Cette semaine était décidément riche en interpellations sur les différents enjeux en cours au niveau de l’enseignement supérieur. Outre mes questions sur le programme Erasmus et la réforme du décret “paysage”, j’ai aussi interrogé la Ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Glatigny, sur deux autres volets : la cybersécurité et les évaluations à distance pour les étudiants étrangers retournés chez eux.
Cybersécurité
En février dernier, l’Université libre de Bruxelles était victime d’une attaque informatique jugée sérieuse, paralysant ainsi le site internet de l’université, son wifi et les espaces étudiants pendant plusieurs jours. En effet, suite à une intrusion dans les serveurs, ceux-ci ont été mis à l’arrêt pour empêcher la propagation de l’attaque ; ils n’ont pu être relancés totalement que près d’une semaine plus tard. L’appui des autorités fédérales aux experts en cyber sécurité de l’ULB a par ailleurs été nécessaire pour endiguer la cyberattaque.
Alors que les établissements d’enseignement supérieur ont ensuite dû basculer du jour au lendemain dans l’enseignement à distance, la sécurité et l’accessibilité des plateformes informatiques sont plus capitales que jamais.
Or, ce type d’attaque telle que vécue par l’ULB, a lourdement compromis la disponibilité et la continuité du réseau internet de l’université, rendant indisponibles des systèmes qui sont pourtant cruciaux pour les étudiants, tels que MonULB, GeHoL (interface de visualisation des horaires de cours et d’examens) ou UV (université virtuelle).
En outre, un grand nombre de données à caractère personnel sont enregistrées sur ces serveurs. Elles sont collectées par différents canaux comme les inscriptions, les demandes d’aides sociales, les divers examens ou dans le cadre d’inscriptions à des projets internationaux. Cette intrusion malveillante constitue donc une menace sérieuse pour la vie privée des étudiants. Or rappelons que la protection des personnes physiques à l’égard du traitement des données à caractère personnel est un droit fondamental (art. 8, §1er Charte des droits fondamentaux de l’UE ; art. 16, §1er, TFUE).
C’est pourquoi j’ai défendu l’importance de garantir des réseaux sûrs et fiables. Ce genre de cyberattaque doit à tout prix être évité à l’avenir, tant pour les risques relatifs aux données personnelles des étudiants, que pour les conséquences fonctionnelles et organisationnelles qui peuvent en découler. En effet, nous savons tous que le réseau internet et les plateformes informatiques des universités et Hautes-Écoles sont essentiels pour assurer les activités d’enseignements : des supports de cours disponibles sur internet aux horaires, en passant par le dépôt de travaux via l’intranet, l’accès à des sites payants via le proxy des universités et hautes écoles, ou encre l’accès aux bibliothèques et autres ressources.
Évaluation à distance des étudiants étrangers retournés chez eux
Avec la crise du coronavirus, de nombreux étudiants internationaux ont décidé, plus ou moins contraints, de retourner dans leur pays d’origine. Si ce n’est déjà fait, ils seront nombreux à y retourner, une fois les frontières progressivement rouvertes.
Les raisons de ce retour au pays sont multiples : perte d’un job étudiant qui occasionne des problèmes financiers, proches en difficulté, volonté de quitter les petites surfaces locatives et cités universitaires soudainement désertées, détresse psychologique, cadre d’étude inadapté dans le contexte du confinement, etc.
On aurait pu croire que le fait de favoriser les examens à distance faciliterait ce retour au pays et le suivi des cours et examens, mais des témoignages nous reviennent pour indiquer que tel n’est pas toujours le cas.
Ainsi, faisant usage du grand pouvoir discrétionnaire laissé aux facultés et aux professeurs, des examens oraux en présentiel ont visiblement été maintenus de façon obligatoire par certaines facultés. Des étudiants qui ne se trouvent plus en Belgique ou qui ne s’y trouveront plus au moment de l’examen ont fait la demande pour réaliser leur évaluation à distance, mais il leur est demandé de fournir des preuves officielles de leur départ à l’étranger. Lorsqu’ils n’en disposent pas, la faculté refuse d’accéder à leur demande.
La difficulté est toutefois forte pour ces étudiants de produire de quelconques papiers officiels attestant de leur retour chez eux, si ce n’est leurs documents d’identité qui ne suffisent visiblement pas.
Vu le contexte, on pourrait espérer un peu plus de souplesse et de compréhension par rapport à la situation de ces étudiants, mais surtout de clarté.
Autant obliger les étudiants à passer les examens à distance est problématique, pour toutes les raisons déjà largement évoquées par le passé, autant les obliger à venir tous sur le campus pour passer des examens oraux qui pourraient être réalisés à distance est également questionnant.
Nous nous trouvons toujours au coeur d’une crise sanitaire, et le recours aux examens in situ n’est pas toujours compris. Cette fin académique stresse déjà l’immense majorité d’entre eux et un.e étudiant.e sur cinq se dit être en décrochage, cela constitue un stress supplémentaire de devoir fournir des preuves officielles pour les étudiant.e.s qui préfèrent être évalué.e.s en ligne car ils sont à risque, qu’ils ont un proche vulnérable ou qui ont même peut-être connu un décès dans leur entourage.
C’est pourquoi et selon moi, plus de souplesse pour des situations comme celles-là serait appréciée.