Lutter contre le harcèlement et réduire le coût des stages dans l’enseignement supérieur

Les stages font partie intégrante du parcours des étudiants et sont nécessaires à la mise en pratique des apprentissages. Mais la réalisation de ces stages ne se fait pas toujours sans barrières.

Dans une enquête réalisée en 2019, 41 % des répondants pointaient du doigt le temps nécessaire pour trouver un stage et le fait que certains établissements ne mettaient aucun outil utile en place pour venir en aide aux étudiants dans cette recherche.

Une autre barrière que nous ne pouvons ignorer est le coût pouvant découler de la réalisation de ces stages. En effet, il n’est pas exceptionnel que des étudiants en difficultés pour trouver un stage proche de leur domicile se tournent vers des lieux de stages plus éloignés et donc plus coûteux en terme de transport ou même de logement. Certains lieux de stage prennent en charge le coût des transports mais ce n’est pas une pratique systématique.

Cette question des coûts inhérents aux stages est essentielle dans la perceptive de l’accès à l’enseignement supérieur et de la lutte contre la précarité.

Enfin, le harcèlement peut représenter un autre frein important à la bonne réalisation du stage et parfois même à la poursuite des études de manière sereine. Dans la même étude de 2019, 33 % des répondants déclaraient avoir été victimes de harcèlement sur leurs lieux de stage, certaines filières étant plus touchées que d’autres.

Dans l’enseignement d’alternance, l’application Stage+ a été mise en place pour faciliter la rencontre entre élèves et lieux de stages potentiels, une application encore jeune mais qui présente un intérêt certain pour faciliter les recherches.

D’où ces questions à la Ministre de l’Enseignement supérieur, Françoise Bertieaux :

  • A-t-elle échangé avec sa collègue Madame Desir pour identifier s’il serait intéressant d’adapter ce projet à l’enseignement supérieur ? A défaut, existe-t-il un projet similaire qui pourrait se mettre en place prochainement ?
  • Plus largement, a-t-elle connaissance des difficultés rencontrées par les étudiants dans leur recherche de stage ? Quelles sont les filières les plus touchées par ces difficultés et pourquoi ?
  • Où en est le travail relatif à l’extension de la convention de stage type à l’ensemble des filières d’études ?

Réponse de la Ministre :

“Les stages sont importants non seulement parce qu’ils permettent une mise en pratique des apprentissages, mais aussi parce qu’ils constituent des apprentissages à part entière. Ces stages doivent être intégrés de manière adéquate dans chaque cursus, en interaction étroite entre l’établissement, le lieu de stage et l’étudiant. Cela suppose que les termes de cette interaction, sa temporalité et ses dispositifs pédagogiques soient clarifiés dans une convention tripartite précise. Il ne faut pas confondre la pratique des stages avec l’enseignement supérieur en alternance, dont le cadre législatif est très spécifique. Un modèle-cadre de convention a été effectivement défini par arrêté pour l’alternance, mais son extension à l’ensemble des cursus n’apporterait pas grand-chose aux enjeux que vous soulevez, Monsieur le Député. Je rappelle également qu’il existe des cursus pour lesquels une convention commune doit être signée pour des raisons spécifiques, par exemple pour les bacheliers de sage-femme et d’infirmier responsable des soins généraux. En outre, dans le cadre de la réforme de la formation initiale, un arrêté proposera bientôt un balisage pour les stages longs dans l’enseignement obligatoire en quatrième et dernière année d’études. L’application Stage+ inaugurée cet été sera certainement très utile pour les élèves de l’enseignement obligatoire. Dans le cadre d’un bachelier ou d’un master, elle ne pourra cependant pas remplacer le développement de réseaux et de contacts avec les secteurs professionnels. Ce réseautage fait partie de la formation elle-même. Je ne crois pas qu’il faille appliquer à l’enseignement supérieur, qui s’adresse à des adultes, les mêmes solutions qui conviennent à l’enseignement secondaire. Quant aux difficultés financières, de harcèlement ou d’indisponibilité des lieux de stage, il importe que les étudiants trouvent dans leur établissement les ressources qui leur permettront d’y répondre. Leur participation aux instances d’organisation et de décision est un levier essentiel pour que d’éventuels manquements soient corrigés, ce qui est bien souvent le cas d’après les témoignages que je reçois.”

La convention à laquelle je faisais référence n’est pas celle qui existe dans l’enseignement en alternance, mais bien celle qui existe dans le secteur paramédical, où elle a démontré son efficacité. L’ARES a elle-même suggéré d’étendre cette convention à l’ensemble des filières, tout en tenant évidemment compte des spécificités de chacune.

Nous devrions travailler dans cette direction et établir des balises et un cadre clair afin de lutter contre les phénomènes de harcèlement et de réduire le coût des stages pour les étudiants. J’invite la Ministre à poursuivre le travail fondamental qui a été entamé sur cette question.

Concernant l’alternance, ma question était plutôt liée à cette fameuse application Stage+, qui permet de trouver des lieux de stage. Cette initiative est intéressante.

Elle n’est sans doute pas directement applicable à l’enseignement supérieur, mais nous pourrions nous en inspirer pour développer un dispositif semblable.