Réforme du “Décret Paysage” : place à la concertation !

Le Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles a récemment adopté en deuxième lecture l’avant-projet de décret qui modifie le décret du 7 novembre 2013 définissant le paysage de l’enseignement supérieur et l’organisation académique des études (« Décret Paysage »).

La presse rapporte ce qui me semble constituer des avancées intéressantes depuis la première lecture, notamment le maintien de la « perméabilité » entre le bachelier et le master avec une meilleure visibilité de la finançabilité des étudiants qui anticipent les crédits de master.

Je salue également le dispositif prévu par le Gouvernement permettant aux étudiants de recouvrer leur finançabilité perdue (un étudiant en situation de non-finançabilité pourrait être considéré comme à nouveau finançable s’il réussit tous les crédits de son programme annuel composé d’un minimum de 45 crédits). Et puis, les règles encadrant le début de parcours sont assouplies par rapport à la première version qui risquait de conduire à des situations particulièrement difficiles. Cela va donc dans le bon sens.

Je souhaiterais toutefois insister sur ce dernier point de votre avant-projet de décret. La dernière version du texte stipule que pour pouvoir continuer son parcours académique, un étudiant devra valider en deux ans les 60 premiers crédits de son programme de bloc 1, avec la nuance importante nouvellement apportée que, sous réserve de l’acceptation du jury, un étudiant restera finançable s’il réussit les 50 premiers crédits de son parcours, toujours en deux ans. L’abaissement à 50 crédits me semble une excellente chose.

D’où ces questions adressées à la Ministre Glatigny :

  • Quels sont les arguments qui vous ont poussée à responsabiliser ainsi les jurys dans l’évaluation de la finançabilité d’un potentiellement très grand nombre d’étudiants ?
  • Les jurys eux-mêmes, qui héritent ici d’un poids supplémentaire ont-ils déjà émis un avis sur cette proposition ?

Autre élément sur lequel je souhaitais entendre la Ministre, c’est la durée du parcours en bachelier. L’étudiant disposera de cinq années, et non plus de six, pour obtenir son diplôme de bachelier. Le texte prévoit que les étudiants qui se sont réorientés bénéficieront, eux, d’une année supplémentaire pour réussir leur bac.

D’où cette question :

  • Pouvez-vous nous indiquer la réflexion qui vous amène à vous éloigner de la balise précédente des six ans pour l’ensemble des étudiants ?

Par ailleurs, je salue l’initiative de la Ministre de renforcer de 6 millions d’euros les 83 millions annuels alloués par la Fédération Wallonie-Bruxelles et consacrés à l’aide à la réussite. Pour les écologistes, une solution à l’échec peut être trouvée dans ce nouveau plan stratégique demandé aux établissements.

  • Mais au-delà des activités de remédiation, comment encouragez-vous les établissements à aller dans le sens d’un taux d’encadrement augmenté, renforcé, d’une pédagogie repensée pour les cours en début de bachelier, d’une approche concertée avec l’enseignement obligatoire pour une meilleure compréhension des codes du supérieur ?
  • Enfin, Madame la Ministre, où en êtes-vous dans le processus de concertation pour la suite du parcours de votre avant-projet de décret ? Quel calendrier souhaitez-vous tenir ? Enfin, des aménagements sont-ils prévus pour les équipes administratives des établissements qui devront mettre en place ce nouveau système sans doute assez rapidement ?

Dans sa réponse, la Ministre indique notamment que “le texte adopté en deuxième lecture garantit un bon équilibre entre, d’une part, des balises claires pour inciter les étudiants à aller dérocher leur bachelier et, d’autre part, faire preuve de suffisamment de souplesse. La réforme du décret «Paysage» se fera au bénéfice des étudiants. C’est la raison pour laquelle l’ensemble du gouvernement a souscrit à ce texte. Je souligne que la réforme, qui était souhaitée par les établissements, a été saluée par certains acteurs clés de l’enseignement supérieur, dont le Conseil des recteurs des universités francophones (CRef).”

Il est clair que ce même constat est partagé par tout le monde : le système actuel pose toute une série de problèmes. L’allongement des études, par exemple, est un problème majeur pour les étudiants et les équipes administratives.

La question réside plutôt dans la manière dont ce problème est réglé. Il s’agit là de l’un des objectifs de la réforme. Il faut évidemment mettre le curseur au bon endroit.

De nouveau, les améliorations apportées entre la première lecture et la deuxième lecture sont pertinentes. L’abaissement à 50 crédits est une mesure positive, qui évite des situations particulièrement problématiques.

Il me tient à cœur d’insister sur un point, celui de la concertation qui doit encore avoir lieu d’ici la troisième lecture. Cela me semble fondamental. Il est important que nous puissions tous nous exprimer et prendre connaissance de l’ensemble du texte.

Un des points qui doit encore être approfondi réside dans la définition du rôle du jury. Il est clair que le charger d’une question de finançabilité n’est pas la même chose que de le charger d’une question de réussite académique. Je ne suis pas certain que les établissements eux-mêmes désirent endosser cette responsabilité.

Je souhaite que nous puissions les interroger à ce sujet et obtenir leur avis. Outre les questions d’égalité de traitement que nous avons soulevées, c’est l’un des éléments sur lesquels la réflexion doit être poursuivie.

Pour terminer, je rappelle les éléments positifs que je soulignais tout à l’heure sur l’aide à la réussite et qui doivent toutefois encore être précisés.