#FolkloreComplice : changer les mentalités

Ces dernières semaines, on ne peut pas passer à côté des postes des étudiants sur les réseaux sociaux tagués #BalanceTonBro, #BalanceTonCommitard, #BalanceTonCobleu, #BalanceTonFolklore, #FolkloreComplice. Ces hashtags font référence à la colère et au courage des étudiants qui dénoncent les nombreuses agressions sexuelles et le harcèlement commis par les membres et représentants du folklore estudiantin. Plus précisément, le lundi 8 mars, journée internationale des droits des femmes, le monde du folklore étudiant a été dénoncé (ce n’est évidemment pas la première fois) via des collages sur les murs de l’ULB, affichant certains ordres exclusivement masculins.

Nous (car je suis certain que je parle aussi au nom de mes collègues rassemblés ici) déplorons, une fois encore, que des notions aussi fondamentales que le consentement et le respect d’autrui ne soient toujours pas acquises dans l’enseignement supérieur.

En tant que féministe, je partage la colère des étudiantes (il s’agit principalement de jeunes femmes), je soutiens leur indignation et je demande que l’on cesse de tolérer les comportements des hommes qui se protègent les uns les autres et qui contribuent ainsi à la culture du viol. C’en est assez de discréditer la parole de celles et de ceux qui osent s’exprimer et dénoncer. Et que dire de cette pseudo-justice interne au monde folklorique estudiantin ? « Détoger », « décalotter » quelqu’un, ou encore punir un agresseur en lui rasant la tête, ce n’est pas la justice. Ces pratiques étouffent la gravité des faits.

J’ai interpellé à plusieurs reprises la Ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Glatigny, au sujet des comportements sexistes, du harcèlement sexuel et des agressions sexuelles au sein de l’enseignement supérieur. On ne peut plus continuer à fermer les yeux face aux pratiques misogynes légitimées, entre autres, par le folklore et la tradition. Les autorités, académiques et judiciaires, doivent sanctionner. Et nous devons faire notre travail en proposant des mesures concrètes.

D’où ces questions adressées à la Ministre :

  • Quel regard portez-vous sur ce mouvement qui prend de l’ampleur et dénonce les agressions sexuelles au sein du folklore étudiant ? Existe-il, pour vous, un problème structurel en la matière ?
  • Avez-vous été interpellée à ce propos et avez-vous déjà réagi par rapport à ce mouvement en particulier, mais également sur le fond du problème ? Quelles actions sont prises pour éviter ces comportements problématiques et répréhensibles ?
  • Avez-vous déjà un premier bilan de la mise en œuvre sur le terrain, de l’efficacité et du respect de la Charte des droits et devoirs pour les baptêmes étudiants?

Dans sa réponse, la Ministre souligne une série de mesures prises par différents établissements (UCL, UMons, Saint-Louis…), tout en indiquant “les limites du périmètre d’action des établissements. Ils n’ont pas les moyens d’investigation de la police et ne peuvent se substituer aux recours légaux. (…) Par ailleurs, aucune action ne peut être entreprise sur la base de dénonciations anonymes ou sur les réseaux sociaux. Les victimes doivent contacter les instances compétentes et être encouragées à porter plainte auprès de la police. (…) Nous n’avons actuellement pas d’informations sur la mise en oeuvre de la Charte des droits et devoirs pour les baptêmes étudiants.”

En tant que personnalités politiques, j’estime que nous avons la responsabilité de structurer les initatives prises par les établissements, de les rendre aussi efficaces que possible sur le terrain.

Au-delà de cela, le folklore estudiantin constitue un problème spécifique. Il s’agit de changer de paradigme, de transformer les mentalités. C’est un travail long et difficile car certaines habitudes et traditions de sexisme ordinaire et de non-mixité sont bien ancrées dans les pratiques et les hiérarchies au sein des cercles et des régionales.

Le fonctionnement du folklore doit changer considérablement afin que celui-ci perdure dans le respect de tous. Pour ce faire, nous devons utiliser un maximum de moyens : la Charte des droits et devoirs pour les baptêmes étudiants en est un.

Nous devons nous montrer particulièrement attentifs à cette question et donner des réponses concrètes aux appels lancés par les étudiants victimes de ces faits, qui sont pour la plupart des étudiantes.