La réforme du calendrier académique est une perspective qui me réjouit car je pense très sincèrement que, si elle aboutit, qu’elle fait consensus et qu’elle est pensée et adoptée par les premiers concernés (en ce compris les étudiants), elle peut être la promesse de magnifiques avancées sur plusieurs niveaux : le bien-être au travail, le bien-être aux études, de meilleures méthodes d’apprentissages et d’évaluation, une plus grande réussite, et encore un meilleur vivier de recherche en FWB.
La Ministre parle de « révolution copernicienne » et je pense qu’elle a raison. N’ayons pas peur du changement ni du progrès, elle connaît ma position.
Je vois s’exprimer dans la presse et sur les réseaux sociaux des voix plus réservées : cela veut dire que les acteurs de terrain s’emparent de la question et que celle-ci vit dans nos établissements et sur nos campus, et c’est positif.
D’où ces questions adressées à la Ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Glatigny :
- Madame la Ministre, depuis nos derniers échanges en commission à ce sujet, avez-vous eu des nouvelles de ce dossier traité au sein de l’ARES ?
- Quand devrait arriver la décision du CA de l’ARES ?
- Savez-vous quand aura lieu cette grande consultation que vous aviez annoncée ? Quand pensez-vous aboutir dans ce dossier ?
Pour vraiment rentrer dans le vif du sujet à présent : on comprend que les discussions quant à l’espacement entre la première et deuxième session de fin d’année sont sources de préoccupation pour les étudiants. Je pense que nous devons être particulièrement attentif à ceci et qu’il est donc primordial de s’assurer qu’une réforme du calendrier académique aille de pair avec une réforme pédagogique (repensant les méthodes d’apprentissage) et une réforme des modes d’évaluation. L’une ne peut pas aller sans les deux autres.
- Madame la Ministre, y veillez-vous et de quelle manière ?
- Pouvez-vous nous confirmer que ces trois aspects de la réforme sont bien à l’ordre des travaux du GT de l’ARES ?
- Comment s’assurer de l’engagement des établissements à cet égard ?
- Quels outils sont prévus pour soutenir les établissements et leurs personnels enseignants et académiques dans ces nouvelles méthodes ?
- Une formation des profs d’unif est-elle à l’ordre du jour à la manière du CAPAES ?
Réponse de la Ministre :
“Le dossier sur les rythmes académiques suit son cours au sein de l’ARES. Les réunions régulières permettent la concertation sur ce dossier complexe. Comme je l’ai mentionné à plusieurs reprises, le groupe de travail de l’ARES rassemble des représentants des universités, des hautes écoles, des écoles supérieures des arts (ESA), des organisations syndicales, des étudiants, ainsi que des secteurs du sport et de la jeunesse. Les débats y sont nourris, se déroulent dans le respect de chacun et à l’écoute des priorités objectives des différents secteurs, qu’il s’agisse du sport ou de la jeunesse, ou des différents types d’enseignement.
Vu l’ampleur de la tâche, ce groupe de travail a besoin de temps. Il n’est ainsi pas possible d’exposer l’avancée du travail après chacune de ses réunions; cela pourrait même s’avérer contre-productif. Néanmoins, je peux vous indiquer que le travail porte actuellement sur une réforme des rythmes académiques suivant la même optique que celle opérée dans l’enseignement obligatoire, et ce, pour parvenir à un meilleur équilibre entre le temps de travail et d’étude et les périodes de repos et de congé.
Si cette réforme des rythmes académiques offrira des opportunités appréciables pour l’évolution des méthodes d’évaluation, elle n’est pas directement associée à une réforme de l’évaluation dans l’enseignement supérieur – car ce domaine relève de la liberté académique – ou à une réforme de la formation pédagogique des professeurs d’université.
En outre, l’idée d’imposer des principes et des pratiques communes dans les unités d’enseignement est difficilement compatible avec le respect de la liberté académique. N’oublions pas que, selon les types d’enseignement, les réalités sont très différentes. S’enfermer dans des périodes d’évaluation figées n’est pas une solution idéale pour tous. La souplesse est indispensable à la qualité de nos enseignements.
Si la concrétisation d’un nouveau calendrier académique est un exercice difficile, le groupe de travail de l’ARES a conscience que le passage d’un calendrier à un autre est un réel défi qu’il faut anticiper avec soin. En fonction de l’avancement des travaux, l’année 2023-2024 constituera au mieux une année de transition vers une réforme complète.
Messieurs les Députés, vous avez mentionné l’aide à la réussite. Je rappelle au passage que la réforme du décret du 7 novembre 2013 définissant le paysage de l’enseignement supérieur et l’organisation académique des études (décret «Paysage») visait précisément à améliorer l’aide à la réussite. Un budget spécifique avait d’ailleurs été alloué aux établissements d’enseignement supérieur. La réforme du calendrier académique n’a pas pour but de fragiliser cet acquis. Les institutions organiseront cette aide selon les besoins de leurs étudiants.
En ce qui concerne les transports en commun, je n’ai pas été informée de désagréments subis par les étudiants à la suite de modifications d’horaires décidées par la SNCB. Néanmoins, l’impact des possibles changements du calendrier académique sur les autres acteurs concernés requerra certainement de faire preuve de souplesse de part et d’autre. Je veillerai à ce que les sociétés de transports en commun soient informées quant à la situation que vivent les étudiants.
Enfin, j’ai bien entendu les questions que peuvent susciter les premiers éléments annoncés concernant les rythmes académiques. C’est pourquoi, dès que l’ARES aura remis son avis, je souhaite lancer une large communication informative auprès des différents acteurs de terrain. L’objectif est de garantir l’information et la sensibilisation à ce sujet au spectre large, dépassant le seul domaine de l’enseignement supérieur.”
Il faut évidemment saisir cette opportunité historique, en essayant de faire les choses de la manière la plus concertée possible, notamment en y associant les étudiants. La Ministre a d’ailleurs rappelé que la FEF était associée au groupe de travail, tout comme le secteur extrascolaire. C’est un point sur lequel nous avions insisté et je me réjouis que ce soit le cas. La concertation doit toutefois se poursuivre, tout comme l’information, notamment pour rassurer et expliquer de nombreux éléments, mais aussi pour prendre en compte les remarques apportées aujourd’hui dans le débat. On ne peut pas faire comme si elles n’existaient pas. Il faut intégrer ces différents éléments à la réflexion. J’apprends qu’une grande campagne
de communication est annoncée et je m’en réjouis. Il faut tenir compte de toutes les remarques pour atteindre une réforme la plus cohérente et la plus complète possible.
Je reste convaincu que cette dernière ne fonctionnera que si nous faisons aussi évoluer les modèles et les méthodes pédagogiques. Si je respecte totalement la liberté académique, qui est fondamentale, notre rôle en tant que législateur est aussi d’encourager l’évolution de ces méthodes pédagogiques et de profiter de cette opportunité pour l’intégrer dans la réflexion. Sans cela, nous risquons de rater en partie l’occasion. J’espère sincèrement que les acteurs pourront nous aider, dès à présent, dans ce projet.