Un rapport exigé sur le survol des centrales de Tihange : il est urgent que les normes de sûreté évoluent

Les autorités wallonnes exigent un rapport complet à Liège Airport sur l’augmentation des survols des centrales nucléaires et le respect des normes. C’est une réelle satisfaction tant il est urgent que ces normes de sûreté nucléaire évoluent.

La Centrale nucléaire de Tihange se trouve en ligne droite dans le couloir aérien de l’aéroport de Bierset, puisqu’elle est située directement dans l’axe de la piste d’atterrissage. Il est de plus en plus fréquent que des riverains fassent état du survol des installations nucléaires par des avions, essentiellement des B747 lors des phases de décollage et d’atterrissage.

Lors de la construction de la centrale et jusque dans les années 90, l’aéroport de Bierset n’avait pas du tout la même ampleur qu’aujourd’hui : c’était un aéroport militaire, puis un aéroport pour hélicoptères et petits avions d’affaires. Mais en 2020, la réalité est toute autre. L’aéroport de Liège Airport représente le premier aéroport cargo en Belgique et le 8ème aéroport de fret en Europe (2500 tonnes de fret par jour).

L’activité s’est encore intensifiée avec la crise du Covid-19 et est appelée à augmenter avec le développement de l’aéroport. L’aéroport accueille des géants du transport de fret comme FedEx, et bientôt Alibaba. Des avions très gros porteurs qui atterrissent à Bierset et survolent donc Tihange très fréquemment !

Or, l’enveloppe extérieure de Tihange 1 a seulement été conçue pour amortir l’impact d’un avion de tourisme : le Cessna. Quant aux réacteurs plus récents de Tihange 2 et 3, les simulations de résistance ont été faites sur base d’un Boeing 767 lancé à 150 m/s. Mais à Bierset, ce sont actuellement des Boeing 747-8 qui atterrissent, volant jusqu’à 250 m/s et pesant jusqu’à 442 tonnes au décollage, et transportant beaucoup plus de kérosène qu’un avion de tourisme ou de ligne standard. Alors qu’il en atterrit très régulièrement à Bierset, cet avion n’a jamais été pris en compte dans les calculs de sécurité des réacteurs et d’ailleurs du nouvel entrepôt de stockage ! C’est aussi le cas du vieil avion russe Antonov, par exemple, qui pèse jusqu’à 392 tonnes.

Or, l’arrêté royal relatif aux règles de sûreté des établissements nucléaires vient d’être modifié et exige désormais que la chute d’un avion commercial ou militaire représentatif soit pris en compte pour la résistance des réacteurs existants.

Cependant, force est de constater que tel n’est pas le cas. Ni les réacteurs nucléaires ni le centre de stockage des déchets radioactifs ne répondent à ces nouvelles normes de sûreté plus strictes.

Dans sa réponse à mon interpellation, le Ministre wallon en charge des Aéroports, Jean-Luc Crucke, a indiqué différents éléments à la fois intéressants et encourageants à ce sujet :

  • Il confirme une augmentation du trafic de 10% pendant la crise ;
  • Il confirme que les avions qui décollent le plus fréquemment sont bien des B747-8 et des gros porteurs ;
  • Il exige la réalisation d’un rapport complet à Liège Airport sur l’augmentation des survols des centrales nucléaires et le respect des normes.

C’est une réelle satisfaction que les autorités wallonnes demandent un rapport à ce sujet. Il faut savoir que l’énergie cinétique dégagée par un B747-8 est 1.690 fois plus importante que l’avion de tourisme pris en compte à Tihange 1. Il est urgent que ces normes de sûreté nucléaire évoluent et je me réjouis du rôle volontariste joué par la Wallonie !