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Ce n’est pas la première fois que j’interpelle la Ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Glatigny, au sujet des fausses universités, ces établissements non reconnus par la Fédération Wallonie-Bruxelles et qui abusent de la confiance de nombreux étudiants croyant suivre un cursus diplômant reconnu et réalisant qu’il n’en est rien en fin de parcours, parfois après avoir dépensé des dizaines de milliers d’euros.
Cette fois, c’est une formation en médecine dentaire proposée par un établissement situé à Mouscron depuis déjà deux ans qui pose de sérieuses questions !
Tenez-vous bien : on parle d’années d’études qui coûtent plus de 12.000 € chacune ! Soit, 61000€ pour les 5 ans d’études ! Tout ça pour un diplôme non reconnu par les autorités belges, mais surtout pour une formation dont la qualité est décriée par les professionnels.
Certains étudiants disent avoir eu l’impression d’acheter leur diplôme. D’autres disent que la qualité n’était pas au rendez-vous. L’ancien président de la Société de médecine dentaire belge dénonce notamment le fait que cette formation n’aurait aucune crédibilité.
On parle donc d’un double scandale, à la fois pour les étudiants et pour la santé publique !
Or, on sait que c’est un créneau que l’on peut cyniquement qualifier de « porteur » : cibler les jeunes qui n’ont pas réussi à accéder aux études médicales en France. Il faut donc tout faire pour s’assurer que la législation en vigueur sur le territoire de la Fédération Wallonie-Bruxelles soit complètement respectée.
L’expatriation des « déçus » des études médicales en France n’a rien de nouveau bien sûr, mais j’insiste sur cet aspect en particulier car, pour les écologistes, de telles logiques de marchandisation des études – et singulièrement si la qualité n’était pas certaine ou que les pratiques commerciales dépassent les cadres fixés – sont véritablement scandaleuses. Ce phénomène nous interpelle et touche à la fois des étudiants belges, des étudiants français mais potentiellement au-delà également.
D’où ces questions adressées à la Ministre :
- Pourriez-vous faire le point sur les différents dossiers ou enquêtes en cours concernant les pratiques des établissements d’enseignement non-reconnus actifs sur le territoire de la Fédération Wallonie-Bruxelles?
- Où en sont les procédures et combien d’établissements sont aujourd’hui concernés ? Cette situation représente-elle une évolution par rapport à notre échange du 5 janvier ?
- Madame la Ministre, avez-vous eu connaissance de la situation relevée dans le journal Le Monde ? Le cas échéant, quelles suites avez-vous donné à ce sujet ? Une analyse du respect des cadres fixés en Fédération Wallonie-Bruxelles est-elle réalisée ?
- L’évaluation du décret programmée à la clôture du processus de perception des amendes et à la suite de l’arrêt du Conseil d’État a-t-elle pu à présent démarrer ?
- Avez-vous décidé de planifier une campagne d’information destinée aux jeunes choisissant leur cursus, par le biais des réseaux sociaux, en vue de la prochaine rentrée académique ? Ne serait-il pas utile d’inclure votre homologue français dans ces démarches ?
Dans sa réponse, la Ministre indique que « l’administration connaissait l’existence de l’opérateur de formations Europe-Eduss et a enclenché la procédure prévue pour les établissements privés. Au regard de cette réglementation, l’établissement a respecté l’obligation d’informer les étudiants, principalement français, du fait que les études entamées sur son campus belge ne sont pas reconnues par la FWB. »
Cette analyse m’étonne fortement dès lors que, ni dans la brochure de l’établissement ni sur le site, il n’est mentionné que le diplôme délivré n’est pas reconnu par la FWB. C’est pourtant une obligation ! C’est problématique et cela démontre l’importance de procéder au plus vite à l’évaluation du décret en vue de l’améliorer et de supprimer les failles juridiques. La dimension internationale offre des échappatoires et des possibilités d’abuser de la confiance des étudiants, avec des minervals dépassant les 60.000€.
Par ailleurs, la Ministre affirme que des actions d’information et de sensibilisation, dans la presse et sur les réseaux sociaux, sont programmées chaque année lors de périodes clés, notamment celles d’inscription. Elle rencontrera prochainement des organisations de jeunesse spécialisées dans l’information aux établissements, comme Infor Jeunes, pour envisager une nouvelle action spécifique en la matière. »
Pour la première fois, elle ouvre par ailleurs la porte à l’étude de la mise en place d’une liste publique des écoles non reconnues, comme je le propose depuis longtemps.
Je me réjouis non seulement d’apprendre que des initiatives en matière d’information seront prises, mais également (et surtout) qu’une liste noire des établissements non reconnus sera examinée. Cette distinction entre établissements reconnus et non reconnus offrira une clarification plus que bienvenue.