le plan socio-économique que les incitants traditionnels non-ciblés.
Il y a donc des choix importants à poser aujourd’hui dans les mesures à mettre en œuvre dans le cadre de l’après Covid-19. Et en tant que premiers investisseurs publics du pays, les pouvoirs locaux ont un rôle fondamental à jouer.
Ils peuvent notamment servir de leviers importants en faveur du développement des circuits courts, de l’économie circulaire, de la santé publique, de la protection de l’environnement et de la biodiversité…
C’est pourquoi j’ai interpellé le Ministre des Pouvoirs locaux, Pierre-Yves Dermagne, sur les différents outils permettant d’encourager les autorités locales à investir dans des projets de redéploiement vert et durable.
Dans sa réponse, le Ministre épingle quatre outils :
1. La communication et la rédaction de recommandations. D’abord, par voie de circulaire en matière de marché public. Puis par l’accompagnement pour l’application de ces recommandations ;
2. L’octroi de subsides d’investissements en lien direct avec des politiques environnementales ;
3. La fixation de balises d’investissements ;
4. Et « Get Up Wallonia », qui encourage les pouvoirs locaux à prendre des participations dans des structures qui investissent dans des projets de développement durable.
Je serai naturellement attentif à la mise en œuvre de ces différents outils. Il est important que la Région montre la voie aux autorités locales, pas en s’immisçant dans l’autonomie locale, mais bien en conditionnant certaines aides à des investissements durables et verts. En effet, il s’agit de veiller à ce que l’argent emprunté aux générations futures le soit afin de rendre l’avenir plus positif et vivable pour tout le monde.