Récemment, la presse a relayé les résultats d’une recherche scientifique publiée dans la revue Plos One. Cette recherche, menée conjointement par des chercheurs de l’Université de Liège et une équipe de médecins, avait pour ambition d’étudier la prévention des conflits d’intérêts et l’influence des firmes pharmaceutiques dans les facultés de médecine des universités belges.
Les résultats de cette étude indiquent que, non seulement, seules quatre des dix facultés de médecine du pays disposent de politiques de prévention contre les conflits d’intérêts, mais en plus, celles-ci sont jugées « peu-restrictives » et « insuffisantes » par les chercheurs. De plus, l’étude constate un manque de transparence de la part des universités concernant les interactions entre les étudiants en médecine et les sociétés pharmaceutiques.
Malgré les recommandations de nombreuses organisations internationales, dont l’OMS, sur cet enjeu, il semble que les universités belges manifestent une trop faible attention quant à la prévention des conflits d’intérêts à l’égard des laboratoires pharmaceutiques. En 2019 déjà, l’Association belge des étudiants en médecine (BeMSA) soulignait, elle aussi, la nécessité d’une intervention des universités pour prévenir les conflits d’intérêts.
Les résultats de cette recherche suscitent une certaine inquiétude quant à l’indépendance de la médecine par rapport aux intérêts financiers. Une telle influence des laboratoires sans politique de prévention peut entrainer un biais dans la perception de l’industrie pharmaceutique des jeunes médecins. Par conséquent, il est essentiel de prendre en considération l’existence de ces influences et d’agir contre le risque de conflit d’intérêt en proposant des mesures préventives et des activités d’apprentissages pour les étudiants portants sur les conflits d’intérêts.
D’où ces questions adressées à la Ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Glatigny :
- Avez-vous pris connaissance des résultats de cette recherche ? Quelle est votre position face aux résultats de celle-ci ?
- Avez-vous pris contact avec les universités et les facultés de médecine pour faire toute la clarté sur ce sujet ?
- Êtes-vous au courant d’une quelconque forme d’influence des firmes pharmaceutiques dans les facultés de médecine belges ?
- Quelles mesures sont prises pour restreindre l’influence des firmes pharmaceutiques et/ou pour prévenir des éventuels conflits d’intérêts ?
- Quelles initiatives sont prises pour rendre les universités plus transparentes sur cette question ? Ont-elles l’intention d’intégrer des formations à la problématique des conflits d’intérêts pour les étudiants ?
Dans sa réponse, la Ministre remet tout d’abord en contexte la méthodologie de l’étude et les précautions nécessaires quant aux résultats de celle-ci. Elle insiste toutefois sur la nécessité de réaliser la transparence sur ce dossier. Elle s’engage aussi, et c’est une bonne chose, à sensibiliser les facultés de médecine.
De mon côté, je pense qu’il est en tout cas nécessaire de prendre toutes les mesures afin de prémunir les futurs médecins de cette influence des firmes pharmaceutiques. Il en va tant de la qualité que de l’indépendance des soins, qui commencent dès les études.
Visiblement, dans les faits, cette influence reste bien présente, d’où l’importance d’une politique de prévention des conflits d’intérêts organisée dès les études.
Nous devons travailler à cette sensibilisation, à la multiplication des bonnes pratiques et prendre le taureau par les cornes à ces fins.