Les loyers des kots étudiants explosent ! Ils deviennent de plus en plus inabordables pour de nombreux étudiants, dont les conditions de vie se dégradent, notamment à cause du budget de leur logement. Les finances des étudiants n’arrivent aujourd’hui plus à suivre la hausse des prix des logements qui leurs sont pourtant destinés.
Cette situation s’explique entre autre par la forte augmentation de la population étudiante en Fédération Wallonie-Bruxelles depuis une vingtaine d’années. Cette constante augmentation s’accompagne donc très logiquement d’une hausse des demandes de logement. Quel que soit le lieu d’étude, de plus en plus d’étudiants se voient obligés de s’éloigner de leur université pour pouvoir vivre dignement, à des prix raisonnables, ce qui occasionne une perte de temps pour les déplacements, des coûts supplémentaires et une énergie qu’ils pourraient mettre directement dans leurs études.
Mais d’autres facteurs exercent également une pression sur ce marché du logement étudiant déjà saturé. C’est notamment l’importante augmentation que l’on constate, depuis 2016, des kots étudiants dits « de luxe ». La présence de ces kots de luxe engendre en effet un impact particulièrement problématique sur le reste du marché et pousse l’ensemble des prix à la hausse, en ce compris pour ce qui s’apparente à des taudis.
D’où ces questions à la Ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Glatigny :
- Avez-vous étudié cette question ? Quelle est la part des logements de luxe par rapport à l’offre régulière de logements universitaires au sein du parc immobilier étudiant en FWB ? Une régulation ou des mesures particulières sont-elles prévues en la matière ?
- Quels sont les projets visant à compléter l’offre en matière de logement étudiant dans nos établissements en Fédération Wallonie-Bruxelles afin de répondre à la demande de plus en plus grande, comme le prévoit la DPC ? Elle prévoit en effet que le Gouvernement « encourage l’accès au logement étudiant via notamment la construction de logements publics étudiants à loyers accessibles ». Cela a également été rappelé dans notre résolution interparlementaire de lutte contre la précarité étudiante. Où cela en est-il ?
- Quel rôle les pôles académiques jouent-ils à cet égard ?
- Pouvez-vous repréciser dans quelle mesure des moyens du Plan de Relance sont consacrés aux logements universitaires ?
Réponse de la Ministre :
“En tant que ministre de l’Enseignement supérieur, je ne peux intervenir directe-ment sur la question des kots étudiants. En effet, le logement est une responsabilité qui incombe aux autorités régionales. Pour ce qui concerne les différents leviers dont dispose la Fédération Wallonie-Bruxelles à cet égard, je vous renvoie à mes réponses relatives au prix du logement étudiant données, lors de notre précédente commission, à M. Antoine et Mme Vandevoorde.
La DPC prévoit que le gouvernement encourage l’accès au logement étudiant. Il me semble qu’elle vise les internats de Wallonie-Bruxelles Enseignement (WBE), puisque les autres logements publics dépendent des Régions. Les kots gérés par les universités ne sont pas financés par la Fédération Wallonie-Bruxelles. À ce titre, j’ai attiré l’attention des ministres chargés du Logement dans les Régions. Je soulignerai également l’initiative de la Région wallonne pour des prêts à taux zéro pour financer la garantie des logements étudiants.
L’intervention des pôles académiques en matière d’infrastructures consiste à encourager un usage partagé des infrastructures, des équipements et des biens mobiliers ou immobiliers destinés prioritairement aux missions d’enseignement, de recherche et de service à la collectivité. Dès lors, ils n’interviennent pas directe-ment dans la problématique de l’offre de logements étudiants, mais ils donnent des informations sur les aides existantes pour remédier à la précarité étudiante. Dans ce cadre, le site internet du pôle académique de Bruxelles présente une page consacrée au logement étudiant. Elle renvoie vers l’ASBL Plateforme logement étudiant (PLE), qui centralise l’ensemble des offres de logements étudiants issus du marché privé dans la capitale, et vers l’agence immobilière sociale (AIS) étudiante qui dépend de la Région bruxelloise.
Le Plan de relance européen est dédié spécifiquement aux rénovations énergétiques des infrastructures universitaires liées à l’enseignement et à la recherche.
Enfin, vous mentionnez le reportage de la RTBF consacré au prix du logement étudiant. Cela me permet de mettre en exergue une alternative intéressante qui consiste à louer une chambre chez un senior dans une perspective d’échanges intergénérationnels. Cette initiative rencontre d’ailleurs de plus en plus de succès. Je rappelle enfin que les subsides sociaux mis à la disposition des étudiants par les établissements de la Fédération peuvent aider ces derniers à payer un loyer de kot.”
Il est vrai que le logement étudiant est une responsabilité partagée entre les différents niveaux de pouvoir, en premier lieu entre la Région wallonne et la Région de Bruxelles-Capitale où des avancées sont en route. En effet, on annonce la création de 500 nouveaux logements publics et d’une grille indicative des loyers. Toutefois, au vu de l’enjeu et de l’ampleur du problème, cela ne sera malheureusement pas suffisant.
Dès lors, la Fédération a aussi un rôle à jouer en la matière par le biais du loge-ment universitaire. La Ministre a rappelé la DPC. Nous avons aussi rappelé la résolution interparlementaire visant à lutter contre la précarité étudiante et à améliorer les conditions de vie des étudiants. Il y a là un levier à mobiliser par le biais des établissements. J’encourage vraiment la Ministre à l’utiliser, notamment pour lutter contre la concurrence exercée par les kots de luxe qui créent un déséquilibre sur un marché déjà saturé. J’encourage la Ministre à ne pas totalement se détourner de la question de la création de nouveaux logements. Nous devons remplir cette mission aussi au niveau de la Communauté française.