Lutter contre la banalisation de la parole sexiste sur et en dehors des campus

La Journée internationale de lutte contre la violence faite aux femmes aura été marquée par la dénonciation d’un groupe Facebook appelé « Louvain-le-mec », regroupant plus de 11.000 membres masculins qui, sous couvert « d’humour » que certains qualifient de « potache », véhicule des propos sexistes, et même parfois racistes et homophobes.

On assiste une fois de plus à une forme de banalisation de la parole sexiste dans notre société, et sur les campus en particulier. Quand on qualifie une femme de lave-vaisselle, en estimant que c’est de l’humour, c’est problématique… C’est d’autant plus interpellant que ce groupe a été créé en réaction à un autre groupe, « Louvain-la-meuf », créé pour permettre aux étudiantes de partager leurs expériences, notamment liées à du harcèlement ou des agressions sur le campus de Louvain.

Si les administrateurs de ce groupe, identifiés comme étudiants de l’UCLouvain, ont été convoqués très rapidement par le rectorat et ont reçu un avertissement, cela ne règle évidemment pas tout.

Je voudrais ainsi insister sur ce que révèle ce genre d’agissements par rapport à la persistance d’une culture sexiste au sein d’une part conséquente des jeunes de notre Fédération. Ce constat doit d’autant plus nous alerter, nous responsables politiques, que nous arrivent, chaque jour, des témoignages de plus en plus accablants de harcèlement des jeunes étudiantes.

Notre rôle ici n’est, selon moi, pas de « surveiller et punir » les étudiants qui s’adonnent à ce genre de pratiques sur la toile ; les autorités universitaires ont des outils pour agir en ce sens et, pour certains faits, il peut être fait appel à d’autre législations. Notre rôle est bien de mesurer l’ampleur de ce phénomène, de le comprendre et de mettre en place, à grande échelle, des dispositifs permettant de changer les mentalités des jeunes (et moins jeunes) sur les enjeux liés au sexisme, au racisme et au harcèlement.

D’où une série de questions posées à la Ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Glatigny :

  • Comment réagissez-vous à ces informations ? Avez-vous eu des contacts avec les autorités et en particulier la conseillère Genre de l’UCLouvain à ce sujet ?
  • De façon générale, quelles actions sont prises pour lutter contre ces dérives au sein du milieu étudiant ? L’UCLouvain a élaboré un plan d’action volontariste en matière d’égalité de genre. Qu’en pensez-vous ? Pour Ecolo il est important que tous les établissements d’enseignement supérieur élaborent ce type d’outils ; où en est-on à cet égard ?

Dans sa réponse, la Ministre condamne non seulement le sexisme, mais également l’homophobie et la transphobie. Suite à un contact avec la conseillère Genre de l’UCLouvain, elle confirme que ces actes entraîneront des sanctions disciplinaires. De manière plus globale, l’UCLouvain est confortée dans la nécessité de renforcer sa campagne contre le harcèlement, y compris celui à caractère homophobe et/ou transphobe. Elle confirme enfin une vraie intention de généraliser ce type d’outils à l’ensemble des établissements de l’enseignement supérieur.

Je ne peux que saluer cette bonne réaction des autorités de l’UCL, et rappeler l’importance du travail des cellules Genre. C’est essentiel de s’attaquer aux racines du problème, qui va au-delà de l’enseignement supérieur. Ce dernier a toutefois un rôle clé à jouer dans la lutte contre la banalisation de la parole sexiste.